Les précieuses indications qu’attendait Mai ne tardèrent pas : la fameuse Midonna dont lui avait parlé Miyu lui fit le plaisir de répondre. Mais avant cela, elle se présenta, politesse qu’avait balayé la genin peu avant, avec une bonne raison derrière (Miyu n’avait-elle pas fait la présentation, bien que sous-entendue, de ses deux ex-étudiants ?).
Puis la jeune fille annonça que pour les douches, ils n’auraient qu’à les monter eux même s’ils ne voulaient pas aller se laver à l’oasis. Enfin … c’était quand même dit plus gentiment. En plus de ça, elle leur indiqua les provisions où ils étaient autorisés à se servir. Mu devait avoir peur de Miyu pour autoriser les marmots à se servir quand ils voulaient comme ils voulaient. Il prenait le risque de tout voir disparaître en moins de deux … surtout maintenant que Mai était là. Mais laisser les pauvres petits étudiants crever de faim aurait signifié pour lui une mort lente et douloureuse, et déjà qu’il avait l’air traumatisé par la chunin … son cas ne se serait pas amélioré.
Pour finir, Midonna rajouta un petit détail que Mai n’avait même pas remarqué : l’étudiante se couvrait bien par peur d’un coup de soleil au cinquième degré. C’est vrai qu’elle était palôte … encore plus qu’Hoshi … et ce n’était pas un signe de malaise ? Qu’est-ce ça pouvait bien être comme maladie ? Un truc héréditaire ? Pauvre famille alors … se protéger du soleil, surtout quand on vit à Suna, c’est pas la joie. Ou alors Midonna avait une sorte de truc s’approchant de l’albinisme…
S’apercevant qu’elle s’était mise à regarder l’étudiante avec un peu trop d’insistance voir de curiosité et d’étonnement, elle détourna le regard, légèrement gênée, pour fixer le palmier à deux pas de là. Sa réaction, bien que naturelle, était, selon elle, un peu nulle. Elle s’était comportée un peu comme un badot devant un animal de foire, en examinant Midonna pour chercher à justifier les dires de l’étudiante. Elle n’enviait pas l’élève de Miyu … pas uniquement pour avoir une sensei pareille

, mais surtout pour posséder un trait physique si particulier qui attirait des regards de curiosité, voir bien souvent de moquerie, et qui devait à coup sur avoir le don de vous gêner. Midonna devait être habituée à ce genre de réaction car elle ne rajouta rien ni ne se comporta d’une façon vraiment intimidée. Ouf … Sur ce, la demoiselle quitta le groupe et retourna à son entrainement, au coin d’un arbre.
« Merci Mido ! » lui lança Mai avant que sa camarade ne se soit trop éloignée.
Après cela, il y eu (ou pas) d’autres présentations et enfin, ils purent passer à autre chose.
« Shiyu, Mangetsu, on va manger ? Se baigner le ventre vide, ça ne me dit rien et je n’aurai rien contre une bonne tartine de … devinez quoi ! »
Et avec un sourire espiègle, Mai leur enjoigna de la suivre, tout en se dirigeant vers le coin indiqué par Midonna. Là, elle trouva les sacs qui renfermaient la nourriture… et le pot de … Nutella® ! Ce qu’il lui avait manqué ! Dommage qu’il ait été si lourd, sinon elle l’aurait pris avec elle dans le voyage pour aller chercher Sae. Heureusement, elle le retrouvait, intact et plein.
Fouillant dans un autre sac, elle trouva du pain pas encore complètement dur. Une journée dans le désert, exposé à la chaleur ambiante, ne lui avait pas fait du bien.Tant pis, c’était toujours mieux que rien.
Avec un couteau (propre) qui trainait à proximité, elle se tartina une bonne tranche et laissa les autres se servir.
Après sa première bouchée, elle ne put s’empêcher de pousser un soupir de contentement.
« Si Kuroki-san nous avaient envoyés six pieds sous terre avec son arbalète, je l’aurai hanté toute sa vie pour m’avoir ôté la joie de remanger du Nutella !!! Déjà qu’il a l’air de souffrir pas mal avec Miyu-sensei, alors avec un fantome en plus ! … j’ose même pas imaginer … »
Et sans rien ajouter de plus, Mai termina son en-cas, savourant ce plaisir qu’elle ne connaitrait peut-être plus avant un certain temps si de nouveaux assassins les prenaient en chasse dès le lendemain. Leolio et Sae étaient en vie, et si le premier devait être mort dans la tête des cerveaux de l’affaire, la seconde serait traquée,très vite, si ce n’était pas déjà fait…
En conclusion, il valait mieux profiter de l’instant présent en mangeant, qu’attendre passivement une mort future.
Après ce casse-croûte improvisé, les Kukans (ou ceux qui ont emboité le pas de Mai) revinrent sur le lieu où Miyu les avaient regroupés. D’ailleurs en parlant de Miyu, la chunin était revenue. Une pensée jaillit soudain de l’esprit de la genin : Leolio le grand et magnifique junin était-il en vie ? Avant même que la chunin ait prit la parole, Mai connaissait déjà la réponse : le visage réjouit de la femme annonçait tout sauf une mort. La première phrase de Miyu acheva de balayer les derniers doutes de la genin : l’icône de Suna était vivante et hors de danger (si on peut être hors de danger avec des cinglés qui veulent votre peau).
Avoir sauvé le plus bel homme de Suna méritait bien une fiesta, ce qu’annonça d’ailleurs la chunin, au plus grand bonheur de Mai qui avait besoin de se détendre (et de se reposer, mais qui dit fête dit veillée, donc le repos … poubelle). Il n’y aurait pas d’alcool (à moins que deux personnes n’en aient pris dans leurs sacs … ils en seraient bien capables …) ce soir là, et la genin n’aurait pas à surveiller les faits et gestes de deux bourrés, comme le jour de sa montée en grade. Ils n’offriraient pas aux étudiants le spectacle lamentable de la future élite de Suna (élite ? peut-être pas …

) complètement pète et dépravée. Un souci en moins.
Miyu annonça ensuite que les « dames » iraient se laver et se prélasser dans l’eau pendant que leurs serviteurs iraient chercher de la nourriture. Ca c’était un programme parfait ! Et le mieux, c’est que personne n’allait chercher à discuter la chunin, vu ce qu’elle était capable de faire au premier qui protesterait.
Ah Mai, Shiyu... vous n'êtes pas directement sous ma responsabilité tout comme Aoshi, Shinshi et compagnie... donc rien ne vous oblige à participer à tout ça...
… ? … ? … ils n’étaient pas inclus dans le lot ? … Hors de question de rester en dehors ! Genin ou pas, elle, elle allait se joindre au groupe ! Après tout, elle avait autant besoin de se décrasser, si ce n’est plus, que les étudiants.
La phrase suivante de Miyu la rassura : elle n’aurait pas à s’imposer puisqu’elle était invitée. Avec un grand sourire qui en disait long sur ses intentions, Mai courut chercher toutes ses affaires dans son sac, avant de rejoindre le club féminin.
Quand elles furent toutes là, la chunin érigea trois immenses murs de boue qui encadraient leur « baignoire-salle de bain », les protégeant des regards indiscrets des deux personnes (toujours les même) irresponsables de la troupe. Heureusement, Shiyu ne manquerait pas de surveiller ces idiots là. Quand à les imiter dans leur perversité, Mai l’en savait (ou croyait le savoir) incapable d’une telle chose.
Suivit un rituel étrange venant de Miyu (elle gaspille des ryos en les balançant à l’eau ? Et le pack de biè … de Ninja Cola Light qu’on aurait pu acheter avec ?!!! Quel gachis …). Puis, sans aucune pudeur, la chunin se débarrassa de ses vêtements et plongea comme une sirène dans l’eau claire de l’oasis.
Mai n’hésita pas un instant à suivre sa sensei : ses vêtements volèrent vers un « kunai-porte-manteau » et en moins de deux, elle fut en maillot, prête à plonger.
Ce qu’elle fit aussitôt.
Elle ne regretta pas son geste. La fraicheur du liquide qui l’entourait lui procurait une immense sensation de bien-être et lui rappela avec bonheur ses plongées sous-marines à Kiri. C’était le doux souvenir des bons moments de son enfance. Pour renouer avec son passé, elle plongea dans les profondeurs de la rivière, ouvrant sans peine les yeux sous l’eau. Il n’y avait pas de poissons dans cet endroit, mais peu lui importait ce qui s’offrait à elle, tout ce qui comptait c’était le bonheur de nager immergée.
En remontant pour respirer, une idée stupide lui vint à l’esprit : avec les précautions d’un prédateur s’approchant de sa proie, Mai s’approcha de sa cousine, comme un requin dans la mer.
Quand elle fut à porter des pieds de Mangetsu, elle tira légèrement dessus, assez pour faire peur à la miss, mais pas assez pour vraiment la noyer.
Emergeant à la surface, elle s’empressa de s’excuser, préférant se reposer plutôt que commencer une bataille navale.
« Désolée cousine, c’était trop tentant. Si tu veux riposter, attends un autre moment, quand nous serons propres et reposées. Un affrontement là tout de suite ne me dis rien. »
Imitant ensuite Miyu, la genin alla chercher son savon Rive Rocher ® parfum orange et se frictionna énergiquement pour faire disparaître la crasse de son corps de déesse (hum …).
Puis elle rejoignit sa sensei sur le banc improvisé et s’installa comme son ainée. C’était merveilleux … tout était si calme … qui aurait cru qu’un grave danger planait sur eux ? …
Les nuages qui trainaient dans le ciel n’avaient rien d’un sombre présage et invitaient le groupe à la rêverie … dans la tête de Mai, c’était le vide … elle n’arrivait plus à penser tellement elle se sentait bien.
Ce fut Miyu qui la tira de sa torpeur en plaignant les garçons qui devaient être en train de souffrir pour aller chercher de la nourriture pour les princesses. Mais pourquoi les plaindre ? Ce devait être un honneur pour eux de s’occuper du bien être des estomacs de filles. Tiens ça lui faisait penser qu’il faudrait faire goûter tous les plats à Aoshi et Shinshi, pour vérifier qu’aucun des plats n’étaient empoisonnés ou simplement vénéneux. Ca ferait d’une pierre deux coups : elle serait en vie et débarrassée d’au moins un des deux genins.
En parlant de pierre … juste après, Miyu improvisa un petit concours de ricochets. Que cinq ? … c’était un score facilement battable, surtout quant on y avait déjà joué dans son enfance. Après que Midonna eut lancé son galet, Mai lança à son tour une pierre bien plate et lisse.
*1,2,3,4,5,6 … plouf …*
C’était peu, mais au moins, elle pouvait dire qu’elle avait battu sa sensei à quelque chose ! D’accord ce n’était pas en combat singulier … mais c’était un premier pas vers la vraie victoire (rêve toujours …)
Après ce coup, la chunin interpella les deux Kukans pour leur poser une question au sujet de leur clan.
A cela, Mai répondit par un grand air étonné en direction de sa cousine.
« Euh … ma famille a été intégrée depuis un certain temps … si je me souviens bien c’est depuis mes grands-parents … donc je ne suis pas spécialement « recommandée ». Désolée sensei mais vous ne gagnerez pas grand-chose en prenant soin de moi. Le super rang de Super Junin au (super) Conseil, vous l’obtiendrez surement, mais ce sera en vous occupant d’autres étudiants. »
Cette dernière phrase était dite sur un léger ton moqueur, qui n’avait rien de désolé.
Miyu n’insista pas sur le sujet « clan » : elle devait savoir suffisamment de choses sur les Kukans pour ne pas avoir à harceler les deux jeunes filles.
La conversation s’orienta donc sur d’autres sujets, divers et variés, sans réelle importance.
Enfin, la chunin sonna l’heure de sortir. Les garçons devaient avoir fini de remplir leur part du boulot et les femmes devaient désormais se mettre en action pour préparer le festin.
Le petit groupe quitta donc l’étendue d’eau pour aller se rhabiller, avant de rejoindre le buffet où trônaient une masse assez conséquente de nourriture. Les hommes avaient bien bossés … et Tai aussi. Cette fichue bestiole avait du se transformer pour choper les trois beaux lapins qu’il couvait d’un œil fier. Il aurait du s’attaquer à une bestiole du genre lion ou hyène, comme ça il y serait passé. Couic. Et un moineau au menu du soir ! Bien assaisonné ça devait être un régal … (même s’il n’y a rien à manger).
Pour laisser le champ libre au club féminin, Miyu congédia les étudiants et genins masculins pour qu’ils aillent se laver.
*Il faudra penser à ne pas laisser les chameaux boire à l’oasis, à partir de maintenant l’eau va devenir toxique …*
Mais le sort des chameaux importait moins que ce qui allait bientôt finir dans le ventre de Mai. Toute cette nourriture la faisait saliver.
Sur ordre de Miyu, elle s’empressa d’éplucher les fruits, réfléchissant en même temps aux plats qu’elles allaient pouvoir faire mitonner.
*Je propose du canari rôti aus épices.* Mais Miyu ne serait jamais d’accord …
Heureusement, Midonna avait une idée lumineuse : des lièvres à la sauce aux fruits ? Pourquoi pas ? Mai répondit donc aussitôt à l’invitation de l’étudiante.
« Moi je suis d’accord pour t’aider Mido. Je n’ai pas de meilleure idée alors va pour la tienne ! »
Suivirent les explications de l’étudiante (vu que c’est ce que tu as proposé) quand à la préparation des fruits. Suivant tout à la lettre, la genin se mit à éplucher et couper les aliments divers et variés nécessaires à la recette.
Voulant encore mette de l’animation dans leur journée, Miyu proposa soudain de préparer un mauvais coup envers les garçons.
Aussitôt, Mai leva les yeux vers sa sensei, l’air un peu surprise, puis vite souriante, d’un sourire semblable à celui de la chunin.
« Oh oui, ce serait dommage … mais si ces murs ne s’effondraient pas, chose bien dommage, on pourrait verser du colorant dans l’eau … on pourrait faire une soirée à thème … les shtroumphs … et bien les martiens débarquent … mais c’est vrai qu’un accident stupide comme un effondrement … ça ferait un joli spectacle pendant qu’on prépare les plats … »
Cette Miyu ! Elle avait de ces idées ! Elle était presque plus perverse qu’Aoshi et Shinshi réunis … au plus grand plaisir de Mai que la farce en préparation faisait rire d’avance.
Midonna aussi répondit à la proposition de la chunin, proposant même d’aider un peu pour faire empirer le sort des garçons.
« Moi je suis entièrement d’accord pour tout ce que vous nous demanderez sensei. Si on peut vous aider, ce sera avec joie ! »