Shiori après avoir traversé le centre ville arriva enfin devant la maison qui l’impressionnait tant et dans laquelle elle était hébergée. Elle poussa le portail, traversa la cour, monta le petit escalier qui menait au-dessus de la grange, à la chambre d’amis qui était devenue temporairement la sienne. Là, elle posa sa sacoche sur le petit bureau, et l’ouvrit. Mais le pigeon y était bien loti et ne s’envola pas. Il devait être fatigué, en conclut-elle. Elle le laissa roupiller. Et à son tour d’ailleurs, elle se posa sur son lit. Elle ferma les yeux, et s’amusa à faire circuler son chakra en elle. Cela avait le don de la réconforter, mais le retour à la réalité n’en était que plus attristant. Elle se sentit bien cependant. Un moment. Soupirant, elle se leva, jeta un œil au piaf endormi.
« T’es bien à l’aise toi, nourri logé aimé… hm, mais j’vais un peu t’garder avec moi. » murmura t-elle.
Elle avait bien l’intention de répondre à Takeshi, mais d’abord, un peu de toilette lui ferait du bien. Elle passa dans la petite salle de bain d’à côté, se déshabilla, se lava, et revêtit sa deuxième tenue, puis se mit à laver la première dans le lavabo. Puis elle essora le tout et l’étendit sur son lit pour faire sécher. Elle se dirigea ensuite vers son vieux balluchon de toile, en sortit ses affaires de cours, son petit cahier et son crayon. Elle arracha soigneusement une page encore vierge et dont les coins n’étaient pas pliés, écarta sa sacoche dans laquelle gisait le piaf endormi et se mit à rédiger :
Elle mordilla la pointe de son crayon et se demanda par quel bout commencer, ses yeux parcoururent les murs de la chambre du regard, regard qui s’attarda sur son lit. La pointe du crayon toucha à nouveau la feuille. Et elle nota :« Mon Takeshi ! J’ai été tellement contente de recevoir ta lettre ! Ce brave Ykkô, il ne s’arrêtera donc jamais hi ! D’ailleurs, je pense le garder un ou deux jours avec moi c’est sans doute pourquoi cette lettre que je suis en train de t’écrire t’arrivera un peu plus tard que ce qu’elle aurait dû mais bon, de toutes façons, les délais, on est pas à un ou deux jours près ! Vous me manquez tous tellement…ici c’est très bien, mais je me sens tellement seule… Faut que je te raconte tout depuis le début ! »
Là, la jeune fille s’arrêta. Elle avait compris pourquoi les déserteurs étaient chassés. Elle reprit :« En fait, au début, j’habitais dans la rue, ça me gênait pas tant que ça. Mais le premier jour de cours, ça m’a fait arriver en retard… Le professeur était gentil, mais je sais pas, il me faisait un peu peur… Il y a des autres élèves qui sont bizarre… y en a un qui a même défoncé une porte… Y en a un, il ressemble trop à Seïshô…son sosie… au début j’ai cru que je rêvais. Mais depuis, il est plus venu aux autres cours… Et il y a une autre fille, celle-là c’est une amie, enfin moi je vois ça comme ça, j’espère que c’est réciproque. Elle s’appelle Namuya et elle est très gentille, même si elle semble parfois un peu distante, elle a l’air perdue par moments… Mais je l’aime beaucoup. Le jour d’après on a eu un autre prof. Une autre prof plutôt. Elle fait moins peur que le premier. D’ailleurs j’ai réussi à maîtriser une technique ! »
Shiori se surprit à sourire en écrivant ses lignes, elle avait réussi à se redonner un peu d’espoir, à mettre sur papier ses croyances naïves.« Par contre, je peux rien te dire, je sais pas si j’ai le droit en fait, ça m’a l’air secret tout ça, et dangereux si tout le monde savait le faire…T’imagines, si tout le monde se métamorphosait en Kaede ? La mort partout !!!! (je plaisante bien entendu^^). Mais bon, tout ça, c’est pas si terrible que ça. En fait, le problème, c’est que je connais personne ici… Enfin il y a bien Namuya, mais j’ai peur de l’embêter. Mais faut que je te raconte un autre truc… Hakura, il était à Iwa ! Il était élève ici ! Mais il est parti…comment je sais tout ça ? En fait, j’ai dit que j’habitais dans la rue, ben c’était vrai il y a quelques jours. Mais un soir, d’ailleurs j’ai eu la peur de ma vie ce soir là ! Un soir un jounin qui s’appelle Hyodo m’a dit d’habiter chez lui… Ca fait bizarre d’y repenser maintenant… Mais il connaissait mon frère, c’est lui qui m’a dit tout ça. Mon frère, à Iwa ! Hakura ! Ca aurait été trop beau pour être toujours vrai… il est parti du village y a quelques années, il a mal tourné. Mais ça fait rien, je le ramènerai, je le ramènerai à Iwa, je le ferai retourner du bon côté :p. »
Shiori jeta un œil au volatile qui dormait toujours, eut un sourire attendri, reporta son attention sur sa feuille. Ce petit oiseau avait l’air si libre….« Sinon quoi raconter d’autre ? Vous me manquez tous tellement, vous serez toujours pour moi ma deuxième famille, et qui sait, on se reverra certainement un jour . Mais je sais pas trop quoi écrire… ah si, à l’académie, on est payés, je me suis acheté une sacoche et un shuriken ! Tu sais les petites étoiles, je trouve ça joli. Mais terrible… Ca fait bizarre quand même d’avoir une arme en main… mais moins qu’utiliser une technique de genjutsu… Je préfèrerai utiliser juste les armes, moi. Je ne trouve pas ça très honnête, le genjutsu. Comment t’expliquer ? C’est un peu comme de la magie… par exemple, je sais me transformer en quelqu’un d’autre. »
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« Je suis trop contente d’avoir eu de tes nouvelles, je commençais un peu à me sentir prisonnière ici… On n’a pas le droit de sortir du village, d’ailleurs une fois je l’ai fait… je sais c’est pas bien… mais il y a des gens très dangereux qui rôdent hors du village. On les appelle déserteurs… Hakura est un déserteur… mais lui il est pas dangereux, je le ramènerai ! Enfin bon, je me demande si un jour je pourrai repasser voir maman, Kohaku, Hitomi, Yukito… Et vous aussi bien sûr ! Sur ce, je vais arrêter d’écrire, je commence à avoir mal à la main, et puis, je sais plus trop quoi dire sans me répéter… J’ai pas autant d’imagination que toi en ce qui concerne l’écriture… je sais, je prends plus de place, mais j’écris plus grand, de façon jolie et aérée, pas des petits trucs illisibles, je suis une fille et je m’applique, moi, namého :p hihi ! A très bientôt j’espère mon petit Takeshi^^. »
Et rajouta :« Shiyaka-chan. »
Elle eut un petit rire en achevant sa lettre, puis la plia. Elle regarda l’oiseau qui dormait, et le prit dans ses bras.« PS : avant de répondre, laisse quand même se reposer ce brave Ykkô ! Il est si mignon, j’avais oublié combien je l’adorais ce piaf, en fait je me demande si je vais pas le garder deux trois semaines avec moi ! Je plaisante, hi, je pourrai pas attendre si longtemps avant de te contacter ! Mais j’aimerais tellement que tu sois à Iwa… Et Ykkô… je voudrais le garder toute ma vie ! D’ailleurs je vais te laisser pour aller le serrer très fort dans mes bras cet amour ! *morte de rire* bisou ! »
« Hein mon petit Yk…Ykkô ? YKKô ?YKKô ????????? »
La panique commença à l’envahir… L’oiseau était comme un simple objet inanimé dans ses mains. Une petite chose insignifiante, comme une poupée de chiffon. Et ce qu’elle craignait s’avéra vrai : L’oiseau était mort.
« Nan….Nan…. NAn ! NAN ! NAAAAN !!!! YKKô ! »
elle fit les cent pas, nerveusement, tenant la bête décédée dans ses mains. Non seulement elle adorait le volatile, mais en plus, il était son seul moyen de communication avec Takeshi… Sans Ykkô plus jamais elle ne pourrait communiquer avec lui… Ceci vint achever son sentiment de solitude. Elle était définitivement prisonnière de ce village inconnu, qui bien que sympathique, elle ne s’y sentait pas chez elle. C’est peut-être ce tragique évènement qui, associé à la fatigue, déclencha la première grande crise de nerfs de la jeune fille. Elle fondit en larmes, répétant sans cesse :
« Ykkô..Ykkô…Ykkô…Takeshi….ykkô… »
ET d’un coup, elle mit le volatile dans sa sacoche, bien posé au fond, et sortit en trombe dans la rue, ne prenant pas la peine de cacher ses larmes, elle se dirigea vers le centre ville. Si la famille de Kaori l’avait croisée à ce moment là, elle ne l’aurait sans doute pas reconnue, car dans tous ses états, cette Shiori qui refusait les mauvaises pensées et les mauvais sentiments, faisait peine à voir, et n’était plus la même. Mais à force de tout accumuler, elle avait fini par exploser, et le fait de voir ainsi son contact avec son ami coupé, après tant d’espoirs et un si grand moment d’allégresse… plus cette semaine qui avait moralement été éprouvante pour elle… Shiori Yakura Kaori Akiyamazaki avait fini par craquer.