

Le vieux jounin écouta les réponses d’Ikari à ses questions, il hocha la tête, sa réponse était classique, semblable à n’importe quel autre ninja traditionnel, c’était peut être mieux ainsi, sa folie n’était pas contagieuse, pas pour l’instant en tous cas. Mais la réponse avait le mérite d’être simple, force et faiblesse. Pour un jeune il était important d’avoir un minimum de repères, un roc sur lequel s’appuyer. Mais la réponse ne l’intéressait pas vraiment en réalité, elle dissimulait une autre intention dont les apparences ne tarderaient pas à se dévoiler.
Toujours en pleine course Anshu tira de sa sacoche une carte qu’il déplia, sur le papier froissé était indiqué le reste de l’itinéraire le gouvernement Yukien avait loué un rafiot miteux afin de se rendre à Kiri, il y serait dans quelques heures, dans le bateau le trio pourrait s’adonner à un autre jeu bien plus amusant et distrayant, si les candidats ne revenaient pas chunin ils auraient au moins découverts quelques amusements dont Anshu avait le secret, une sorte de lot de consolation.
Placidement et avec stoïcisme il répondit à Ikari tout en fixant la carte.
« Et bien j’informerai ta sœur si jamais tu décèdes dans les terres du brouillard, c’est aussi mon rôle d’éducateur de m’occuper des familles des victimes… »
Sens caché ? Simple réalité ? Mot calculé ? Anshu laissait planer le doute sur ses réelles intentions, le jeu continuait et montait en intensité, les candidats bien que n’ayant pas l’air d’être sous pression commençait à réellement comprendre les enjeux d’un tel examen au delà de la réussite ou du grade il y avait beaucoup plus en jeu, famille, vie, honneur, beaucoup plus. Ryo le savait déjà, le Junin n’avait pas hésité à assassiner froidement un de ses amis pour repousser ses limites. L’échec n’est pas tolérable en ces terres gelées.
Une victoire n’appelle aucune explication, une défaite n’en autorise aucune. La question d’Ikari ne le surprit à vrai dire pas, même si il n’avait pas vraiment réfléchi à la question précédemment. Pourquoi était il revenu ? Il ne le savait à vrai dire pas vraiment, pousser par un instinct quelconque peut être.
« Et bien… » Il s’interrompit Il n'avait pour une fois pas envie de "laisser tomber", de laisser cet aveu glisser dans l'eau comme un cadavre, si il voulait en savoir plus, il en saurait plus, Sourire cynique qu'esquisse à nouveau la bouche amère. Une bile acide qui ronge tout.
« Je suis revenu car la décadence dans un village comporte plus d’avantages que dans pour un mercenaire, dans ce village mon cercle d’influence est plus important, de plus le conseil des sages m’a proposé une poste que je ne voulais pas refuser. Mais si je t’en disais plus je serai obligé de te tuer ainsi que ta sœur, je n’ai qu’un seul but oublier le cauchemar qui m’étreint depuis trop longtemps. Faire souffrir et faire le mal me rend vivant. Et je vis et vivrais encore longtemps, le village me préfère vivant contre ses ennemis que vivant pour mon simple plaisir, et la deuxième raison est que j’aime ce village et qu’il est sans doute la dernière chose qu’il me reste. »
La silhouette fragile s'éloignait déjà, comme un cauchemar que le matin chasse. Les épaules portant un invisible fardeau.... Les plus grandes douleurs sont toujours muettes. Tu le sais Anshu, à quoi bon remuer des lames béantes dans des plaies putréfiées ? Ne pas laisser la folie remonter, tu as pris tes cachets pourtant, retourner vite chez l’apothicaire.
La question avait finalement fait ressurgir quelque chose de mauvais chez Anshu. Le marionnettiste s'amuse du pantin tourmenté, le spectacle se poursuit sous les applaudissements cruels des spectateurs qui n'attendent qu'une seule chose, que le bois brûle, que les fils cassent. Se rassasier d'horreur à défaut de la commettre. Mais il n'était pas la victime, elles sont toujours innocentes... Lui ne l'était pas. Toutes les vies ne peuvent être drapées de velours et de soie, de rose et d'argent. Où serait le prestige de l'or si la boue n'existait pas... ?
Il jeta le mégot et en ralluma une seconde avant de répondre à la seconde question d’un air un peu plus calme.
« Nous allons nous arrêter, je vous conseille de bien manger, les épreuves seront difficiles et la nourriture pas en abondance. D’après la carte nous nous trouvons vers un village, nous trouverons bien une auberge. »
Et en effet quelques lieux plus tard le village prit forme à l’horizon et le groupe ralentit pour se restaurer. Ils avancèrent vers le relai et après avoir répondu un « go à Ryo » il ouvrit la porte libérant quelques éphémères instants les lieux des odeurs de tabac.
Quand Anshu pénétra dans l’auberge le silence se fit quelques instants, les regards se tournèrent presque instantanément vers le groupe, il ne s’en formalisa pas dans les petits villages comme celui-là il en fallait peu pour impressionner les habitants.
Il avança vers le fond de l’auberge et avec dédain s’assit, et aussi naturellement que si il eut commandé un verre d’eau il tira de sa sacoche une seringue avec un capuchon dans le corps était rempli d’un liquide vert marron. Il ôta le capuchon, releva sa manche et s’injecta le liquide dans un petit bruit de succion.
« Ryo, serais tu prêt à tuer Ikari pour devenir chunin ? »
Anshu finit par retirer son masque un petit sourire mystérieux au coin des lèvres. Le serveur lui, arriva quelques instants plus tard, visiblement très mal à l’aise.
»Heu, bon.. bonjour messieurs, que puis’je vous servir ? »