Tout est rédigé dans les couleurs suivantes :
Miyu : paroles en vert et pensées en bleu.
Musashi : paroles en indigo et pensées en bleu.
Ce topic se passe comme vous l'aurez surement devinés juste après le Bar.
La soirée fut des plus rudes pour les jounin, ça n’avait rien à voir avec un combat, c’était bien au-delà, mais malgré tout cette petite soirée avait été appréciable.
*Il va juste falloir que je recadre les choses avec mes genin, comme premier contact j’aurai préféré un peu autre chose qu’une beuverie mais qu’à cela ne tienne …*
Si on faisait le bilan de la soirée, on ne pouvait pas dire que Musashi avait des plus glorieux, certainement même moins que la majorité de ses genin. Pour lui un verre était déjà un verre de trop, donc forcément quand il s’agit de gnole … Musashi refit le défilé de chacun des événements de la soirée dans sa tête, de bout en bout il n’avait absolument rien géré, se faisant embrigader aussi bien par Miyu que par ses genin et même Leolio en fin de soirée.
Ce petit travail de mémoire, rendu peu aisé à cause des restes d’alcool toujours bien présents, dura tout le long du trajet de Musashi jusqu’à chez lui, un repos bien mérité l’attendait désormais. Seulement, le sort en décida autrement, Musashi se fit littéralement agresser aux abords de sa maison, le jounin n’avait pas senti l’ennemi approcher et s’était fait surprendre …
« … Tai … !? »
L’agresseur fut très vite reconnu, l’oiseau de Miyu fit comprendre au jounin qu’il ne ferait pas un pas de plus et se posa sur son épaule. *C’est pas vrai qu’elle me fait surveiller jusqu’ici … Elle va même réussir à m’empêcher de dormir si ça continue …*
Musashi stoppa rapidement ses pensées, il venait juste d’apercevoir que Tai était porteur d’un message. Le jounin s’en saisi et commença à lire celui-ci.
La manière dont c’était signé, inscrire simplement son prénom, ça n’avait rien d’anodin, ce fut ce que remarqua le plus le jounin qui resta scotché sur la signature pendant un petit moment avant de se rappeler du reste du message.Tu peux me rejoindre cette nuit au sommet de la plus haute tour de Suna
Miyu
*Elle veut que je la retrouve ?? *
Musashi n’hésita pas une seule seconde et parti en direction du lieu de rendez vous, alors que d’ordinaire il aurait sûrement tenté de fausser compagnie à l’oiseau pour se calfeutrer chez lui. Pour un peu, il aurait renversé Tai se trouvant sur son épaule en partant, il n’avait pas idée de ce que Miyu pouvait bien lui vouloir, mais un peu trop de questions étaient restées en suspend pendant cette soirée, il n’y avait pas à hésiter avant d’accepter l’invitation. En un sens, il voulait la revoir …
Tai prit son envole en pleine course et se dirigea lui aussi vers le lieu de rendez vous, il allait rejoindre sa maîtresse, indiquant par la même à Musashi où celle-ci se trouvait. Par quelques sauts le jounin se retrouva rapidement au sommet de la tour, là ou l’attendaient désormais Miyu et son oiseau, Musashi avait le souffle très légèrement haletant à cause de la précipitation avec laquelle il était venu, même si cela était particulièrement faible il n’en restait pas moins que ça se remarquait aisément.
Pas un mot, Musashi s’approcha de Miyu mais resta malgré tout à un espace de deux mètres de la chounin. Le jounin reprenait un peu son souffle et resta face à elle sans prononcer le moindre mot, la seule chose qu’il aurait pu dire aurait été un simple « qu’est ce qui se passe ? » mais son air en disait déjà tout autant.
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Tai sur l'épaule, Miyu regardait gentiment Musashi, assise en tailleur sur la tour. Le pauvre était un peu haletant et la dévisageait comme un naufragé dévisagerait un indigène qui vient de le découvrir étendu sur une plage. Mignon à croquer.
Elle était tentée de le taquiner encore un peu, mais le pauvre junin avait du avoir son compte pendant la soirée, inutile d'en rajouter.
La jeune femme invita Musashi à s'asseoir d'un petit geste de la main.
« Certaines vérités valent le coup d'attendre. » commença t-elle avec tendresse.
Fini le regard espiègle et l'attitude frisant l'insolence.
« Cela fait longtemps que l'on aurait du avoir cette conversation mais on ne demande pas au vent de souffler dans telle ou telle direction, balancés comme des fétus de paille dans les rouages de nos vies nous n'avons pu être enfin seuls avant maintenant.
Avant tout sache que tu m'as manqué. Je ne dirai pas que je pensais à toi à chaque instant mais lorsque cela m'arrivait j'avais envie de te revoir. Nos conversation d'étudiants sur la meilleure manière de gérer un déboitage d'os... surtout au niveau du genou... tu t'en rappelles ? J'étais partisane du fait de lui remettre directement en place à la main avant de soigner avec un jutsu de base... alors que toi tu soutenais une théorie un cran moins... expéditive si je puis dire... ta théorie était surtout bien plus développée et bien moins douloureuse si mes souvenirs sont bons.
Tu te demandes peut être encore ce qui s'est passé exactement ce fameux soir où nous sommes sortis à l'abattoir tout les deux ? » dit elle en sautant du coq à l'âne avec une étrange facilité.
« C'est très simple en fait : on a couché ensemble ! »
Aucune gêne, la chunin avait énoncé cette vérité avec une simplicité frisant la vulgarité.
« C'est en fait un peu plus compliqué que ça... je suis prête à tout te raconter si tu te sens d'attaque... »
Une proposition qui n'en était pas vraiment une... elle savait que le pauvre Musashi accepterait illico. Il avait l'air suffisamment tourmenté pour écouter la chunin parler des heures durant.
*Ce matin là aussi... les étoiles brillaient... *
* Pas autant que tes larmes... * lui répondit Tai.
La chunin dévisagea Musashi avec intensité.
« Certaines vérités méritent parfois d'être cachées... d'autres encore ne devraient parfois pas être entendues. Choisis. » dit elle avec un sourire mystérieux.
En fait de choix, le pauvre junin n'en avait pas beaucoup à sa disposition. En fait il n'en avait guère plus qu'un.
Le jounin s‘essaya dès que la chounin l’invita à le faire, il approcha malgré tout d’un pas avant de s’exécuter et ne se trouvait plus qu’à un mètre d’elle, également assise en tailleur. Miyu commença la conversation avec une phrase qui ne faisait que confirmer ce pourquoi Musashi s’était précipité en haut de cette tour, il attendait d’en savoir plus sans savoir précisément sur quel sujet, si ce n’est sur lui-même. La voix de la chounin était d’une extraordinaire et inattendue douceur, s’il n’avait pas été suspendu à ses lèvres en attente de révélation nul doute que Musashi y aurait succombé.
Musashi absorbait chacun de ses mots, même ceux relatant leurs souvenirs communs. Oui il avait repensé à elle également pendant ces années, mais assurément pas de la même manière. Pour lui cette fameuse soirée n’avait été qu’un rêve, il avait vécu tout en restant fort de cette conviction pendant des années, il s’en était persuadé de lui même, et voila que quelques heures avant cette entrevue ce rêve s’avérait être tout ce qu’il y avait de plus vrai. Nul doute que s’il avait reconnu la réalité de ce souvenir, alors Musashi aurait pensé à Miyu en d’autres termes pendant tout ce temps qui les avait séparé, pour un peu il s’en voulait en ce jour de ne pas avoir pu penser à elle autrement qu’à travers l’image d’une fille semant le chaos partout autour d’elle, ce qui n’était pas forcément faux non plus :p.
Cependant, la séquence souvenirs s’estompa en l’espace d’une phrase, cette nuit précédente à l’Abattoir reprenait maintenant le devant de la scène. La chounin annonça sans aucun détour tout ce qui avait été sous entendus juste avant dans le bar, ils avaient bel et bien couché ensemble. Musashi ne sursauta ni ne montra de signes de panique, les différents sous entendus de la soirée l’avaient déjà totalement préparé à cette révélation, Musashi l’acceptait parfaitement maintenant, enfin presque, après tout cette révélation n’était encore que très récente.
Malgré tout, Miyu annonça que la chose avait été un peu plus compliqué que cela, hors dans les souvenirs de Musashi cela avait très clair dans les actions, aux différents moments de blackout prêts bien évidemment :p. Rien que cette phrase intrigua Musashi qui se rendait compte que, malgré tous ces souvenirs qui refaisaient surface, encore beaucoup de choses lui échappaient totalement à propos de cette fameuse soirée. Miyu était très habile, elle menait Musashi comme elle le voulait, les phrases étaient tournées de manière à éveiller la curiosité du jounin, il était clair qu’il ne pouvait refuser une telle invitation à poursuivre la conversation. Qui plus est, Tai ajouta une phrase qui n’échappa pas à Musashi, ne faisant que renforcer encore un peu plus sa curiosité.
*Des larmes … !?*
Dans le regard du jounin pouvait se lire un certain étonnement, il était quasiment inconcevable pour Musashi d’imaginer Miyu avec des larmes perlant sur ses joues, mais on pouvait également y lire un sentiment beaucoup plus fort et beaucoup plus intense, de l’inquiétude… Ce sentiment n’était clairement pas dissimulé dans les yeux du jounin fixant ceux de la chounin, qu’est ce qui avait bien pu la faire pleurer …
Miyu fixait maintenant Musashi avec un regard des plus intenses, le jounin ne pouvait s’en échapper, même la phrase énigmatique qu’elle prononça ensuite ne put faire dévier le regard de Musashi. Elle lui laissait un choix pour lequel Musashi n’avait pas la moindre hésitation, il continuait de fixer le regard de la chounin tout en acquiescent de la tête, il voulait en savoir plus, il ne prononça pas le moindre mot mais son attitude était limpide quant à ses intentions.
Musashi s’approcha un peu plus de Miyu sans pour autant bouger de sa position, il approchait simplement un peu plus son visage, comme pour prêter son oreille encore un peu plus prêt afin d’être sûr de bien entendre. Son visage était maintenant proche de Miyu, ses yeux étaient emplis d’inquiétude pour la chounin mais également de questionnement, son regard plongeait désormais dans celui de la chounin en attente de la suite.
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Si près. Il se tenait si près.
* Ne me tente pas Musashi... *
Ce visage qu'elle avait embrassé, parcourue et caressée de ses mains pendant ces instants de passion qu'ils avaient partagés pendant leur première et jusqu'à présent unique étreinte fusionnelle... se trouvait à présent suffisamment proche pour qu'elle n'ait qu'à se pencher pour poser ses lèvres contre les siennes.
Ah les hommes ! Croyaient ils être les seuls créatures assujettis au désir et au plaisir ? La tentation n'était pas homme mais Homme.
*Ce serait quand même un peu déplacé... * estima t-elle avec un sourire intérieur.
Que lui arrivait il ? Devenait elle raisonnable ? L'influence de Musashi sans doute.
* Et moi je lui fais aussi un effet de ce genre ? *
En tout cas il était bien là et visiblement impatient de comprendre toute la portée de cette soirée.
« Pour comprendre exactement tout... il va falloir en passer par plusieurs étapes... mais je te sens prêt à m'écouter alors commençons ! » entama t-elle avec un clin d'oeil.
« Faire concorder la naissance d'un enfant Renraku avec celle d'un oisillon Renraku est généralement perçu dans le clan comme un bon présage. Ce n'est en rien une obligation, juste le reste d'une ancienne légende. Il se trouve que l'après midi précédant cette fameuse soirée, j'ai appris qu'une de nos femelles faucon attendait un enfant. L'oeuf met toujours longtemps à éclore cela tourne généralement entre huit et dix mois.
Toujours est il que tu étais un des seuls à me supporter à l'époque. Il faut reconnaître que j'avais mon petit caractère mais bon... » continua t-elle comme si aujourd'hui elle s'était assagie.
« J'étais heureuse de passer cette soirée avec toi. Rien que toi et moi à l'Abattoir mon bar favori, c'était le rêve. A l'académie on était toujours très occupés entre les dossiers, les entraînements et nos vies privées... cette soirée représentait un peu une récompense.
Sauf que je ne savais pas que tu ne tenais pas l'alcool... ou alors je ne voulais pas le savoir... toujours est il que je t'ai fais boire un Inferno.
Tu t'es immédiatement écroulé sur la table. Au début je n'y ai pas crue... je me suis dit que tu faisais le clown. Enfin après cinq secondes de réflexion, t'associer à l'image d'un clown semblait un tantinet fantasmagorique. C'est donc là que je me suis penchée vers toi pour me rendre compte que tu étais endormi. J'ai trouvé ça attendrissant, je l'avoue. Ton visage au repos, complètement détendu, ça changeait du Musashi à l'air un peu mélancolique malgré sa bonhomie et sa gentillesse coutumière. Alors j'ai fini mon Inferno et je t'ai porté jusqu'à un hôtel proche. Après avoir pris une chambre je t'ai installé dans le lit. Au début je voulais juste te laisser dormir là mais je me suis dit que peut être tu te réveillerais et que donc on pourrait sortir autre part.... alors je me suis agenouillée au bord du lit et j'ai attendu. Sauf que je me suis endormie. Quand je me suis réveillée tu t'étais recroquevillé en position foetale à cause du froid ambiant et ton visage se trouvait près du mien. Trop près. Je ne sais pas pourquoi mais je t'ai embrassé. Je devais croire que j'étais encore dans mon rêve... » éluda t-elle sans préciser de quoi était composé son rêve.
« Je pense que je me serai arrêtée là... si tu n'avais pas répondu à mon baiser de cette manière... » dit elle avec un clin d'oeil coquin.
« J'ai embrassé peu de garçon mais je peux t'assurer sans mentir que tu étais le plus doué. Inutile que je te détaille ce qui s'ensuivit, bien que consciente que ce n'étais plus un songe et que tu n'étais plus tout à fait maître de toi même, j'ai poussé la chose plus loin et tu as fait de même. Intérieurement j'ai justifiée mes actes sur le moment en pensant à l'oeuf Renraku. J'étais en âge de procréer ainsi que dans la bonne période et tu faisais un excellent géniteur. C'était peut être un signe.
Pourquoi alors ne m'as tu pas retrouvé à tes côtés le lendemain matin en te réveillant ? La grande question... à laquelle je vais te répondre sincèrement malgré les sentiments contradictoires qui me poussent à te dissimuler une partie de la vérité... » continua t-elle en grimaçant.
« Alors que j'approchais inexorablement des champs extatiques auxquels tu persistais, avec beaucoup d'adresse, à m'emmener encore et encore je t'ai juste entendu prononcer mon prénom. Ce simple « Miyu » avait été prononcé avec un certain hébétement. Comme si tu sortais d'un songe et que tu étais étonné de ce qui se passait. Ce qui n'étais pas étonnant après réflexion.
D'un coup, une épaisse chape de culpabilité m'a recouverte et je me suis sentie sale. C'était au mieux une manière de profiter de toi, au pire on pouvait aisément qualifier cela de « viol ». Je me suis tout de suite arrêtée et j'ai discrètement glissé sur le côté. J'ai ressentie de la honte... peut être pour la première fois de ma vie. Tu étais un de mes seuls, si ce n'était seul ami. Bien que je me suis rendue compte à ce moment là que pour moi tu étais plus que ça, je ne savais pas ce qu'il en était de ton côté. C'était dégueulasse de te faire ça sans que tu en sois pleinement conscient. Je me suis rhabillée et j'ai plié tes vêtements disséminés dans la chambre avant de les placer sur une chaise. A un moment tu as papillonné des yeux et tu as failli te réveiller mais je t'ai murmuré un simple « dors » et tu as replongé dans le sommeil.
Je t'ai regardé assoupi encore quelques minutes. Les draps étaient défait et tu étais empêtré dans le tissu, mais cela n'a pas semblé te déranger... »
Miyu parlait d'une voix lointaine, le regard dans le vide. Elle semblait revivre cette soirée en même temps qu'elle en comptait le récit à Musashi.
« J'ai posé une plume sur tes affaires et j'avoue que je t'ai volé un dernier baiser avant de sortir. »
Elle sourit à nouveau. Un sourire inhabituelle. La chunin avait l'air de se moquer d'elle même. Après tout, Musashi ne savait sûrement pas ce que c'était cette fameuse plume : elle ne le lui avait jamais dit nouille qu'elle était.
La jeune femme savait qu'elle aurait pu s'arrêter là. Mais elle avait promis à Musashi d'aller jusqu'au bout de son récit.
« Je suis descendue et j'ai payé la chambre à l'avance à un propriétaire somnolant. Je suis rapidement sortie dans la nuit et je me suis baladée, errant un peu désorientée dans le village. J'ai finit par atterrir ici.
Ce soir là, les étoiles me semblaient un peu floues et aussi plus lumineuses. Ce n'est qu'en sentant mes joues se mouiller que je me suis rendue compte que je pleurais.
Moi, Miyu Renraku... tu te rends compte ? » Elle même semblait étonnée que ce fut possible.
« Voilà toute l'histoire... j'ai fini par m'endormir ici et je me suis enfermée chez moi le lendemain jusqu'à ce que je reçoive mon ordre de mission pour le Conseil... »
Elle semblait vouloir en dire plus, alla jusqu'à ouvrir la bouche comme si elle allait ajouter quelque chose mais elle finit par la refermer. Miyu se contenta d'observer Musashi, attendant de voir comment il allait avaler la somme d'informations et peut être de souvenirs qui devaient affluer en ce moment.
Le pauvre, même maintenant elle continuait de lui causer du soucis.
* La vérité peut avoir bien des visages... lequel choisiras tu Musashi ?*
La chunin sourit discrètement. Son coeur battait fort. C'était amusant.
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Abasourdi, il n’y avait pas d’autre mot pour qualifier la réaction de Musashi, à chacun des mots de la chounin il revivait cette fameuse soirée, ressentait son intensité, ressentait ses mêmes émotions, ressentait la chaleur de celle qui avait été à ses côtés ce soir là … Son cœur s’emballait, il frappait à en faire imploser sa cage thoracique.
Tout dans la manière dont Miyu avait fait son récit ne pouvait que faire perdre ses moyens au jounin. Commencer par un clin d’œil, on n’avait pas idée d’afficher une telle provocation face à quelqu’un comme Musashi, il se liquéfiait au moindre geste un tant soit peu aguicheur ou provocateur provenant d’une fille, provenant de Miyu cela pouvait être assimilé à un véritable coup de grâce …
Qui plus est, Miyu poursuivit en parlant d’enfants Renraku, elle ne parlait déjà plus de la soirée.
*Alors … Cette histoire d’enfant …*
Ce doute qui avait disparu au moment où il avait franchi les portes du bar revenait désormais au triple galop, ce geste qu’elle avait affiché en posant la main sur son ventre, avait-il vu juste finalement ?? La suite, il attendait la suite, se torturer l’esprit en attendant la réponse définitive ne pourrait que lui provoquer de graves lésions au cerveau tant son état était des plus instables.
Le récit de la soirée suivit, la résistance légendaire de Musashi à l’alcool, l’évanouissement qui en suivit, le transport jusqu’à l’hôtel, l’allongement sur le lit, tout ce récit allait bien trop vite, et pourtant pour rien au monde Musashi n’aurait voulu qu’il ralentisse tant sa respiration et son rythme cardiaque étaient haletants.
Ce baiser, il y avait répondu, il s’en souvenait, pour lui cela n’avait été qu’un rêve, un songe, peut être même un espoir, mais cela jamais il n’aurait osé l’admettre … Mais la précision du récit ne laissait désormais plus de doute sur la véracité de ces pensées qu’il avait résigné pendant des années tant il avait honte de penser à de telles insanités… Le souvenir de ce baiser focalisa toute l’attention de Musashi qui nota à peine le clin d’œil coquin celle qui devenait sa partenaire de deux soirs, un souvenir comme celui-ci ne pouvait être troublé.
Le récit de l’acte fut volontairement ellipsé par Miyu, c’était certainement mieux ainsi, Musashi avait ses souvenirs, ses rêves, inutile de venir y greffer une nouvelle histoire qui aurait pu entacher ces pensées qu’il ne refoulait désormais plus tant il parvenait aujourd’hui à les accepter, cette nouvelle soirée dans ce bar avait fini par faire accepter beaucoup de chose à ce jounin renfermé et droit qu’était Musashi.
La suite de l’histoire fit changer radicalement le visage de Miyu, mais également de Musashi.
*Sale … ??*
Elle s’était sentie « sale », que ce mot était chargé de violence, même celui de « viol » n’affecta pas autant l’esprit de Musashi. Même après ces événements, le jounin ne pouvait accepter que Miyu s’inflige une telle vision d’elle-même …
Ce moment où elle était partie, Musashi ne s’en souvenait plus, à croire que ses rêves n’avaient pas pris en compte ce moment, préférant oublier ce départ soudain, même ce dernier baiser après avoir déposé la plume ne lui évoquait rien. Cette plume il l’avait bel et bien vu le lendemain, il savait ce qu’il en avait fait, mais il ne savait toujours pas ce que celle-ci avait bien pu signifier, peut être lui demanderait-il plus tard, mais pour l’instant l’heure était à la fin du récit.
Miyu avait pleuré, celle-ci s’en étonna elle-même, mais étrangement le jounin quant à lui ne s’en étonnait pas réellement, même si ses actes en cette soirée avaient été peu recommandables il n’en restait pas moins qu’elle avait perdu de sa propre estime et de sa force ce soir là, il était normal de craquer dans ces conditions.
Le jounin ne laissa pas filer le silence suite au récit, il s’approcha et vint se mettre à genoux juste en face d‘elle, prenant le visage de Miyu entre ses deux mains, posant son front contre le sien, fermant les yeux tout en prenant la parole à son tour.
« Tout ce que tu as pu me dire ce soir m’a fait réaliser une chose, tout ce que je pensais avoir rêvé n’était en fait que réalité, je ne suis pas sûr de me souvenir de tout à propos de cette soirée, il est même peu probable que ce soit le cas, mais tous ces souvenirs ont appartenus pendant toutes ces années à mes rêves.
Je ne sais comment expliquer cela, j’ai refoulé tellement de choses pendant toutes ces années que j’ai cru que tout ceci n’avait jamais existé, quand ce soir tu as commencé à me raconter tout cela j’ai pris peur, je trouvais cela tellement plus beau de croire qu’il s’agissait d’un rêve, et en même temps c’était tellement plus facile à fuir que la réalité … En donnant vie à tout cela j’ai réellement paniqué et pourtant … pourtant je ne regrette pas …
Tu m’en as appris nettement plus sur moi-même que n’importe qui, tout comme toi à l’époque on ne peut pas dire que j’avais un grand nombre d’amis, tu étais la seule qui me parlait, même si je sentais bien au départ que ton approche pouvait être motivée par ce que je pouvais t’enseigner en médecine cela me plaisait, parce que pour une fois quelqu’un s’intéressait à moi pour autre chose que pour mon masque et ce qu’il pouvait bien cacher, je ne pouvais refuser, c’était déjà énorme pour moi. Mais j’ai compris que bien plus tard que toutes tes actions plus ou moins violentes vis-à-vis de moi cachaient autre chose qu’un simple rapprochement par intérêt « scolaire », je n’avais jamais compris ce que c’était jusqu’à aujourd’hui, enfin je comprends.
Tu es la personne qui m’a sauvé d’une solitude certaine, même si j’avançais et réussissais dans les arts médicaux je n’avais personne à qui me raccrocher ou même à fuir, tu es la seule personne qui ait pu m’offrir tout cela à la fois, la personne qui m’a fait goûter à de nouveaux aspects de l’humanité, des aspects qui même s’ils ne sont pas ma ligne de conduite resteront gravés dans ma mémoire à jamais. S’il te plait, ne dis pas que cette personne là est sale … »
Musashi relâcha ses mains, décolla son front de Miyu, puis ouvrit les yeux. Son discours, jamais il ne s’était autant livré, jamais il ne s’était autant abandonné à quelqu’un, mais après tout n’était-ce pas ce qu’elle venait de faire également ? Musashi se devait de lui répondre de la même manière, même si le style pouvait paraître décousu il s’agissait bel et bien là du fond de sa pensée. Par ce discours il révélait en partie le fait qu’il ait des sentiments pour la chounin, mais il n’était pas allé jusqu’à les avouer totalement, tout simplement parce qu’il ne se rendait pas compte lui-même de la présence de ces sentiments là en lui, tout comme il ne s’en était pas rendu compte à cette époque là alors que ceux-ci étaient bien réels…
Par ce petit discours il espérait avoir rassuré la chounin sur cette soirée là et sur ce qu’elle avait fait, lui ne lui en voulait pas, jamais il ne pourrait lui en vouloir pour quoi que ce soit, il ne voulait simplement plus la voir se rabaisser elle-même ou pleurer, ce n’était pas la Miyu qu’il aimait, il ne voulait plus la voir ainsi.