De plus en plus, Lee se demandait ce qu'il faisait là. Il se posait la question tout en ayant la réponse, bien sûr, mais de plus en plus, il se sentait mal à l'aise parmi tout ce monde. Il n'était là que pour s'assurer qu'Hakurei ratrappait bien son retard sur "les autres" - dont lui-même, Lee, faisait partie. Il savait que les ordres venaient d'en-haus et qu'ils étaient surveillés même si pour l'heure l'Aigle royal qui survolait parfois le campement avait disparu. Et de plus en plus il commençait à se dire qu'on ne l'avait pas envoyé seulement pour ça. IL était un prétexte. Ca ne faisait plus aucun doute. Un prétexte pour permettre à l'Aigle de les surveiller loin de tout soupçon. Des fois. Pas tout le temps. Mais assez souvent pour pouvoir obtenir toutes les informations qui intéresseraient vraiment le Maître. Le regard endormi de Lee se posa sur les autres. Chacun avait une bonne raison d'être là, que ce fût l'envie, le hasard ou la faute à pas de chance. Et tous semblaient favorables à aider Miyu, Musashi, Léolio, et tous les autres. A jouer les terroristes.
Ce n'était pas le cas de Lee. Non pas par esprit de rébellion, au contraire ; c'était un dilemme qui s'ouvrait à lui. Parce que, mine de rien, il appréciait tout ce monde, ou presque, songea t-il après un regard sur les deux kukan - et éprouvait envers Musashi un profond respect. Mais de l'autre côté il y avait Ken Arkadia, qui l'avait élevé, et l'Homme qui avait élevé Hakurei, et celui à l'Aigle, et la folle qui parlait toute seule, et celle qui voulait faire partie du plan, et à qui il ne pouvait pas désobéir. Il savait que lorsqu'il rentrerait on lui poserait des questions et qu'il devrait y répondre. Même pas seulement parce qu'il y était obligé mais parce qu'il en aurait envie. Il connaissait le destin qui l'attendait et s'était résigné. Et en fin de compte, ça ne lui déplaisait pas tant que ça. Parce que bientôt il serait libre. Alors en attendant, il servirait le mieux possible ceux qui s'occupaient de lui. Longtemps, Lee avait soupçonné son maître de faire partie de la Mayoi, et lui en avait voulu pour ça. Il avait vu le tatouage sur son bras, et l'avait pensé traître du village - comme l'était, actuellement, Léolio. Et voilà qu'en réalité il en était tout à fait de l'inverse. Son maître appartenait à autre chose - mais le coup d'état ne l'avait pas dérangé. En fait, Lee n'y comprenait pas grand chose à qui était avec qui, et quelle organisation était contre qui, et pourquoi de comment - et à vrai dire il s'en fichait éperduement, la seule chose qu'il retenait là dedans c'était que son maître était contre ceux avec qui il se trouvait à présent et qu'il y allait bientôt y avoir une attaque du village. Qu'il devait le prévenir et donner l'alerte - c'était ce qu'Arkadia attendait. Il le sentait.
Mais pouvait-il trahir ainsi les autres ? Car il n'avait pas un si mauvais fond. Il aurait des remords. Contrairement à hakurei, il n'obéissait pas aveuglément, il était doté d'une certaine capacité de réflexion - don qui le rendait vulnérable. Ce n'était pas bien, de réfléchir. Il ne fallait pas réfléchir, jamais. Mais le garçon ne pouvait s'en empêcher - et le fantôme qui l'habitait l'encourageait sur ce point.
Les rêves qu'il fit cette nuit là ne furent pas des plus agréables, et l'angoisse qu'ils installèrent chez le garçon fut renforcée par leur réalisme effroyable. Mais comme la plupart des rêves, ils eurent le don d'être de ceux qui s'effacent de votre mémoire au réveil, ne vous laissant plus qu'avec un sombre pressentiment. En fait, la dernière chose dont Lee se souvint, c'était qu'il s'était mis soudainement à pleuvoir.
Essuyant son front d'un revers de main, grommelant pour la forme, il se leva, chassant ses doutes en même temps que sa couverture. S'il voulait avoir à manger il faudrait se lever. Silencieux, il prit son petit déjeûner en écoutant les autres parler entre eux. il ne se mêlait pas aux conversations il n'avait rien à dire et puis, il avait des choses à penser. Même
elle évitait de le déranger. Il sentit que la journée allait encore être longue - fort heureusement un événement auquel il ne s'était pas attendu survint. Deux armées arrivèrent, presque en même temps, et Lee qui n'en avait jamais vu auparavant les observa avec une pointe d'admiration. Il avait toujours rêvé d'être un guerrier - et donc au final de ressembler à ceux qui venaient d'arriver. Il se surprit à sourire d'un air rêveur, sourire qu'il chassa d'un soupir blasé. Les rêves n'étaient pas faits pour se réaliser. Il n'aurait pas le temps de s'élever jusque là dans les sphères de l'académie shinobi. Il les observa s'établir, en silence, en oubliant même de surveiller Hakurei qui fort heureusement se tenait tranquille - lui aussi captivé, visiblement. Et puis, il y avait bien assez de monde alentour pour l'empêcher de faire des bêtises.
Il observait les armes, les tenues, les façons de se tenir. Il circula entre eux, pour observer leur façon de s'organiser - et pourquoi pas, relever quelques détails qui pourraient par la suite être utile. Alors c'était à ça que ça servait, ce machin pointu. Il fut tenté devant certaines armes d'utiliser sa technique pour les dérober mais se dit que ces hommes le sentiraient surement et que par conséquent, ça n'était pas une bonne idée. Il demanderait à hakurei d'essayer, pour voir. Ca pourrait être drôle. Se demandant soudain quelle heure il pouvait bien être et ayant le sentiment d'être peut-être un peu à la ramasse quant à ce qu'il fallait faire aujourd'hui, il jeta un coup d'oeil autour de lui pour voir ce que faisaient ses camarades. Les boss avaient disparu et seuls quelques uns s'étaient mis à s'entraîner. Il se dit que peut-être, il pourrait faire pareil. Mais s'entraîner à quoi ? Il n'en avait pas trop la moindre idée. Il s'assit à l'ombre pour réfléchir car décidément, il ne supportait pas la chaleur et le soleil, ou mal, et constata qu'il ne connaissait pas tellement de techniques, au final. Il essaya de se remémorer ce que Musashi avait par le passé essayé de lui apprendre et se dit qu'il n'était pas trop tard pour essayer - à présent ce qui lui avait posé problème était réglé et le fantôme ne le dérangerait plus, au contraire. il s'y était fait, habitué. En fait, il avait le sentiment que plus rien ne l'effraierait. D'être complètemetn détaché, indifférent à tout ce qu'il pourrait se passer. Parce qu'il savait que quoi qu'il adviendrait désormais, la fin serait la même. Oh parfois bien sûr, cela le terrifiait, aux heures les plus sombres de la nuit, mais sinon, il prenait ça avec sérénité. Il regarda son bracelet, dernier cadeau de Ken pour son anniversaire, en souriant. Allez. Il était temps de devenir ceq u'il attendait de lui. Il lui devait bien ça.
Il fit le point sur ce qu'il savait faire. Le kinobori, le suimen, et sa petite technique personnelle - très utile. Qui n'était en fait qu'une façon ratée de faire le Kawarini. Tiens, il commencerait par ça. Le kawarini. Il pensait se souvenir de comment faire : d'abord, il fallait visualiser l'objet avec lequel il voudrait permuter. Ensuite, établir avec cet objet un lien, similaire à celui qu'il établissait avec les objets dont il voulait s'emparer avec sa propre technique. Mais il fallait faire ça discrètement pour que l'ennemi ne le remarquât pas. une fois que le lien était fait, et ce serait là le plsu compliqué, il fallait permuter avec l'objet...tout en prenant son apparence, et en donnant à l'objet sa propre apparence. Et une fois que le coup serait donné, la réalité apparaîtrait.
C'était compliqué. Mais il se concentra. Comment donner à l'objet une autre apparence ? Comment prendre lui-même une autre apparence ? Il ne connaissait pas le henge. Tiens, il commencerait par ça. Ce serait plus simple. Et ensuite il aurait plus de facilité à faire le kawarini.Le henge. Comment on faisait de nouveau ? Ha oui. On commençait par visualiser l'apparence que l'on voulait prendre. Et puis on concentrait le chakra et on l'expulsait autour de soi comme une sorte d'enveloppe, ce n'était pas une transformation mais une illusion. Encore fallait-il quelqu'un à illusionner, pour l'heure il n'avait personne mais ce n'était pas grave. Il demanderait à quelqu'un de vérifier que ça marchait le moment venu. Pour l'heure il s'agissait de réaliser la technique. Quelle apparence voudrait-il prendre ? Il n'en avait pas vraiment d'idée alors il prit la première chose qui lui passait par l'esprit - et qui était la dernière personne qu'il avait vue. Un des soldats, qui l'avait intrigué plus que les autres parce qu'il en imposait trop et qu'il avait troplaclasse. Le teint un peu bronzé, une taille assez grande -pas expressément musclé mais élancé. Athlétique. Des yeux en amande perçants, marron. des cheveux qui disparaissaient sous un turban beige. Un vêtement fait pour résister aux fortes chaleurs, et ne pas ralentir pendant les tempêtes de sable. Un vêtement idéal et pratique, mais qui avait l'inconvénient de faire quelques plis. Lee reporta son regard sur l'homme qui ne se trouvait pas trop loin de lui pour mieux visualiser. Il avait oublié quelques détails la première fois qu'il s'efforça de modifier.
Il se repassa l'image dans sa tête, n'oubliant pas les arrièresn on plus, c'était là que beaucoup se faisaient avoir. Il fit circuler son chakra, malaxa, tout en visualisant. Il se concentrait sur le dosage ; il s'agissait de ne négliger aucun détail, de la pointe des cheveux à celle des pieds. C'était difficile et ça faisait mal à la tête. Il ne fallait pas s'éparpiller, rester concentrer, ne pas se laisser déranger. C'était ça le plus difficile ; empêcher les pensées vagabondes de venir s'incruster dans l'exécution de la technique. Ca lui demanda un peu de temps mais il y parvint. Il fit le signe de la chèvre pour réguler le flux de chakra, et après avoir marqué sa concentration d'un "
Henge no Jutsu" il s'occupa d'évacuer le chakra de manière à constituer l'enveloppe qui tromperait ceux qui le regarderaient.
S'il parvint à obtenir une forme cohérente et complète, sa tendance à idéaliser ceux qui lui en imposaient lui joua des tours. Ainsi obtint-il le soldat en question avec des traits trop parfaits, une peau trop lisse. un beau dessin, mais pas assez proche de la réalité pour qualifier son henge de réussi. Trop "parfait" pour paraître réel. Il se demanda ce que ça donnait, ne pouvant se voir et n'ayant personne pour le voir, et abandonna la technique. S'entraîner dans le vent ça n'avait rien de très motivant. Il se demandait ce qu'il allait faire à présent lorsqu'on les convoqua tous pour leur expliquer le plan d'attaque.
Il en retint deux choses : Ils retourneraient au village, dans le village, et seuls. Il n'aurait pas beaucoup de temps pour donner l'alerte à Ken Arkadia...Il espérait que celui-ci était déjà au courant. Que l'Oiseau les avait déjà prévenus - d'ailleurs où était-il ce maudit piaf ? Jamais là quand on en avait besoin. Bon d'accord, ce n'était pas le sien...et il n'avait dessus aucun pouvoir quelconque. Il le connaissait juste bien, c'était tout. Il ne regardait plus vraiment les autres en face parce qu'il ne se sentait pas du même côté qu'eux. D'ailleurs les autres étaient-ils tous d'accord de trahir les leur ? De trahir le village ? De rallier des clans à une cause dont ils pensaient qu'elle était bonne, alors que selon Lee, il en était tout l'inverse ? Mal à l'aise, il ne savait pas vraimnent quoi penser. Que devait-il faire ? De quel côté devrait-il se ranger ? Il lança un regard dépité à Hakurei qui n'avait visiblement soit rien compris, soit rien à faire - soit, comme se résigna à le penser lee, les deux. Parfois il enviait son ignorance - ça faisait des questions en moins à se poser. Lorsque la "séance" fut levée, il se tint un peu à l'écart, mais pas par bouderie cette fois, il restait songeur. Il emprunta à Hakurei son matériel de coloriage, et griffona quelques notes sur un papier...un résumé du plan. Au cas où, ça pourrait toujours servir. Il le lui rendit ensuite - en fait il était plus juste de dire qu'il le remit à sa place parce que le possesseur de ces affaires n'était pas au courant - et continuait d'arpenter l'endroit un air hagard sur levisage - et fasciné, mais nous y reviendrons plus tard, car c'est ici Lee qui nous intéresse. et s'il ne vous intéresse pas et bien vous pouvez cesser de lire, vous savez

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Il plia le papier et le mit dans sa poche, puis retourna vers les autres pour manger le soir, sans regarder personne - cela pourrait passer pour de la frousse face à ce qui les attendait, mais il n'en était plus à sauver les apparences. Il était perturbé et cela se voyait -autant qu'on voyati qu'il n'avait pas envie, ce soir, de se mêler à la conversation. Il alla se coucher ensuite mais ne dormit pas. Il se releva la mort dans l'âme quant il s'agit de se mettre en marche vers la forteresse des sables, et en silence. Il se demandait comment se sentait Aoshi avec cette responsabilité sur les épaules de les guider. Il l'enviait - et puis, au fond, il l'aimait bien. Il faisait partie des gens qu'il avait connu à Kaze kanson, époque qui malgré qu'elle fut dramatique pour sa propre existence, lui manquait un peu. Quand il n'y avait rien à penser, rien à faire d'autre que s'entraîner. Pourquoi avaient-ils fui, déjà ? il ne s'en souvenait pas. il ne se souvenait que du temps passé là bas, d'
elle, de Tsune et de Kodomo, son rival d'alors. Tsune... qu'était devenu ce type ? Il se souvenait ne pas y avoir été indifférent et malgré qu'il eût mis cela sur le compte del a faiblesse à cause des événements passés, une question le hantait tout de même : préférait-il les garçons ? Non..c'était mal, il ne fallait pas, ça ne se faisait pas.
Mais à quoi pensait-il donc ? ce n'était pas le moment. POur l'heure il fallait avancer, encore et encore - et en silence. Surveiller hakurei qui avait la tête ailleurs. Il préférait ne pas se demander où. Il aurait aimé demander aux autres comment ils se sentaient, ce qu'ils pensaient de tout cela, mais n'en fit rien. Il n'eut pas le courage d'aller leur parler. Et puis qu'est-ce que ça changeait, ce qu'ils pouvaient bien penser ? Les faits étaient les mêmes. Et enfin, la ville apparut devant eux. Lee se mordait la lèvre, pâle. Il était encore tôt. Au moins il n'éveillait pas vraiment les soupçons; il avait juste l'air d'avoir peur. mais pas forcément de ce qu'on croyait. Ce qu'il avait avec lui, c'était son bâton, un beau bâton sculpté, et une dague, et c'était tout. Ils arrivèrent sur les ramparts et Musashi s'en alla, les laissant seuls... Il retint hakurei qui voulut suivre le jonin, et se tourna vers les autres...
"Et maintenant, on fait quoi ?" murmura t-il...apercevant au loin, dans le ciel, une ombre noire qui volait vers eux.
Cela fit naître en lui un espoir, celui de pouvoir mener à bien sa mission. Au détriment d'une autre... Des gens approchaient...
"il faudrait mieux ne pas..rester là..." Sa voix était mal assurée, il gardait dans ses poches les poings serrés. Il en tremblait presque. il était nerveux. Heureusement, la cloche sonnant l'alerte généralre viendrait bientôt l'aider à se faire oublier.