Retour aux sources
Publié : lun. 25 août 2008, 15:13
Une éternité ... Elle n'aurait pas pu dire combien de temps exactement ils avaient été éloignés de leur foyer, traqués loin des glaces, trouvés les uns après les autres et ...
Maya revenait à son village natal, celui où sa mère et elle s'étaient installées il y a bien longtemps en quête de solitude et de calme. Elle avait beaucoup grandi depuis ce temps-là, évolué en une femme belle et froide comme la glace. Sa peau d'un blanc d'ivoire continuait de contraster avec ses cheveux poivre et sel. Mais désormais, loin de la coiffure de petite fille qu'elle arborait durant son enfance, elle portait ses cheveux longs et laches, flottant au milieu des flocons glacés saturant l'air frais de ses souvenirs. D'une main fine et soignée, elle écarta une mèche venue barrer ses yeux d'un bleu profond avant de continuer d'avancer dans le manteau blanc qui l'entourait. Approchant d'un des petits ruisseaux gelés du village, elle s'arrêta quelques secondes, une lueur fugitive d'émotion disparaissant de son visage de pierre. Elle se souvenait de son premier entrainement, de ses premiers contacts avec les enfants du village, mais une ombre vint rapidement remplacer ces souvenirs heureux, une ombre teintée d'écarlate qui les avaient traqués longtemps, si longtemps.
Après quelques minutes de marche, elle déboucha enfin aux abords du village. Instinctivement, elle tourna vers la gauche, puis vers la droite pour arriver enfin devant une bâtisse décatie et abandonnée. D'un pas résolu, la jeune femme entra dans le bâtiment en ruine, écartant du revers de la main une toile d'araignée qui pendait lamentablement devant le pas de la porte. Au sol, à l'ombre d'une table détruite, restait allongé un cadavre de lapin en peluche. Elle le ramassa religieusement, le portant inconsciemment contre sa poitrine avant de continuer à avancer. Les meubles éventrés encombraient le sol, renversés dans une pagaille épouvantable. De la neige s'immisçait par les nombreuses fissures des murs, couvrant de givre noir et sale les arêtes des surfaces encore viables. Quelques parchemins délavés pointaient hors d'une boite, elle les prit délicatement, soufflant sur les parties humides pour en faire partir les relents de poussière et de glace qui les traversait. Ce n'était que des restes de dessins, de lettres, de papiers, rien de plus. L'un d'eux attira néanmoins particulièrement son attention : un arbre généalogique du clan Heikin. Son sourire enfantin d'éblouissement et de découverte se mua en un rictus grimaçant de colère. Elle froissa hystériquement les papiers, les déchira et les jeta au sol avant de les piétiner avec fureur. La famille Heikin avait été exterminée, rien ne servait de se lamenter sur ses restes. Des larmes d'impuissance lui apparurent au coin des yeux, luttant contre le froid ambiant pour ne pas geler avant d'avoir roulé sur les joues de porcelaine de Maya. Son souffle s'entrecoupa de violentes crampes de tristesse alors que des sanglots commençaient à échapper par intermittence en un râle saccadé. Ses doigts se contractères douloureusement sur les restes de feuilles voletant autour d'elle comme autant d'anciens démons. Elle ressentit au fond d'elle le retour de la culpabilité, de la peur et de la haine. Et combien le prix à payer pour avoir la paix à nouveau avait été élevé. Elle se laissa tomber sur le sol glacé et la morsure du givre à travers sa combinaison permit à ses spasmes de se calmer. Elle se releva doucement, s'aidant des supports alentours et une fois sur pied, son regard avait à nouveau pris sa résolution habituelle. Il était temps de mener une nouvelle vie et de trouver un nouveau foyer.
D'un pas nonchalant, elle sortit de la baraque à l'abandon, tira d'une de ses poches une allumette, l'alluma à l'abri du vent avant de la jeter dans le tas de feuilles qu'elle venait de détruire. Le feu prit rapidement, attisé par le feu furieux qui soufflait sur la ville. Sans jeter un oeil en arrière, elle partit en direction du centre ville, avec comme seule preuve de son trouble une lueur de tristesse subsistant dans ses yeux. Ses pas s'accélérèrent alors que son regard était tourné vers les montagnes et elle se dirigea vers le centre de la ville. Il était temps de revivre.
Maya revenait à son village natal, celui où sa mère et elle s'étaient installées il y a bien longtemps en quête de solitude et de calme. Elle avait beaucoup grandi depuis ce temps-là, évolué en une femme belle et froide comme la glace. Sa peau d'un blanc d'ivoire continuait de contraster avec ses cheveux poivre et sel. Mais désormais, loin de la coiffure de petite fille qu'elle arborait durant son enfance, elle portait ses cheveux longs et laches, flottant au milieu des flocons glacés saturant l'air frais de ses souvenirs. D'une main fine et soignée, elle écarta une mèche venue barrer ses yeux d'un bleu profond avant de continuer d'avancer dans le manteau blanc qui l'entourait. Approchant d'un des petits ruisseaux gelés du village, elle s'arrêta quelques secondes, une lueur fugitive d'émotion disparaissant de son visage de pierre. Elle se souvenait de son premier entrainement, de ses premiers contacts avec les enfants du village, mais une ombre vint rapidement remplacer ces souvenirs heureux, une ombre teintée d'écarlate qui les avaient traqués longtemps, si longtemps.
Après quelques minutes de marche, elle déboucha enfin aux abords du village. Instinctivement, elle tourna vers la gauche, puis vers la droite pour arriver enfin devant une bâtisse décatie et abandonnée. D'un pas résolu, la jeune femme entra dans le bâtiment en ruine, écartant du revers de la main une toile d'araignée qui pendait lamentablement devant le pas de la porte. Au sol, à l'ombre d'une table détruite, restait allongé un cadavre de lapin en peluche. Elle le ramassa religieusement, le portant inconsciemment contre sa poitrine avant de continuer à avancer. Les meubles éventrés encombraient le sol, renversés dans une pagaille épouvantable. De la neige s'immisçait par les nombreuses fissures des murs, couvrant de givre noir et sale les arêtes des surfaces encore viables. Quelques parchemins délavés pointaient hors d'une boite, elle les prit délicatement, soufflant sur les parties humides pour en faire partir les relents de poussière et de glace qui les traversait. Ce n'était que des restes de dessins, de lettres, de papiers, rien de plus. L'un d'eux attira néanmoins particulièrement son attention : un arbre généalogique du clan Heikin. Son sourire enfantin d'éblouissement et de découverte se mua en un rictus grimaçant de colère. Elle froissa hystériquement les papiers, les déchira et les jeta au sol avant de les piétiner avec fureur. La famille Heikin avait été exterminée, rien ne servait de se lamenter sur ses restes. Des larmes d'impuissance lui apparurent au coin des yeux, luttant contre le froid ambiant pour ne pas geler avant d'avoir roulé sur les joues de porcelaine de Maya. Son souffle s'entrecoupa de violentes crampes de tristesse alors que des sanglots commençaient à échapper par intermittence en un râle saccadé. Ses doigts se contractères douloureusement sur les restes de feuilles voletant autour d'elle comme autant d'anciens démons. Elle ressentit au fond d'elle le retour de la culpabilité, de la peur et de la haine. Et combien le prix à payer pour avoir la paix à nouveau avait été élevé. Elle se laissa tomber sur le sol glacé et la morsure du givre à travers sa combinaison permit à ses spasmes de se calmer. Elle se releva doucement, s'aidant des supports alentours et une fois sur pied, son regard avait à nouveau pris sa résolution habituelle. Il était temps de mener une nouvelle vie et de trouver un nouveau foyer.
D'un pas nonchalant, elle sortit de la baraque à l'abandon, tira d'une de ses poches une allumette, l'alluma à l'abri du vent avant de la jeter dans le tas de feuilles qu'elle venait de détruire. Le feu prit rapidement, attisé par le feu furieux qui soufflait sur la ville. Sans jeter un oeil en arrière, elle partit en direction du centre ville, avec comme seule preuve de son trouble une lueur de tristesse subsistant dans ses yeux. Ses pas s'accélérèrent alors que son regard était tourné vers les montagnes et elle se dirigea vers le centre de la ville. Il était temps de revivre.