La Commedia Dell' Arte [Acte I]
Publié : lun. 28 sept. 2009, 21:02
Soi Fon – Tchinonamida-san
Son coeur fit une violente embardée à l'évocation du petit être tant aimé. Toutefois, son visage garda une impassibilité polie à laquelle il ajouta un sourire aimable.
« Primura est ma nièce... » les mots faillirent s'étrangler dans sa gorge, avalés par un sanglot. « Aux dernières nouvelles, sa formation se passait bien et elle dévalait les pentes du grand Nord avec son enthousiasme coutumier. Elle est toujours aussi impatiente de voyager. Malheureusement, je ne l'ai pas vue depuis un moment... mes affaires, vous comprenez... » termina t-il en écartant les bras dans un signe d'impuissance gênée. Le tutoiement de la demoiselle l'avait surpris, mais il supposa que au vu de l'univers dans lequel elle évoluait, ce devait être une forme de carapace pour se protéger des hommes. « Je serai ravi de lui transmettre vos salutations quand je la reverrai... » proposa t-il gentiment.
Dans sa poitrine, l'organe vital frappait douloureusement contre sa poitrine. Il avait hâte d'en finir avec cet entretien.
Au Masque Rieur
La junin se permit de dissimuler un sourire derrière le dos de la main comme si elle baillait en voyant le petit manège des deux tourtereaux à travers les yeux de Tai.
* On pourra dire ce qu'on veut... c'est toujours les filles les plus dégourdies à ce niveau... * pouffa t-elle intérieurement. Ses pensées s'égarèrent un instant sur le visage de Musashi.
* Tel maître tel élève je suppose... * conclue t-elle silencieusement.
Elle écouta avec attention les réponses de chacun et se gourmanda intérieurement. Elle avait oublié de leur donner un détail qui aurait étouffé dans l'oeuf les inquiétudes à son sujet.
Levant gentiment la main pour couper court aux surenchérissement qui risquaient d'arriver, Miyu repris la parole.
« Ne t'en fais pas Soi Fon, je n'ai pas l'intention de vous lâcher la grappe maintenant... vous vous ennuieriez diablement sans moi. Vous avez tout à fait raison sur le fait que personne ne doit se promener seul dans cette ville. J'en suis consciente, j'ai oublié de vous parler d'un détail. Je rencontrerai mon contact dans la ville haute... quartier très haute sécurité etc etc... vous m'accompagnerez à ce que j'appelle la Frontière... c'est le jour et la nuit vous verrez... vous me retrouverez à l'endroit où nous nous quitterons à une heure précise et nous rentrerons tous ensemble ici... » conclue t-elle d'une voix apaisante en se tournant vers l'entrée où Koyuki venait d'apparaître avec un charmant jeune homme habillé en serveur. Les cheveux blonds coupés court, les yeux bleu océan, le sourire facile, plutôt grand. Il disposa sur la table trois grands saladiers avant de retourner à l'entrée pour chercher le couvert et un trio de cruches d'eau plate accompagnant une bouteille de vin rouge.
Après avoir retiré les couvercles des trois saladiers qui dégagèrent de délicieux arômes épicés portés par une vapeur blanche, il disparut après s'être incliné, laissant Koyuki avec ses invités. Le bonhomme convia tout le monde à s'asseoir avec lui à la table et entreprit d'ouvrir la bouteille de vin.
« Un Château Lelouch d'une dizaine d'année dont tu me diras les nouvelles... » dit il en souriant tout en servant une gorgée à la Renraku dans un verre. La junin l'apprécia lentement en le faisant rouler dans sa bouche avant d'acquiescer.
« Ta table reste l'une de mes favorites. » le complimenta t-elle alors qu'il servait qui voulait. Les saladiers contenaient une semoule aux grains fins comme du sable vraisemblablement épicée, une sauce épaisse de légumes avec du poulet, des saucisses et des boulettes, enfin le dernier contenait une salade verte déjà assaisonnée avec quelques cubes d'un fromage blanc comme neige.
« C'est toujours un plaisir de te voir. Quelle affaire t'amène cette fois dans notre ville aux multiples visages ? Ta missive était plutôt succinct... »
« Un Anbu Kirien est mort de manière... mystérieuse. Et cela pendant un événement extrêmement sécurisé. Il enquêtait sur une organisation peu avant d'être rapatrié... une organisation liée à Naza. En chemin on a appris l'existence vraisemblablement réelle des Erasers... je ne sais pas si c'est lié à eux mais ça me semble une piste qui en vaut bien une autre pour commencer. Je me disais qu'on allait commencer doucement, en interrogeant les trois groupuscules sous terrains... avant de secouer le panier à crabe. On verra bien où ça nous mènera pour commencer. Je m'occupe des Assassins mais j'aurai besoin que tu me fournisses un nom et une adresse pour les Voleurs et les Prostituées.
A part ça quelles nouvelles du Conseil ? »
Koyuki prit le temps de s'asseoir et d'enjoindre chacun de commencer à manger avant de répondre.
« La fille du Duc a disparu, ce qui a mis le papa dans tout ses états... les choses vont bouger à Naza et ça va faire du vilain. On n'attaque pas la noblesse sans en tirer de lourdes conséquences. Si ils lâchent les Lions Écarlates je ne donne pas cher de certains... le Marchand veut ouvrir un comptoir au Nord pour faire passer des marchandises dans les îles mais l'investissement est... impressionnant. Il va avoir besoin de financements externes. Le Juge a lâché les Dogues... les procureurs locaux... » précisa t-il.
« Tout le monde incrimine les Erasers mais il est difficile de faire un procès sans suspects... Le Commandant de Garnison est débordé, tout le monde a peur et veut être protégé... mais ses hommes ont beau patrouiller ils n'arrivent à rien. Le pauvre est au bord du lynchage. En plus les mercenaires affluent pour jouer les gardes du corps à plus ou moins bas prix, la ville devient encore plus surpeuplée. Le Hiérarque doit être le seul content de la situation... il n'y a jamais eu autant de dons au Temple. » conclue t-il avec un sourire narquois.
« Pour tout te dire, ce n'est pas vraiment le moment idéal pour faire du tourisme... mais je suppose que c'est ça qui t'intéresse. » termina t-il en enfournant une généreuse bouchée.
La junin hocha affirmativement la tête en savourant une nouvelle gorgée de vin.
« Qu'est ce que tu penses des Erasers ? »
Le vieil homme haussa les épaules en levant les yeux au ciel, l'air songeur.
« C'est bizarre... de ce que j'en sais, ils semblent frapper au hasard. Quoique jusque là c'était toujours dans le ville basse. Mais les gens n'avaient aucun lien entre eux. Il y avait des hommes, des femmes, des enfants, des adolescents, des vieillards... certains sans histoires d'autre un peu plus... je ne vois pas de fil conducteur là dedans. Et le pire c'est quand même cette absence de souvenirs chez la plupart des gens... les proches en particulier. En fait je ne connais qu'une personne qui se souvient d'un disparu. Une certaine Mikan je crois. Elle est devenue folle... il y a quelques jours elle a débarqué dans mon bar en hurlant des choses inintelligibles sur la mémoire, le souvenir, les miroirs, l'art... la pauvre.
Tu veux mon avis ? Je vais te le donner mais il vaut ce qu'il vaut... je pense que cela fait un moment que cette organisation opère... et qu'ils ont atteint un certain pallier dans leur progression. Un pallier qui leur permet de se faire connaître. Il veulent faire peur. Ils veulent quelque chose. J'ignore juste quoi, je pense juste que pour le moment ils veulent mettre la ville sous tension, sous pression... le règne de la peur. Et je crois que c'est une étape précédant une autre. Je ne vois pas en quoi terroriser tout le monde serait une finalité en soi, donc... » termina t-il évasivement en continuant son repas avant de reprendre.
« Pour ce qui est des contacts, j'en ai deux en tête. Je vous donnerai une carte pour trouver les adresses. Pour les Voleurs, vous irez dans un troquet appelé « Le Dés Pipé ». Essayez de trouver Moineau. C'est un gamin d'une dizaine d'année avec un foulard violet autour du cou. Essayez de le convaincre de vous menez à la Pie. C'est elle qui contrôle et monnaye une partie des affaires...
Pour les prostituées je vous recommande de trouver le Boyard. Ce type est une ordure mais la personne qui pourra peut être vous renseigner c'est une courtisane qu'il contrôle : Absinthe. Elle est très haut placé dans la hiérarchie de la profession et son temps est cher mais... elle sait beaucoup de choses. Par contre pour trouver le Boyard... je sais qu'il va généralement boire un verre dans un établissement qui lui appartient appelé « Coussin d'étoiles » en début d'après midi.
Que pourrais je dire d'autre à propos de tout ce beau monde... » continue t-il en semblant fouiller dans sa mémoire.
« Moineau n'est pas méchant mais extrêmement doué. Faites attention à ce que vous portez, il pourrai bien vous piquer votre culotte sans que vous ne vous en aperceviez. La Pie... on ne sait pas vraiment à quoi elle ressemble. Mais elle aime particulièrement les choses rares... uniques... et les secrets. En ce qui concerne le Boyard, il est chauve, grand et musclé. Presque toujours habillé avec un long manteau vert émeraude, c'est un as du couteau. On raconte que c'est le bâtard d'un noble... et il hait le monde entier au moins autant que lui même. Je ne sais pas non plus grand chose sur Absinthe... seulement de réputation. Elle serait experte en tout les plaisirs et toutes les conversations de ce que j'en ai compris, vous vous offrez un moment d'éternité paradisiaque en sa compagnie.
Je crains de ne pas pouvoir faire beaucoup plus... » conclue t-il en utilisant un morceau de pain croustillant pour essuyer la sauce de son assiette.
« Je vais aller chercher les cartes et le dessert, si vous avez des questions, vous pourrez me les poser au retour. » termina t-il en se levant de table.
Miyu semblait pensive et jeta un regard à chacun des convives.
« De ce que j'en ai compris cela donnerait les filles d'un côté, les garçons de l'autre. Toujours bon pour cette répartition ? »
Koyuki revint peu après avec un plateau sur lequel était posé une série de coupes de glaces chantilly et une paire de feuilles avec un feutre. Une fois que tout le monde fut servi il dessina le chemin qu'ils allaient devoir suivre pour l'un et pour l'autre et marqua l'itinéraire détaillé au dos.
« Voilà, je suis tout ouie. » annonça t-il en souriant comme un enfant devant sa coupe de glace.
Ils sortirent du Masque Rieur et Miyu les guida dans une enfilades de rues larges et fréquentées. Une poignée de minutes plus tard ils parvinrent sur une place au centre de laquelle était placé une fontaine. Les habitations plus ou moins insalubres laissaient place à la deuxième moitié de la place aux deux entrées de bâtiments militaires. Un barrage de gardes semblables à ceux gardant les portes, était installé avec huit de ces hommes droits dans leurs plastrons d'acier, la lance à la main. Derrière eux, on voyait une allée joliment pavée. Les demeures étaient fleuries et les gens richement habillés. Pas un mendiant, pas une trace de pauvreté... plus insolite encore, pas un déchet par terre.
La frontière marquée par les garnisons et le barrage faisaient ressortir les deux visages de la ville de manière presque grotesque.
« Le jour et la nuit... » soupira doucement Miyu en s'asseyant au bord de la fontaine.
Quelques instants plus tard une paire de soldats vêtus d'armure rouge sang hérissées de lames et de tranchant, leur casque figurant une tête de lion rugissant apparurent au tournant de l'allée de la ville haute. Ils encadraient un jeune homme qui devait avoir dans les vingt cinq ans. Il était vêtu de violet décoré d'argent. Un curieux collier de cuir violet avec deux lanières sombres lui enserrait le cou, dissimulant sa gorge. Ses cheveux noirs étaient coupés court et ses yeux vert acide semblaient dangereusement tranquilles. Bizarrement, il ne cillait pas du tout.
Les gardes laissèrent passer le jeune homme et les Lions Écarlates sans faire de commentaires et Miyu se leva.
« Vous pouvez me laisser maintenant. Je peux être difficilement plus en sécurité. Retrouvons nous ici dans disons... trois heures. » termina t-elle en s'avançant vers l'assassin. Elle s'inclina en balayant presque le sol de son chapeau mais ils pouvaient deviner quel air elle avait sur le visage. C'était le genre de révérence un peu moqueuse qu'elle offrait à tout ceux qu'elle aimait bien.
L'équipe se divisa.
Le Dé Pipé était signalé par une enseigne un peu bancale représentant des dés rouge roulant aux côtés d'une bourse d'or. Une paire de vigiles massifs armés de gourdins jouaient aux cartes avec un trio de gamins des deux sexes juste à côté de l'entrée. Pour y entrer, il fallait descendre une dizaine de marches... eh oui c'était sous terre. Les joueurs vous laissent passer et l'un des vigiles secoue trois fois une cloche. La porte en bas s'ouvre. A l'intérieur il fait assez sombre et c'est enfumé. Une lampe à huile par tables et quatre au plafonds. Des tables carrées avec des groupes de joueurs de tout les âges et des deux sexes. Un homme en tablier derrière le bar discute avec une matrone pour le moins massive dont la poitrine menace de jaillir de son corset comme un diable hors de sa boite.
Moineau est au fond de la salle à gauche, à une table où il joue aux dés avec quatre autres gamins de son âge. Ils poussent de petits cris de temps en temps alors que les dés roulent et que des objets ou de l'argent passent et repassent de mains en mains.
Le Coussin Etoilé est un bar à l'ambiance satiné et tamisée. Un trio de filles vêtues de façon suggestives sont soit assises au bar soit sur des canapés de velours. Il n'y a que cinq clients mais l'établissement est petit. Boyard est là, aisément reconnaissable, une jeune asiatique est en train de lui allumer sa pipe et la lui tend. La lèvre de l'adolescente qui doit avoir tout au plus dix huit ans est fendue mais elle ne semble pas s'en préoccuper.
La patronne, une blonde qui a largement passé la quarantaine, dissimulant son âge derrière le maquillage s'approche de vous avec un sourire tout commercial.
HRP : Si vous avez des questions, mp. J'aimerai poster vendredi soir. Amusez vous bien !
Son coeur fit une violente embardée à l'évocation du petit être tant aimé. Toutefois, son visage garda une impassibilité polie à laquelle il ajouta un sourire aimable.
« Primura est ma nièce... » les mots faillirent s'étrangler dans sa gorge, avalés par un sanglot. « Aux dernières nouvelles, sa formation se passait bien et elle dévalait les pentes du grand Nord avec son enthousiasme coutumier. Elle est toujours aussi impatiente de voyager. Malheureusement, je ne l'ai pas vue depuis un moment... mes affaires, vous comprenez... » termina t-il en écartant les bras dans un signe d'impuissance gênée. Le tutoiement de la demoiselle l'avait surpris, mais il supposa que au vu de l'univers dans lequel elle évoluait, ce devait être une forme de carapace pour se protéger des hommes. « Je serai ravi de lui transmettre vos salutations quand je la reverrai... » proposa t-il gentiment.
Dans sa poitrine, l'organe vital frappait douloureusement contre sa poitrine. Il avait hâte d'en finir avec cet entretien.
Au Masque Rieur
La junin se permit de dissimuler un sourire derrière le dos de la main comme si elle baillait en voyant le petit manège des deux tourtereaux à travers les yeux de Tai.
* On pourra dire ce qu'on veut... c'est toujours les filles les plus dégourdies à ce niveau... * pouffa t-elle intérieurement. Ses pensées s'égarèrent un instant sur le visage de Musashi.
* Tel maître tel élève je suppose... * conclue t-elle silencieusement.
Elle écouta avec attention les réponses de chacun et se gourmanda intérieurement. Elle avait oublié de leur donner un détail qui aurait étouffé dans l'oeuf les inquiétudes à son sujet.
Levant gentiment la main pour couper court aux surenchérissement qui risquaient d'arriver, Miyu repris la parole.
« Ne t'en fais pas Soi Fon, je n'ai pas l'intention de vous lâcher la grappe maintenant... vous vous ennuieriez diablement sans moi. Vous avez tout à fait raison sur le fait que personne ne doit se promener seul dans cette ville. J'en suis consciente, j'ai oublié de vous parler d'un détail. Je rencontrerai mon contact dans la ville haute... quartier très haute sécurité etc etc... vous m'accompagnerez à ce que j'appelle la Frontière... c'est le jour et la nuit vous verrez... vous me retrouverez à l'endroit où nous nous quitterons à une heure précise et nous rentrerons tous ensemble ici... » conclue t-elle d'une voix apaisante en se tournant vers l'entrée où Koyuki venait d'apparaître avec un charmant jeune homme habillé en serveur. Les cheveux blonds coupés court, les yeux bleu océan, le sourire facile, plutôt grand. Il disposa sur la table trois grands saladiers avant de retourner à l'entrée pour chercher le couvert et un trio de cruches d'eau plate accompagnant une bouteille de vin rouge.
Après avoir retiré les couvercles des trois saladiers qui dégagèrent de délicieux arômes épicés portés par une vapeur blanche, il disparut après s'être incliné, laissant Koyuki avec ses invités. Le bonhomme convia tout le monde à s'asseoir avec lui à la table et entreprit d'ouvrir la bouteille de vin.
« Un Château Lelouch d'une dizaine d'année dont tu me diras les nouvelles... » dit il en souriant tout en servant une gorgée à la Renraku dans un verre. La junin l'apprécia lentement en le faisant rouler dans sa bouche avant d'acquiescer.
« Ta table reste l'une de mes favorites. » le complimenta t-elle alors qu'il servait qui voulait. Les saladiers contenaient une semoule aux grains fins comme du sable vraisemblablement épicée, une sauce épaisse de légumes avec du poulet, des saucisses et des boulettes, enfin le dernier contenait une salade verte déjà assaisonnée avec quelques cubes d'un fromage blanc comme neige.
« C'est toujours un plaisir de te voir. Quelle affaire t'amène cette fois dans notre ville aux multiples visages ? Ta missive était plutôt succinct... »
« Un Anbu Kirien est mort de manière... mystérieuse. Et cela pendant un événement extrêmement sécurisé. Il enquêtait sur une organisation peu avant d'être rapatrié... une organisation liée à Naza. En chemin on a appris l'existence vraisemblablement réelle des Erasers... je ne sais pas si c'est lié à eux mais ça me semble une piste qui en vaut bien une autre pour commencer. Je me disais qu'on allait commencer doucement, en interrogeant les trois groupuscules sous terrains... avant de secouer le panier à crabe. On verra bien où ça nous mènera pour commencer. Je m'occupe des Assassins mais j'aurai besoin que tu me fournisses un nom et une adresse pour les Voleurs et les Prostituées.
A part ça quelles nouvelles du Conseil ? »
Koyuki prit le temps de s'asseoir et d'enjoindre chacun de commencer à manger avant de répondre.
« La fille du Duc a disparu, ce qui a mis le papa dans tout ses états... les choses vont bouger à Naza et ça va faire du vilain. On n'attaque pas la noblesse sans en tirer de lourdes conséquences. Si ils lâchent les Lions Écarlates je ne donne pas cher de certains... le Marchand veut ouvrir un comptoir au Nord pour faire passer des marchandises dans les îles mais l'investissement est... impressionnant. Il va avoir besoin de financements externes. Le Juge a lâché les Dogues... les procureurs locaux... » précisa t-il.
« Tout le monde incrimine les Erasers mais il est difficile de faire un procès sans suspects... Le Commandant de Garnison est débordé, tout le monde a peur et veut être protégé... mais ses hommes ont beau patrouiller ils n'arrivent à rien. Le pauvre est au bord du lynchage. En plus les mercenaires affluent pour jouer les gardes du corps à plus ou moins bas prix, la ville devient encore plus surpeuplée. Le Hiérarque doit être le seul content de la situation... il n'y a jamais eu autant de dons au Temple. » conclue t-il avec un sourire narquois.
« Pour tout te dire, ce n'est pas vraiment le moment idéal pour faire du tourisme... mais je suppose que c'est ça qui t'intéresse. » termina t-il en enfournant une généreuse bouchée.
La junin hocha affirmativement la tête en savourant une nouvelle gorgée de vin.
« Qu'est ce que tu penses des Erasers ? »
Le vieil homme haussa les épaules en levant les yeux au ciel, l'air songeur.
« C'est bizarre... de ce que j'en sais, ils semblent frapper au hasard. Quoique jusque là c'était toujours dans le ville basse. Mais les gens n'avaient aucun lien entre eux. Il y avait des hommes, des femmes, des enfants, des adolescents, des vieillards... certains sans histoires d'autre un peu plus... je ne vois pas de fil conducteur là dedans. Et le pire c'est quand même cette absence de souvenirs chez la plupart des gens... les proches en particulier. En fait je ne connais qu'une personne qui se souvient d'un disparu. Une certaine Mikan je crois. Elle est devenue folle... il y a quelques jours elle a débarqué dans mon bar en hurlant des choses inintelligibles sur la mémoire, le souvenir, les miroirs, l'art... la pauvre.
Tu veux mon avis ? Je vais te le donner mais il vaut ce qu'il vaut... je pense que cela fait un moment que cette organisation opère... et qu'ils ont atteint un certain pallier dans leur progression. Un pallier qui leur permet de se faire connaître. Il veulent faire peur. Ils veulent quelque chose. J'ignore juste quoi, je pense juste que pour le moment ils veulent mettre la ville sous tension, sous pression... le règne de la peur. Et je crois que c'est une étape précédant une autre. Je ne vois pas en quoi terroriser tout le monde serait une finalité en soi, donc... » termina t-il évasivement en continuant son repas avant de reprendre.
« Pour ce qui est des contacts, j'en ai deux en tête. Je vous donnerai une carte pour trouver les adresses. Pour les Voleurs, vous irez dans un troquet appelé « Le Dés Pipé ». Essayez de trouver Moineau. C'est un gamin d'une dizaine d'année avec un foulard violet autour du cou. Essayez de le convaincre de vous menez à la Pie. C'est elle qui contrôle et monnaye une partie des affaires...
Pour les prostituées je vous recommande de trouver le Boyard. Ce type est une ordure mais la personne qui pourra peut être vous renseigner c'est une courtisane qu'il contrôle : Absinthe. Elle est très haut placé dans la hiérarchie de la profession et son temps est cher mais... elle sait beaucoup de choses. Par contre pour trouver le Boyard... je sais qu'il va généralement boire un verre dans un établissement qui lui appartient appelé « Coussin d'étoiles » en début d'après midi.
Que pourrais je dire d'autre à propos de tout ce beau monde... » continue t-il en semblant fouiller dans sa mémoire.
« Moineau n'est pas méchant mais extrêmement doué. Faites attention à ce que vous portez, il pourrai bien vous piquer votre culotte sans que vous ne vous en aperceviez. La Pie... on ne sait pas vraiment à quoi elle ressemble. Mais elle aime particulièrement les choses rares... uniques... et les secrets. En ce qui concerne le Boyard, il est chauve, grand et musclé. Presque toujours habillé avec un long manteau vert émeraude, c'est un as du couteau. On raconte que c'est le bâtard d'un noble... et il hait le monde entier au moins autant que lui même. Je ne sais pas non plus grand chose sur Absinthe... seulement de réputation. Elle serait experte en tout les plaisirs et toutes les conversations de ce que j'en ai compris, vous vous offrez un moment d'éternité paradisiaque en sa compagnie.
Je crains de ne pas pouvoir faire beaucoup plus... » conclue t-il en utilisant un morceau de pain croustillant pour essuyer la sauce de son assiette.
« Je vais aller chercher les cartes et le dessert, si vous avez des questions, vous pourrez me les poser au retour. » termina t-il en se levant de table.
Miyu semblait pensive et jeta un regard à chacun des convives.
« De ce que j'en ai compris cela donnerait les filles d'un côté, les garçons de l'autre. Toujours bon pour cette répartition ? »
Koyuki revint peu après avec un plateau sur lequel était posé une série de coupes de glaces chantilly et une paire de feuilles avec un feutre. Une fois que tout le monde fut servi il dessina le chemin qu'ils allaient devoir suivre pour l'un et pour l'autre et marqua l'itinéraire détaillé au dos.
« Voilà, je suis tout ouie. » annonça t-il en souriant comme un enfant devant sa coupe de glace.
Ils sortirent du Masque Rieur et Miyu les guida dans une enfilades de rues larges et fréquentées. Une poignée de minutes plus tard ils parvinrent sur une place au centre de laquelle était placé une fontaine. Les habitations plus ou moins insalubres laissaient place à la deuxième moitié de la place aux deux entrées de bâtiments militaires. Un barrage de gardes semblables à ceux gardant les portes, était installé avec huit de ces hommes droits dans leurs plastrons d'acier, la lance à la main. Derrière eux, on voyait une allée joliment pavée. Les demeures étaient fleuries et les gens richement habillés. Pas un mendiant, pas une trace de pauvreté... plus insolite encore, pas un déchet par terre.
La frontière marquée par les garnisons et le barrage faisaient ressortir les deux visages de la ville de manière presque grotesque.
« Le jour et la nuit... » soupira doucement Miyu en s'asseyant au bord de la fontaine.
Quelques instants plus tard une paire de soldats vêtus d'armure rouge sang hérissées de lames et de tranchant, leur casque figurant une tête de lion rugissant apparurent au tournant de l'allée de la ville haute. Ils encadraient un jeune homme qui devait avoir dans les vingt cinq ans. Il était vêtu de violet décoré d'argent. Un curieux collier de cuir violet avec deux lanières sombres lui enserrait le cou, dissimulant sa gorge. Ses cheveux noirs étaient coupés court et ses yeux vert acide semblaient dangereusement tranquilles. Bizarrement, il ne cillait pas du tout.
Les gardes laissèrent passer le jeune homme et les Lions Écarlates sans faire de commentaires et Miyu se leva.
« Vous pouvez me laisser maintenant. Je peux être difficilement plus en sécurité. Retrouvons nous ici dans disons... trois heures. » termina t-elle en s'avançant vers l'assassin. Elle s'inclina en balayant presque le sol de son chapeau mais ils pouvaient deviner quel air elle avait sur le visage. C'était le genre de révérence un peu moqueuse qu'elle offrait à tout ceux qu'elle aimait bien.
L'équipe se divisa.
Le Dé Pipé était signalé par une enseigne un peu bancale représentant des dés rouge roulant aux côtés d'une bourse d'or. Une paire de vigiles massifs armés de gourdins jouaient aux cartes avec un trio de gamins des deux sexes juste à côté de l'entrée. Pour y entrer, il fallait descendre une dizaine de marches... eh oui c'était sous terre. Les joueurs vous laissent passer et l'un des vigiles secoue trois fois une cloche. La porte en bas s'ouvre. A l'intérieur il fait assez sombre et c'est enfumé. Une lampe à huile par tables et quatre au plafonds. Des tables carrées avec des groupes de joueurs de tout les âges et des deux sexes. Un homme en tablier derrière le bar discute avec une matrone pour le moins massive dont la poitrine menace de jaillir de son corset comme un diable hors de sa boite.
Moineau est au fond de la salle à gauche, à une table où il joue aux dés avec quatre autres gamins de son âge. Ils poussent de petits cris de temps en temps alors que les dés roulent et que des objets ou de l'argent passent et repassent de mains en mains.
Le Coussin Etoilé est un bar à l'ambiance satiné et tamisée. Un trio de filles vêtues de façon suggestives sont soit assises au bar soit sur des canapés de velours. Il n'y a que cinq clients mais l'établissement est petit. Boyard est là, aisément reconnaissable, une jeune asiatique est en train de lui allumer sa pipe et la lui tend. La lèvre de l'adolescente qui doit avoir tout au plus dix huit ans est fendue mais elle ne semble pas s'en préoccuper.
La patronne, une blonde qui a largement passé la quarantaine, dissimulant son âge derrière le maquillage s'approche de vous avec un sourire tout commercial.
HRP : Si vous avez des questions, mp. J'aimerai poster vendredi soir. Amusez vous bien !