Au loin, on pouvait apercevoir les premiers contours des cimes enneigées. Un profond mal-être envahit notre étudiant. Il ne savait pas vraiment pourquoi. C’était comme ça, certaines choses ne nécessitent pas d’explications, elles vous arrivent sans crier gare et l’on doit l’accepter. Les premiers arbres se dressèrent, fidèles à eux-mêmes , à nouveau blanc. Un petit sourire se dessina, la nostalgie des heures passées à fréquenter cet endroit sans doute. Les premiers flocons saluèrent son arrivée, et vinrent se percher sur sa chevelure ondulante.
Il passât les ruelles sans prêter attention à l’agitation qui habitait celles-ci. Peut-être le retour de la neige était elle fêté ? Pourtant les rues recouvertes d’une couche épaisse de leur habituelle neige ne semblait pas avoir été perturbé par les incohérences climatiques. Quelle idée farfelue, vouloir apporter le printemps à Yuki. C’est finalement aussi aberrant que d’apporter la pluie à Suna, encore que l’on peut voir sur la carte ninja, un anticyclone qui touche Konoha venant de Suna. Alors que la dépression qui touche actuellement Iwa (leurs ninja seraient ils vraiment trop mauvais pour qu’ils soient en pleine dépression ?) se dirige, poussé par le moustral (un vent du sud se dirigeant vers le nord), vers un village de fiers et d’irréductibles … ninja, j’ai nommé Yuki. Les températures pour la matinée seront d’abord fraîches pour la partie sud de la carte et remonteront peu à peu dans l’après-midi. Enfin tout cela n’avait guère d’importance puisque de toute façon, il neige toujours à Yuki, donc l’idée de faire un post météo dans cette région a été rapidement abandonné par les autorités locales. Il faut tout de même dire que le succès fut loin d’être au rendez-vous, puisque tout le monde sait à l’avance le temps qu’il fera le lendemain. Ainsi une nouvelle fois dans la région de Yuki, une entreprise a fermé ses portes et s’est délocalisé à Konoha où le temps plus instable permet de meilleurs audiences et ainsi les tarifs de pub pouvant être augmentés. Mesdames et messieurs je vous demanderais donc d’organiser une marche silencieuse en guise de protestation et pour montrer notre soutien envers ces trois employés (la présentatrice, celui qui regarde les cartes et celui qui écrit les textes) abusivement licenciés. Aujourd’hui je ne vois qu’un seul coupable, mais bon si vous en voyez un autre n’hésitez pas à nous l’indiquer, nous n’hésiterons pas à ne pas donner suite à votre appel.
Sa maison se dressait fière devant lui. Les pilotis de bois, légèrement verni et patiné par le temps offrait une légère teinte ocre à qui s’approchait de cette paisible demeure. Toshiro pénétrât dans sa maison et ne put s’empêcher de s’affaler sur le futon harassé par son voyage. Ses yeux se fermèrent d’eux-mêmes, encore tout habillé, il tombât dans les bras de Morphée. J’ose espérer que ses rêves furent doux.
Au petit matin en se levant, après avoir déjeuner, il saisît un balai et commençât le grand nettoyage de… printemps (enfin façon de parler). Des petits monticules de poussières s’accumulaient un peu partout dans la maison. Les araignées gambadaient allègrement tandis que leurs toiles subissaient les affres du retour de adolescent. Revoir des lieux familiers n’était pas pour lui déplaire, il déplaçât quelques malles qui se trouvaient ici et là. Appartenant à ses parents, elles n’avaient pas été ouvertes depuis leur mort. Poussé par une curiosité bien normal pour un enfant de cet âge, il ouvrit une de ces malles.
Des ustensiles de toutes parts, des bols, des spatules, une bouilloire à surface granuleuse, une cruche métallique, un porte-couvercle en anneau sur trépied, des soucoupes surélevés, un plateau carré, un pot de thé bombé dans un sac. Intrigué, il les sortit tous, les essuyât, au fond un parchemin cachetté, d’un geste vif, il l’ouvrît. Là quelques mots simples, calligraphiés s’adressant sans doute à son père étaient inscrit.
Poursuivant sa lecture. Le texte commençait par :De la part de Soji Yamanoue, pour un ami : Sagara Oda.
L’écriture était fine, déliée et élégante. Malheureusement l’héritier de ce parchemin ne comprenait pas de quoi il s’agissait. Quelle était donc la Voie du Thé et pourquoi son père avait il en sa possession un tel parchemin ? Jamais au sein de sa famille, il n’avait entendu parler d’une telle chose. Poursuivant sa lecture :Tout d’abord l’origine de la Voie du Thé est…
Absorbé par cette lecture, il feuilletait une par une les pages de ce document. Apparemment, d’après ce que Sagara comprenait, le but était de rejoindre la voie du Thé et celle des ninja. Tout semblait si obscur pour lui. Une liste des instruments à utiliser pour cette cérémonie était répertorié sur une quinzaine de pages, avec leurs origines et leur utilités. La procession et l’ordre de chaque mouvement était soigneusement consigné.La Voie du Thé n’avait à l’origine qu’un but : déguster le plus délicieux thé possible. Pourtant peu à peu, on s’éloigne de la simple gourmandise pour imposer tout un rituel dans la manière de préparer et servir le thé. Imprégnée d’esprit zen, la cérémonie s’organise selon les principes d’austérités et de dépouillement de cette religion.
Son père aurait il été l’élève de cet homme ? De ce Soji ? Pourquoi un ninja ce serait il intéressé à cette voie ? Pouvait il trouver un rapprochement entre son futur métier et celui qu’exerçait Yamanoue ?Ce livre est pratique pour le débutant mais non pour le vétéran, qui connaît déjà l’importance d’un style simple et sain.
Tout ce charabia paraissait bien obscur et de peu d’utilité, pourtant un peu plus moins sa lecture s’arrêtât sur un passage marquant, le troublant fortement :On appelle « homme de thé », l’expert en ustensiles qui dirige bien la cérémonie et gagne sa vie avec.
On appelle « amateur éclairé » celui qui ne possède rien, mais ne cesse de réfléchir à un style original.
On appelle « Maître » celui qui non seulement répond aux critères de l’homme de thé mais est aussi un bon collectionneur d’ustensiles chinois anciens.
Devait il relier ces préceptes au monde ninja ? Ainsi ceux qui lui enseignent leur art seraient trop jeune et n’aurait pas encore atteint la Voie permettant la maîtrise absolue de leur art. Peut-on enseigner lorsque l’on ne maîtrise pas complètement sa Voie ? Mais est-ce aussi simple. Toutes ces questions traversaient l’esprit de Toshiro, après la lecture de ce livre désormais étalé sur ces tatamis. Se levant, il prit soigneusement les ustensiles et se mit à les nettoyer. Un par un, délicatement, il les posât sur l’étagère. Suivant les indications écrites, il voulût préparer un thé. Malheureusement, trop perturbé, tout échouât, l’eau chauffât trop longtemps, les feuilles furent mal écrasées et il en renversât sur le sol. Agacé par sa maladresse, il tapât violemment une des bibliothèques qui ornent son salon.De quinze à trente ans suivre aveuglément toutes les instructions du Maître. De trente à quarante, en revanche, il convient de réfléchir et d’arriver soi-même aux bonnes décisions. De quarante à cinquante ans, il faut prendre le contrepied du Maître afin de trouver son propre style et d’être digne d’être appelé Maître à son tour : « Renouveler la Voie du Thé ! ». De cinquante à soixante ans, refaire en tous points ce que le Maître faisait (jusqu’au simple geste de transvaser l’eau d’un récipient dans un autre). Prendre exemple sur tous les Maîtres. A soixante-dix ans, tenter d’atteindre la maîtrise de la cérémonie dont Monsieur Soeki a aujourd’hui parachevé et que personne ne saurait imiter.
Les passages sur la Voie du Thé sont tirée de "Le Maître de thé" de Yasushi Inoue