Re: La Commedia Dell' Arte [Introduction]
Publié : mar. 22 sept. 2009, 23:56
Mangetsu prit la parole en dernière et Soi Fon écouta ce que la jeune fille dit avec autant d’attention que lorsque Mizaki et Aoshi avaient parlé. La junin apprit ainsi que la ville était actuellement dirigée par un régent et obéissait probablement à un système proche d’une monarchie puisqu’un héritier était attendu, pourtant Miyu leur avait dit que la ville était dirigée par un conseil mais l’un n’empêchait pas l’autre puisque d’après ce qu’avait entendu Mangetsu, l’héritier jouerait simplement la marionnette. Puis Mangetsu lâcha une véritable bombe en annonçant que l’homme avec qui elle avait parlé était un Tchinonamida, donc un parent de Primura peut-être même son père. La junin jeta un coup d’œil dans sa direction pendant que Miyu expliquait brièvement aux autres qui était ce monsieur Tchinonamida, se remettant de la nouvelle. *Il faudra que j’aille le saluer, mais après le repas, rien ne presse. Il aura peut-être des nouvelles de Primura, elle n’était pas à l’examen chunin et ça m’étonne pas mal.*
Si cet homme était aussi important que Miyu venait de le leur dire, Soi Fon ne le connaissant pas, il était en effet étrange qu’il se déplace en personne jusqu’à Naza et c’était le probable signe d’une très grosse affaire.
Miyu reprit la parole quelques instants après -elle avait semblé rêveuse un instant- pour les féliciter de la façon dont ils s’étaient acquittés de leur mission du jour. Elle les informa également qu’ils partiraient tôt le lendemain et que Taï les porterait sur une partie du chemin, ce qui permettrait sûrement aux plus fatigués de se reposer un peu. Enfin, la junin leur dit qu’ils seraient à Naza pour le déjeuner, ce qui était une excellente nouvelle, Soi Fon ayant hâte de se mettre au travail.
La conversation terminée, Soi Fon prit congé du restant de l’équipe et plutôt que de tout de suite monter dans sa chambre pour retrouver Mizu qui l’y attendait, la jeune femme se dirigea vers les deux individus que leur avait désignés Mangetsu. "Bonsoir, je suis Soi Fon Shinshun, ma camarade m’a dit que tu étais monsieur Tchinonamida. J’ai une amie qui s’appelle ainsi, Primura. Je n’ai pas souvent l’occasion de la voir… en fait la dernière fois que nous nous sommes vues c’était durant la dernière fête au pays du malt. Aurais-tu quelques nouvelles à son sujet ? Comment va-t-elle ?" Bien sûr Soi Fon était à des lieues de se douter que son amie avait déserté le village de Yuki et même si elle prenait cela comme une possibilité, elle n’était pas certaine que cet homme soit le père de Primura.
[…]
Leur entretien terminé, la junin alla se commander un plat qui lui convenait davantage que ceux de Miyu et monta dans sa chambre pour souper en compagnie de Mizu qui vint réclamer sa part. Une fois leur repas terminé, la junin descendit la vaisselle dans la salle commune et s’étant déjà lavée, elle s’installa simplement le dos appuyé au mur, caressant doucement Mizu en attendant une éventuelle visite de Ryoko mais cette dernière ne vint pas et vers dix heure du soir, Soi Fon se glissa sous les draps, lassée d’attendre. La déserteuse n’était pas obligée de venir et la solitude elle devait bien connaître, pourtant un peu de compagnie, amicale, ne lui aurait certainement pas fait de mal mais c’était son choix. Peut-être leurs routes se recroiseraient-elles un jour ou l’autre.
Mizu pelotonné au creux de l’un de ses bras, la junin ne tarda pas à s’endormir, rêvant peut-être de ce qui aurait pu se passer si Ryoko était venue.
Le lendemain, Soi Fon émergea de son sommeil vers sept heure moins le quart et lorsque Miyu vint frapper à sa porte, la jeune femme était parfaitement réveillée. S’habillant rapidement, la junin descendit dans la salle commune pour prendre un rapide petit-déjeuner composé de quelques tartines et d’un grand verre de jus d’orange, puis elle remonta de quoi nourrir Mizu qui tournait dans la chambre depuis un bon moment déjà lorsque la jeune femme s’était réveillée ce matin.
Une fois que tout le monde fut prêt et qu’ils se furent réunis à l’extérieur de l’auberge, Miyu prit la tête des opérations et cette fois ils partirent à pied, se dirigeant vers une paroi pratiquement verticale qu’ils escaladèrent sans la moindre difficulté grâce au kinobori. Ils débouchèrent finalement sur un large plateau d’où ils avaient une vue imprenable sur la route commerciale alors que de la route le plateau était totalement invisible mais ils n’étaient pas là pour espionner les allées et venues de chacun.
Miyu leur demanda de faire silence ou de chuchoter s’ils voulaient malgré tout discuter entre eux, pendant qu’elle effectuerait un rituel. La junin s’installa en tailleur et observa le début du rituel le tracé des cercles et le début de la calligraphie puis elle s’en désintéressa en grande partie, fermant même les yeux pour se reposer un peu en prévision de leur arrivée à Naza, Mizu vint se placer entre les jambes de son amie pour s’y rouler en boule. Soi Fon n’avait pas la moindre idée de ce qui allait se passer sur place, aussi valait-il mieux être au meilleur de sa forme, quand bien même elle ne se sentait pas fatiguée.
Au bout d’un long moment, une explosion se fit entendre et lorsque la junin ouvrit les yeux, elle vit le nuage de fumée qui englobait à présent les deux cercles puis à mesure que la fumée se dissipait, un Taï de très grande… taille fit son apparition. Les proportions étaient démesurées et Soi Fon comprenait à présent pourquoi le rituel avait demandé autant de temps à la junin. *Titi format XXL, pourtant il a toujours la même apparence. Heureusement que le but c’est pas d’impressionner parce que là il est juste mignon.* Mizu n’était pas tout à fait du même avis et se tenait à présent sur l’épaule de Soi Fon, l’air méfiant vis-à-vis de cet énorme volatile.
Miyu ne perdit pas un instant pour sauter sur son familier, leur souhaitant de ne pas avoir le mal de l’air. Ils seraient rapidement fixés. Soi Fon prit la suite, plaçant ses pieds là où elle avait vu Miyu le faire et quelques instants plus tard elle se retrouva à califourchon sur la mascotte géante. *Je dois avoir l’air fin, tiens.* La junin prit Mizu de son épaule et vint le placer dans sa veste afin d’éviter qu’il ne tombe pendant le voyage.
Une fois qu’ils furent tous en place, Miyu leur donna quelques recommandations pendant que Taï avançait vers le bord de la falaise. Miyu leva les bras au moment du décollage et poussant un cri de joie, Soi Fon fit de même, gagnée par l’euphorie de cette sensation inconnue qu’était le vol, enfin la chute libre pour le moment. Mine de rien c’était marrant et Soi Fon n’était pas la dernière lorsque c’était le moment de s’amuser. D’instinct elle avait serré les cuisses et s’était fixée sur le dos de l’oiseau à l’aide du kinobori, elle voulait bien faire la folle mais il y avait des limites à tout.
Ce qui avait commencé par une chute se transforma rapidement en un véritable vol et Soi Fon se dit que prendre un peu d’altitude ne serait pas du luxe histoire d’éviter de faire la Une de tous les journaux de la région dès le lendemain. *Au pire on se crashera dans un saule de toute façon.* Bien vu.
Ne pas voler trop haut avait ça de bien qu’ils pouvaient profiter de la vue et quelle vue ! C’était une vision des choses à laquelle peu de gens devaient être habitués et pourtant elle valait le détour. Ils filaient à toute vitesse, survolant les plaines, surprenant les animaux sauvages dans leurs activités, la nature était à eux.
Miyu les invita à profiter le plus possible de la sensation du vent, leur demandant s’ils ne trouvaient pas cela magnifique, Soi Fon hocha la tête affirmativement, un sourire de contentement sur le visage. C’était effectivement très beau.
Même au bout de plusieurs heures, Soi Fon ne s’était pas lassée de la vue, le paysage n’étant pas figé mais environ quatre heures après leur départ, Miyu leur désigna une ville au loin qu’elle nomma : "Naza." La junin ne s’était pas trompée, ils seraient arrivés pour le déjeuner. Ils ne tardèrent plus à atterrir et se posèrent dans l’herbe à proximité d’une petite forêt. Comme le disait Miyu ça changeait de Suna mais Soi Fon n’y accorda pas particulièrement d’attention, ce type de paysage elle connaissait bien. Elle regrettait presque d’avoir quitté le dos de l’oiseau géant. Ce dernier reprit d’ailleurs sa taille habituelle à ce moment avec un pouf sonore, regagnant l’épaule de Miyu en même temps que Mizu regagnait celle de Soi Fon.
Miyu toujours en tête, ils prirent la direction de la ville et à peine un peu plus d’une heure plus tard ils se trouvaient en vue des portes de la ville. De sacrées portes d’ailleurs, massive et renforcées de fer, elles étaient à l’image des murs, le tout donnant l’impression d’entrer dans une forteresse.
Ils avaient rejoint la grande route commerciale environ une heure après s’être remis en route et de là ils s’étaient mêlés à la foule, Soi Fon aurait préféré éviter cela mais c’était Miyu qui décidait de leur route et non la Kirienne. Heureusement la foule n’était pas non plus extrêmement compacte, sans quoi la junin serait allée marcher à côté. Elle n’aimait pas que des inconnus la collent, ça avait toujours été comme ça et ça ne changerait pas même si à présent elle se contentait de trouver cela désagréable alors qu’avant elle ressentait de la panique lorsqu’elle se trouvait au cœur de la populace.
Aux portes, deux gardes se chargeaient des contrôles, arrêtant une personne de temps en temps et à voir comme Miyu semblait excitée comme une puce en arrivant devant les portes, Soi Fon se demanda si elle n’allait pas attirer l’attention sur eux mais en fin de compte les gardes ne leur prêtèrent pas la moindre attention, se contentant d’un regard rapide dans leur direction mais ils purent passer sans le moindre problème, ce qui n’était pas plus mal. En passant la porte, la Kirienne remarqua la herse qui était levée, songeant que ce serait un sacré obstacle à franchir s’ils devaient sortir de force de la ville mais pour ça elle avait des solutions. Oui, des.
‘‘Naza, on y est.’’ Le ton n’était pas particulièrement réjoui, l’odeur infâme qui les assaillit rapidement après qu’ils aient pénétré dans la cité n’étant pas innocente dans ce manque d’enthousiasme. Des bruits ne tardèrent pas non plus à leur parvenir, certains ne plaisant guère à Soi Fon mais elle ne pouvait rien faire et n’appréciait guère cela d’ailleurs. En tant que Kirienne elle devait se montrer sans pitié mais en tant qu’être humain elle n’acceptait pas la violence gratuite, où celle dictée par l’appât du gain.
Autour d’eux, des étals, partout, devant chaque maison. Chacun semblait essayer de vendre ce qu’il pouvait pour faire rentrer un peu d’argent et ne pas devoir se mêler à la cohorte de mendiants et de déshérités qui sillonnaient les rues comme une gigantesque Cour des Miracles.
Guidés par Miyu, ils ne tardèrent pas à arriver près d’un marché auquel Soi Fon jeta un regard critique, cette ville respirait la misère et elle n’avait pas tardé après être entrée à faire comprendre à Mizu qu’elle voulait qu’il aille sur son sac à dos et surveille ses affaires des fois que quelqu’un ne soit tenté de commettre un larcin. La fin justifie les moyens, certes ils avaient faim mais Soi Fon ne tenait pas à en faire les frais.
Tout comme Miyu, la junin resta sourde aux quémandeurs, le jeune âge de certains l’attristant un peu mais elle faisait son possible pour éviter de croiser leur regard car si l’un d’eux parvenait à établir un contact il ne les lâcherait probablement plus et s’ils donnaient quelque chose à l’un d’entre eux, tous les autres les suivraient jusqu’à avoir reçu la même chose.
Au bout d’une vingtaine de minutes à traîner dans ces rues infâmes où la pauvreté et la violence étaient omniprésentes, ils furent guidés jusqu’au Masque Rieur par une route de bulles de savon. C’était étrange de voir quelque chose comme ça au milieu de toute cette pauvreté, cela semblait si futile et c’était peut-être bien le but, montrant à tous que cet établissement pouvait s’offrir de l’inutile là où certains n’avaient même pas les denrées de première nécessité, un bon moyen d’alpaguer les clients à la recherche de quelque chose d’un peu mieux.
Comme Miyu le leur annonça, ainsi que l’enseigne, ils étaient arrivés. L’intérieur de l’auberge contrastait largement avec le rue, ça n’était pas non plus un palace mais l’établissement semblait propre et ne manquer de rien, ce qui le classait en première et seule position des endroits fréquentables qu’avait vus Soi Fon jusqu’à maintenant. La junin ne craignait pas les rues de Naza mais elle préférait malgré tout un endroit un minimum sûr.
Miyu se dirigea directement vers le bar, n’accordant pas plus d’attention aux clients qu’ils ne le firent eux-mêmes. Soi Fon en revanche les regarda un peu plus en détail, qui sait, il y aurait peut-être à nouveau un visage familier dissimulé parmi eux. Finalement non et la junin suivit simplement Miyu et le barman lorsque ce dernier les invita à le suivre, les menant à un escalier comme Soi Fon n’en avait encore jamais vu, il s’enroulait sur lui-même. Amusant et d’un style sympathique. Durant leur montée le barman les mit en garde contre les dangers de la ville, c’est du moins ce que pensa Soi Fon dans un premier temps mais l’échange qui s’ensuivit entre lui et Miyu lui fit comprendre qu’il s’agissait d’une sorte de code entre eux. Comme l’avait dit le gérant, que Miyu réponde avec une phrase en rapport avec la première n’aurait pas été un mal mais la junin préférait l’absurde, réponse qui n’étonna pas le moins du monde Soi Fon.
Le barman s’arrêta au premier étage et leur ouvrit l’accès à une pièce réservée au personnel, c’est ce qui était marqué sur la porte, et lorsqu’il les quitta, promettant de les rejoindre d’ici un quart d’heure, Miyu l’appela par son nom, Koyuki. Ainsi donc c’était lui. Bien, c’était prévisible mais au moins étaient-ils fixés à son sujet à présent.
La pièce que leur avait ouverte Koyuki était assez petite et avait tout l’air de n’être qu’un vestiaire mais une seconde porte au fond s’ouvrit sur une pièce déjà plus sympathique, ayant tout d’un salon dans le fond duquel s’ouvraient les portes de quatre chambre, ainsi que d’une salle de bain. *Sympathique tout ça. On pourrait presque se croire en vacance. Pas de fenêtre, ça c’est parfait, ça évitera les visites à la con, p’têt piéger la porte d’accès aussi tiens.*
Soi Fon choisit une chambre au hasard et s’installa sur l’un des canapés, comme l’avait fait Miyu un instant plus tôt, choisissant plutôt le canapé où elle n’était pas afin de ne pas trop la coller. La Renraku leur donna quelques informations quant à la suite des évènements, en attendant que Koyuki ne vienne les éclairer de ses lumières. Ils allaient devoir se séparer en trois groupes, Miyu étant un de ces trois groupes et elle irait à la rencontre d’assassins, les deux groupes restant devraient s’occuper du milieu des prostituées et de celui des voleurs. Si le chemin pour Soi Fon semblait tout tracé, elle n’en était pas si certaine, se disant que ce qu’elle verrait risquait plus de lui faire péter un câble qu’autre chose et de mettre la mission en péril… Quoi qu’il en soit, les décisions seraient prises au retour de Koyuki, aussi cela laissait le temps à la junin d’y réfléchir plus avant.
Miyu leur demanda ensuite, comme si de rien était ce qu’ils pensaient de la ville. ‘‘Cette ville craint… personne ou presque ne semble avoir échappé à la pauvreté, la violence est omniprésente et le niveau de vie n’est probablement pas la seule raison à cela. J’n’aime pas trop cette ville. Mais dis moi Miyu, je conçois parfaitement que ton contact ne veuille rencontrer que toi mais la jeune femme avec qui j’ai parlé m’a recommandé de ne jamais sortir seule, quelle que soit ma puissance et il est vrai que si l’ennemi arrive à trente, même nous autre junin serions en difficulté, n’est-ce pas trop risqué ? Je te proposerais bien qu’on t’accompagne jusqu’au lieu où tu dois rencontrer ton contact mais je doute que tu acceptes, seulement il serait ennuyeux qu’on te perde si vite.’’ Termina la junin avec une pointe d’humour.
Si cet homme était aussi important que Miyu venait de le leur dire, Soi Fon ne le connaissant pas, il était en effet étrange qu’il se déplace en personne jusqu’à Naza et c’était le probable signe d’une très grosse affaire.
Miyu reprit la parole quelques instants après -elle avait semblé rêveuse un instant- pour les féliciter de la façon dont ils s’étaient acquittés de leur mission du jour. Elle les informa également qu’ils partiraient tôt le lendemain et que Taï les porterait sur une partie du chemin, ce qui permettrait sûrement aux plus fatigués de se reposer un peu. Enfin, la junin leur dit qu’ils seraient à Naza pour le déjeuner, ce qui était une excellente nouvelle, Soi Fon ayant hâte de se mettre au travail.
La conversation terminée, Soi Fon prit congé du restant de l’équipe et plutôt que de tout de suite monter dans sa chambre pour retrouver Mizu qui l’y attendait, la jeune femme se dirigea vers les deux individus que leur avait désignés Mangetsu. "Bonsoir, je suis Soi Fon Shinshun, ma camarade m’a dit que tu étais monsieur Tchinonamida. J’ai une amie qui s’appelle ainsi, Primura. Je n’ai pas souvent l’occasion de la voir… en fait la dernière fois que nous nous sommes vues c’était durant la dernière fête au pays du malt. Aurais-tu quelques nouvelles à son sujet ? Comment va-t-elle ?" Bien sûr Soi Fon était à des lieues de se douter que son amie avait déserté le village de Yuki et même si elle prenait cela comme une possibilité, elle n’était pas certaine que cet homme soit le père de Primura.
[…]
Leur entretien terminé, la junin alla se commander un plat qui lui convenait davantage que ceux de Miyu et monta dans sa chambre pour souper en compagnie de Mizu qui vint réclamer sa part. Une fois leur repas terminé, la junin descendit la vaisselle dans la salle commune et s’étant déjà lavée, elle s’installa simplement le dos appuyé au mur, caressant doucement Mizu en attendant une éventuelle visite de Ryoko mais cette dernière ne vint pas et vers dix heure du soir, Soi Fon se glissa sous les draps, lassée d’attendre. La déserteuse n’était pas obligée de venir et la solitude elle devait bien connaître, pourtant un peu de compagnie, amicale, ne lui aurait certainement pas fait de mal mais c’était son choix. Peut-être leurs routes se recroiseraient-elles un jour ou l’autre.
Mizu pelotonné au creux de l’un de ses bras, la junin ne tarda pas à s’endormir, rêvant peut-être de ce qui aurait pu se passer si Ryoko était venue.
Le lendemain, Soi Fon émergea de son sommeil vers sept heure moins le quart et lorsque Miyu vint frapper à sa porte, la jeune femme était parfaitement réveillée. S’habillant rapidement, la junin descendit dans la salle commune pour prendre un rapide petit-déjeuner composé de quelques tartines et d’un grand verre de jus d’orange, puis elle remonta de quoi nourrir Mizu qui tournait dans la chambre depuis un bon moment déjà lorsque la jeune femme s’était réveillée ce matin.
Une fois que tout le monde fut prêt et qu’ils se furent réunis à l’extérieur de l’auberge, Miyu prit la tête des opérations et cette fois ils partirent à pied, se dirigeant vers une paroi pratiquement verticale qu’ils escaladèrent sans la moindre difficulté grâce au kinobori. Ils débouchèrent finalement sur un large plateau d’où ils avaient une vue imprenable sur la route commerciale alors que de la route le plateau était totalement invisible mais ils n’étaient pas là pour espionner les allées et venues de chacun.
Miyu leur demanda de faire silence ou de chuchoter s’ils voulaient malgré tout discuter entre eux, pendant qu’elle effectuerait un rituel. La junin s’installa en tailleur et observa le début du rituel le tracé des cercles et le début de la calligraphie puis elle s’en désintéressa en grande partie, fermant même les yeux pour se reposer un peu en prévision de leur arrivée à Naza, Mizu vint se placer entre les jambes de son amie pour s’y rouler en boule. Soi Fon n’avait pas la moindre idée de ce qui allait se passer sur place, aussi valait-il mieux être au meilleur de sa forme, quand bien même elle ne se sentait pas fatiguée.
Au bout d’un long moment, une explosion se fit entendre et lorsque la junin ouvrit les yeux, elle vit le nuage de fumée qui englobait à présent les deux cercles puis à mesure que la fumée se dissipait, un Taï de très grande… taille fit son apparition. Les proportions étaient démesurées et Soi Fon comprenait à présent pourquoi le rituel avait demandé autant de temps à la junin. *Titi format XXL, pourtant il a toujours la même apparence. Heureusement que le but c’est pas d’impressionner parce que là il est juste mignon.* Mizu n’était pas tout à fait du même avis et se tenait à présent sur l’épaule de Soi Fon, l’air méfiant vis-à-vis de cet énorme volatile.
Miyu ne perdit pas un instant pour sauter sur son familier, leur souhaitant de ne pas avoir le mal de l’air. Ils seraient rapidement fixés. Soi Fon prit la suite, plaçant ses pieds là où elle avait vu Miyu le faire et quelques instants plus tard elle se retrouva à califourchon sur la mascotte géante. *Je dois avoir l’air fin, tiens.* La junin prit Mizu de son épaule et vint le placer dans sa veste afin d’éviter qu’il ne tombe pendant le voyage.
Une fois qu’ils furent tous en place, Miyu leur donna quelques recommandations pendant que Taï avançait vers le bord de la falaise. Miyu leva les bras au moment du décollage et poussant un cri de joie, Soi Fon fit de même, gagnée par l’euphorie de cette sensation inconnue qu’était le vol, enfin la chute libre pour le moment. Mine de rien c’était marrant et Soi Fon n’était pas la dernière lorsque c’était le moment de s’amuser. D’instinct elle avait serré les cuisses et s’était fixée sur le dos de l’oiseau à l’aide du kinobori, elle voulait bien faire la folle mais il y avait des limites à tout.
Ce qui avait commencé par une chute se transforma rapidement en un véritable vol et Soi Fon se dit que prendre un peu d’altitude ne serait pas du luxe histoire d’éviter de faire la Une de tous les journaux de la région dès le lendemain. *Au pire on se crashera dans un saule de toute façon.* Bien vu.
Ne pas voler trop haut avait ça de bien qu’ils pouvaient profiter de la vue et quelle vue ! C’était une vision des choses à laquelle peu de gens devaient être habitués et pourtant elle valait le détour. Ils filaient à toute vitesse, survolant les plaines, surprenant les animaux sauvages dans leurs activités, la nature était à eux.
Miyu les invita à profiter le plus possible de la sensation du vent, leur demandant s’ils ne trouvaient pas cela magnifique, Soi Fon hocha la tête affirmativement, un sourire de contentement sur le visage. C’était effectivement très beau.
Même au bout de plusieurs heures, Soi Fon ne s’était pas lassée de la vue, le paysage n’étant pas figé mais environ quatre heures après leur départ, Miyu leur désigna une ville au loin qu’elle nomma : "Naza." La junin ne s’était pas trompée, ils seraient arrivés pour le déjeuner. Ils ne tardèrent plus à atterrir et se posèrent dans l’herbe à proximité d’une petite forêt. Comme le disait Miyu ça changeait de Suna mais Soi Fon n’y accorda pas particulièrement d’attention, ce type de paysage elle connaissait bien. Elle regrettait presque d’avoir quitté le dos de l’oiseau géant. Ce dernier reprit d’ailleurs sa taille habituelle à ce moment avec un pouf sonore, regagnant l’épaule de Miyu en même temps que Mizu regagnait celle de Soi Fon.
Miyu toujours en tête, ils prirent la direction de la ville et à peine un peu plus d’une heure plus tard ils se trouvaient en vue des portes de la ville. De sacrées portes d’ailleurs, massive et renforcées de fer, elles étaient à l’image des murs, le tout donnant l’impression d’entrer dans une forteresse.
Ils avaient rejoint la grande route commerciale environ une heure après s’être remis en route et de là ils s’étaient mêlés à la foule, Soi Fon aurait préféré éviter cela mais c’était Miyu qui décidait de leur route et non la Kirienne. Heureusement la foule n’était pas non plus extrêmement compacte, sans quoi la junin serait allée marcher à côté. Elle n’aimait pas que des inconnus la collent, ça avait toujours été comme ça et ça ne changerait pas même si à présent elle se contentait de trouver cela désagréable alors qu’avant elle ressentait de la panique lorsqu’elle se trouvait au cœur de la populace.
Aux portes, deux gardes se chargeaient des contrôles, arrêtant une personne de temps en temps et à voir comme Miyu semblait excitée comme une puce en arrivant devant les portes, Soi Fon se demanda si elle n’allait pas attirer l’attention sur eux mais en fin de compte les gardes ne leur prêtèrent pas la moindre attention, se contentant d’un regard rapide dans leur direction mais ils purent passer sans le moindre problème, ce qui n’était pas plus mal. En passant la porte, la Kirienne remarqua la herse qui était levée, songeant que ce serait un sacré obstacle à franchir s’ils devaient sortir de force de la ville mais pour ça elle avait des solutions. Oui, des.
‘‘Naza, on y est.’’ Le ton n’était pas particulièrement réjoui, l’odeur infâme qui les assaillit rapidement après qu’ils aient pénétré dans la cité n’étant pas innocente dans ce manque d’enthousiasme. Des bruits ne tardèrent pas non plus à leur parvenir, certains ne plaisant guère à Soi Fon mais elle ne pouvait rien faire et n’appréciait guère cela d’ailleurs. En tant que Kirienne elle devait se montrer sans pitié mais en tant qu’être humain elle n’acceptait pas la violence gratuite, où celle dictée par l’appât du gain.
Autour d’eux, des étals, partout, devant chaque maison. Chacun semblait essayer de vendre ce qu’il pouvait pour faire rentrer un peu d’argent et ne pas devoir se mêler à la cohorte de mendiants et de déshérités qui sillonnaient les rues comme une gigantesque Cour des Miracles.
Guidés par Miyu, ils ne tardèrent pas à arriver près d’un marché auquel Soi Fon jeta un regard critique, cette ville respirait la misère et elle n’avait pas tardé après être entrée à faire comprendre à Mizu qu’elle voulait qu’il aille sur son sac à dos et surveille ses affaires des fois que quelqu’un ne soit tenté de commettre un larcin. La fin justifie les moyens, certes ils avaient faim mais Soi Fon ne tenait pas à en faire les frais.
Tout comme Miyu, la junin resta sourde aux quémandeurs, le jeune âge de certains l’attristant un peu mais elle faisait son possible pour éviter de croiser leur regard car si l’un d’eux parvenait à établir un contact il ne les lâcherait probablement plus et s’ils donnaient quelque chose à l’un d’entre eux, tous les autres les suivraient jusqu’à avoir reçu la même chose.
Au bout d’une vingtaine de minutes à traîner dans ces rues infâmes où la pauvreté et la violence étaient omniprésentes, ils furent guidés jusqu’au Masque Rieur par une route de bulles de savon. C’était étrange de voir quelque chose comme ça au milieu de toute cette pauvreté, cela semblait si futile et c’était peut-être bien le but, montrant à tous que cet établissement pouvait s’offrir de l’inutile là où certains n’avaient même pas les denrées de première nécessité, un bon moyen d’alpaguer les clients à la recherche de quelque chose d’un peu mieux.
Comme Miyu le leur annonça, ainsi que l’enseigne, ils étaient arrivés. L’intérieur de l’auberge contrastait largement avec le rue, ça n’était pas non plus un palace mais l’établissement semblait propre et ne manquer de rien, ce qui le classait en première et seule position des endroits fréquentables qu’avait vus Soi Fon jusqu’à maintenant. La junin ne craignait pas les rues de Naza mais elle préférait malgré tout un endroit un minimum sûr.
Miyu se dirigea directement vers le bar, n’accordant pas plus d’attention aux clients qu’ils ne le firent eux-mêmes. Soi Fon en revanche les regarda un peu plus en détail, qui sait, il y aurait peut-être à nouveau un visage familier dissimulé parmi eux. Finalement non et la junin suivit simplement Miyu et le barman lorsque ce dernier les invita à le suivre, les menant à un escalier comme Soi Fon n’en avait encore jamais vu, il s’enroulait sur lui-même. Amusant et d’un style sympathique. Durant leur montée le barman les mit en garde contre les dangers de la ville, c’est du moins ce que pensa Soi Fon dans un premier temps mais l’échange qui s’ensuivit entre lui et Miyu lui fit comprendre qu’il s’agissait d’une sorte de code entre eux. Comme l’avait dit le gérant, que Miyu réponde avec une phrase en rapport avec la première n’aurait pas été un mal mais la junin préférait l’absurde, réponse qui n’étonna pas le moins du monde Soi Fon.
Le barman s’arrêta au premier étage et leur ouvrit l’accès à une pièce réservée au personnel, c’est ce qui était marqué sur la porte, et lorsqu’il les quitta, promettant de les rejoindre d’ici un quart d’heure, Miyu l’appela par son nom, Koyuki. Ainsi donc c’était lui. Bien, c’était prévisible mais au moins étaient-ils fixés à son sujet à présent.
La pièce que leur avait ouverte Koyuki était assez petite et avait tout l’air de n’être qu’un vestiaire mais une seconde porte au fond s’ouvrit sur une pièce déjà plus sympathique, ayant tout d’un salon dans le fond duquel s’ouvraient les portes de quatre chambre, ainsi que d’une salle de bain. *Sympathique tout ça. On pourrait presque se croire en vacance. Pas de fenêtre, ça c’est parfait, ça évitera les visites à la con, p’têt piéger la porte d’accès aussi tiens.*
Soi Fon choisit une chambre au hasard et s’installa sur l’un des canapés, comme l’avait fait Miyu un instant plus tôt, choisissant plutôt le canapé où elle n’était pas afin de ne pas trop la coller. La Renraku leur donna quelques informations quant à la suite des évènements, en attendant que Koyuki ne vienne les éclairer de ses lumières. Ils allaient devoir se séparer en trois groupes, Miyu étant un de ces trois groupes et elle irait à la rencontre d’assassins, les deux groupes restant devraient s’occuper du milieu des prostituées et de celui des voleurs. Si le chemin pour Soi Fon semblait tout tracé, elle n’en était pas si certaine, se disant que ce qu’elle verrait risquait plus de lui faire péter un câble qu’autre chose et de mettre la mission en péril… Quoi qu’il en soit, les décisions seraient prises au retour de Koyuki, aussi cela laissait le temps à la junin d’y réfléchir plus avant.
Miyu leur demanda ensuite, comme si de rien était ce qu’ils pensaient de la ville. ‘‘Cette ville craint… personne ou presque ne semble avoir échappé à la pauvreté, la violence est omniprésente et le niveau de vie n’est probablement pas la seule raison à cela. J’n’aime pas trop cette ville. Mais dis moi Miyu, je conçois parfaitement que ton contact ne veuille rencontrer que toi mais la jeune femme avec qui j’ai parlé m’a recommandé de ne jamais sortir seule, quelle que soit ma puissance et il est vrai que si l’ennemi arrive à trente, même nous autre junin serions en difficulté, n’est-ce pas trop risqué ? Je te proposerais bien qu’on t’accompagne jusqu’au lieu où tu dois rencontrer ton contact mais je doute que tu acceptes, seulement il serait ennuyeux qu’on te perde si vite.’’ Termina la junin avec une pointe d’humour.