Hôpital d'Iwa

[Nekozaka Tsukiyo]

« Je ne peux pas te le dire…car je n'en ai aucune envie. Même si c’est cela qui va te perdre Tsu… »

* Mais non. *

Incapable d'ouvrir la bouche, la jônin se contenta de le regarder, tristement, comme si c'était la dernière fois.

Ses yeux se fermèrent et son visage produit un rictus douloureux alors qu'elle se calait contre le torse du colosse, qui s'était rapproché et qui n'avait apparemment pas compris ce qui avait changé chez la Nekozaka.

La perte de ses sensations... sa peau, Tsukiyo la sentait, bien sûr, mais ce n'était plus la même chose.
Et même le grain de sa voix avait changé, il lui manquait un son, une manière d'entendre, peut-être à jamais perdue.

Une panique insidieuse la paralysait peu à peu, mais les paroles d'Hyodo la ramenèrent bien vite à la réalité, car, au-delà de ses problèmes physiques et de conscience, de confiance même, il y avait ce choix, qui conditionnerait tout le reste.

Sa loyauté au village devait passer par Laozu, mais son amour n'allait pas au Tsuchikage - Plus, serait plus exact.

" Je sais tout ça. " commença la jeune voix, sa voix cassée à la fois par des sanglots retenus, la fatigue et toute une semaine sans prononcer un seul mot. Voix qui reflète son état actuel, peut-être l'aperçu d'une descente aux enfers future.

Timidement ? Non... comme quelqu'un qui tente, tant bien que mal, de se reprendre, de se redresser, de se relever après s'être pris un méchant coup dans la gueule. Ses paroles franchissent ses lèvres, assurées, de plus en plus.

" Personne n'est au-dessus de moi sous le ciel... "

Des paroles qui ne lui appartiennent pas, un ton étrange et nostalgique.

" Je veux dire, que quand bien même Laozu est mon supérieur militaire, je suis son égale en termes d'influence. "

Une reprise développée d'une bourde qui n'a pas à l'être ; Des paroles imputées à une certaine déserteuse que la jônin n'est pas censée connaître, et l'impression de s'être relâchée, d'en avoir trop dit, ou pas assez en une fois.

" Je t'aime aussi. "

L'impression de se justifier, de vouloir détourner l'attention. Se sentir sale, avoir l'impression de mentir, chercher cette étincelle au fond du coeur, qui nous fait mal, ce pincement qui par moment s'enflamme, et le trouver.
Se justifier en le justifiant.

" Et nous resterons ensemble. C'est tout. " conclut Tsukiyo, laissant remonter ses mains le long des hanches, puis de la poitrine d'Hyodo, jusqu'à ce qu'elle puisse les faire passer autour de son cou et enfin, s'adosser à lui.

Même si quelque chose s'était cassé pendant cette bataille, la Nekozaka était encore capable de se perdre dans la douce chaleur qu'il dégageait.

[Hyodo Hyakujuunoou]

Hyodo ne savait pas vraiment quoi dire, d’ailleurs en avait-il seulement l’envie ? Il avait été, en partie, rassuré. Ce n’était pas tous les jours que Tsukiyo admettait ses sentiments, et le faire maintenant c’était peut-être en partie pour cela, le rassurer. Quand à ce qu’elle disait, au sujet de son influence, elle n’avait sûrement pas bien compris la situation. Non, elle ne pouvait pas avoir compris ce qui se passait vraiment entre Laozu et Hyodo…

Alors que la jeune femme s’appuyait contre lui, il parla, le plus sérieusement du monde, sur ce qui s’était passé aux portes d’Iwa : « Ton influence n’a rien à voir avec ce qui s’est passé, et ce qui se passera désormais. Si j’ai laissé tomber mon bandeau c’est pour des raisons qui ne concernent que moi. J’ai juré de défendre Iwa et chacun de ses habitants, le Tsuchikage compris. Or j’ai levé la main sur lui, j’ai donc brisé mon serment. Cela ne va pas plus loin. Je n’étais peut-être pas fait pour cette … carrière. Tu as beau avoir toute l’influence que tu as, ça ne changera pas ma décision. »

La jeune femme leva la tête et plongea son regard dans celui de l’ancien Jounin. « D'accord. Je ne sais pas ce que tu vas faire, mais si tu pars, sache que je ne te suivrai pas. Où que tu ailles, quoi que nous fassions, ma conscience me dira toujours quelque chose comme" Protège Iwa. Envers et contre tous. " Qu'il s'agisse de toi, des Nekozaka, du Tsuchikage, ma loyauté va à Iwa. Si tu pars, je ne te suivrai pas. » Puis fit une pause, avant de conclure : « si tu pars, tu seras seul. »

Le jeune homme s’attendait à une telle réponse c’est pourquoi il ne fut pas surpris. Après tout elle l’avait bien montré avant, il y avait des choses qui passaient pour elle avant lui, et c’était sûrement la même chose dans l’autre sens, même s’il n’avait pas trouvé quoi pour le moment.

« Je n’ai plus rien à faire dans ce village. Je n’y suis même plus le bienvenu. Tant que je serais ici, on tentera de m’utiliser, et je ne veux plus causer de tord, même si cela implique ma douleur et ma … mon départ. Quoi qu’il en soit tant que je n’ai pas vu le Kage je ne serais pas fixé. Mais que ce soit clair, je ne resterai pas à me tourner les pouces chez moi… Je ne resterai pas où on ne me souhaite pas, et je ne deviendrais pas un fardeau, pour qui que ce soit. » répondit-il à son tour.

* Non Tsukiyo, il est hors de question que je vive aux dépends et au crochet de quelqu’un d’autre, même toi. * pensa-t-il.

Son interlocutrice ne répondit qu’une seule phrase, avant de laisser s’installer un silence qui mettait mal à l’aise Hyodo : « Je peux faire en sorte que tu ne dépendes plus de personne. »

Se séparant d’elle quelques instants, l’ancien ninja du pays de la terre s’assit sur le lit. Il ne savait pas quoi penser maintenant. Elle lui promettait la liberté ? Qu’est ce que cela voulait dire ? Bien entendu elle en avait non seulement l’intention et l’envie, mais le pouvoir, mais … qu’est-ce que cela pouvait bien lui apporter. Après tout Hyodo restait un opposant clair au Kage, encore plus maintenant qu’il avait levé la main sur lui … Mais il y avait-il une autre option ?

Lorsqu’il s’apprêtait à répondre, deux hommes, ou plutôt deux ninja dont on ne connaissait pas le sexe, entrèrent dans la chambre d’hôpital. Un seul coup d’oeil suffit au jeune homme à reconnaître deux ANBUs. Leur masque indiquait qu’ils étaient des collecteurs d’information. Ainsi il allait enfin se faire interroger ?

« Hyodo-san, nous sommes obligés de vous demander de nous suivre. Le Tsuchikage veut vous voir. Vous vous doutez que nous espérons que vous n’opposerez pas de résistance et … » commença le plus grand, un homme.

Hyodo ne le laissa pas continuer : « C’est bon, pas la peine de continuer, je me suis de toutes façon déjà préparé. », puis il s’approcha de Tsukiyo et lui fit un sourire. « On continuera cette discussion … plus tard. » dit-il avant de se retourner et de traverser la porte escorté des deux hommes …

* Du moins je l’espère. Je n’ai pas envie que ce soit encore un plan de ce crétin de Laozu. Si il croit que deux hommes peuvent me contenir il se trompe… Mais voyons voir ce qu’il me veut … *

[Hyodo Hyakujuunoou]

Suite de

La discussion avait été tuée dans l'œuf. Peut-on dire que cela avait déplu au géant ? Pas tout à fait. Voir, ou plutôt revoir Hakura l'avait plus ou moins mis mal à l'aise, même si, pour le moment il ne savait pas vraiment quoi dire à son ancienne élève. Cela faisait un moment qu'elle avait disparu, quelques jours après être devenue Genin, lui semblait-il. Réapparaitre de la sorte, sans être louche, restait étrange. Mais voyant son air visiblement soucieux, le Jounin se tourna vers la solution la plus probable. Il s'agissait bien de son ancienne Genin, et elle était apparemment venue pour reprendre du service. Ou quelque chose dans le genre. Son débit de paroles, d'ailleurs, était bien la preuve qu'il était en présence de Shiori.

" Tu parles trop vite Shiori, je te l'ai déjà dit. " lui lança-t-il avec un sourire, en espérant que cela ne la vexe pas trop. Elle se vexait plutôt facilement dans le temps. Qu'en était-il maintenant ? D'ailleurs il réalisa qu'elle avait bien changé, au moins physiquement. Ce n'était plus la frêle gamine qu'il avait connu. Elle était presque sortie de son adolescence, d'ailleurs, et cette dernière lui avait plutôt réussi.

" Je vais bien, même si les médecins semblent vouloir me convaincre du contraire. Sinon oui, des visages familiers, je suppose que tu ne pensais pas à ton frère... Ne le juge pas trop vite. Il n'est probablement pas l'homme que tu t'imaginais, mais un jour il te racontera pourquoi il a changé. Sinon les autres ? Asano... Je crois qu'il est à Konoha. Ou un truc du genre. Il est parti faire l'examen Chunin puis plus de nouvelles. Pour Namuya par contre... C'est plus grave. Elle a disparu du jour au lendemain. Il y a eu une équipe qui devait la rechercher mais pas de nouvelles. C'est embêtant. "

Elle avait demandé des nouvelles, et ... elle demandait à être réintégrée ? Tout de suite ? Il fallait en parler aux supérieurs, après tout il n'avait plus vraiment de rang officiel, du moins pas aux yeux de pas mal de gens. Il n'en avait plus le pouvoir en quelque sorte.

" Pour ton retour, je ne peux pas vraiment te le dire de moi même. Les choses ont pas mal bougé depuis que tu es partie. Le Tsuchikage est parti à la ... retraite. Il a emporté pas mal d'anciens Jounins. Il ne doit plus rester grand monde que tu connaisses. Moi même je ne suis plus vraiment officiellement Jounin que depuis peu. Mon pouvoir est donc bien restreint. Cependant je vais aller parler au nouveau Kage. Il s'agit d'un Nekozaka. C'est un politicien, mais contrairement à ce que l'on peut penser, il est plutôt de confiance. Tu devrais peut-être m'accompagner pour lui exposer ton point de vue, ne penses tu pas ? "

Pourquoi se mouiller de la sorte ? Il aimait bien Shiori, mais surtout, il s'agissait d'une de ses anciennes étudiantes. Son rôle était donc de la guider, même maintenant.
Surtout maintenant.

[Shiori Akiyamazaki]

Hyodo eut tot fait de la remettre gentiment à sa place. Elle parlait trop vite. Elle se tut. Légèrement vexée. Elle ne voulait plus donner cette image d'autrefois, elle voulait donner l'impression d'être une jeune femme sérieuse et responsable - parfaite. Elle était belle et voulait être la meilleure partout. Il n'y avait pas de raison à ce qu'elle reste en arrière. Elle en avait assez de rester en arrière. Elle ne supportait plus l'idée de vivre dans un village perdu pendant qu'en ville il se passait plein de choses. Des choses graves. Ainsi donc tout avait changé. elle déchanta un peu. La vie d'à présent ne serait plus celle d'autrefois. Elle préféra cependant garder son inquiétude vis à vis de ses camarades pour elle. De toutes façons, avoir l'air inquiète ne servirait à rien d'autre que la faire passer pour une niaise. Ca ne les ferait pas revenir.

Son retour s'annonçait compliqué. Shiori voulait bien accompagner Hyodo mais avant voulait être sûre d'une chose. Non parce que redevenir genin c'était bien...mais.. "Mais si vous n'êtes plus jônin... ça veut dire que je devrai recommencer mon apprentissage avec un inconnu ? Ce serait dommage.. Elle soupira et jeta un oeil à la pièce, elle n'aimait pas trop les hôpitaux depuis qu'elle était tombée du château d'eau et avait failli mourir. Mais ça ne l'avait pas tué - ça l'avait rendue plus forte. Mentalement au moins. "Je tâcherai de parler moins. C'est juste que j'étais contente de vous revoir. Si ça vous dérange je peux aussi m'en aller."

Ouais. Il avait réussi à la vexer. Parce qu'aussi parfaite qu'elle était persuadée d'être devenue, sa susceptibilité n'avait pas vraiment changé. Une chose qu'elle ne supportait pas, c'était la critique. Même gentille. Ca la rendait...irritable, voire un peu pimbêche.

[Hyodo Hyakujuunoou]

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