Moonlight sonata (Primura)

Faut bien vivre quelque part et se détendre... ^-^

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Keyran
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Moonlight sonata (Primura)

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Quelques notes avaient suffi. Il avait passé un moment à errer, le nez en l’air, à la recherche d’un toit confortable où passer la nuit – même s’il devait bien avouer qu’il avait sous-estimé le froid des nuits Yukiennes. Il était arrivé en avance – comme d’habitude. Il n’aimait pas être en retard, sauf bien sûr lorsqu’il choisissait délibérément de se faire désirer mais, ce soir… Personne ne l’attendait. Il n’était pas venu pour quelqu’un – voilà qui le changeait un peu de ses dernières missions – mais pour quelque chose. Pas ce soir. Le lendemain. Ce qui lui laissait un peu de temps pour visiter la ville.

Repérer les lieux.

Et seul. Il avait donné congé à son oiseau. Question de discrétion.

Et puis soudain, ses oreilles s’étaient dressés, tendues, vers un son mystérieux, mélodieux et doux à la fois. Ce qui l’avait séduit immédiatement, c’était la mélancolie qui s’en dégageait. La profondeur de la mélodie. La passion. L’âme. Ce quelque chose qu’il sentait. Voilà quelqu’un qui n’avait pas oublié les valeurs de la musique. Quelqu’un qui savait encore sa magie. Il ne mit pas longtemps à retrouver les accords, le thème principal qui revenait. Spontané. Improvisé, peut-être. Mais respectant toujours une même règle. Alors, par instinct peut-être, par la force de ses souvenirs sans doute, il s’assit sous la fenêtre ouverte d’où provenait le son. Il était tard, sans doute empêchait-elle quelques personnes de dormir – ou bien était-elle seule ce soir là, cette mystérieuse personne joueuse de violon ?

Il regrettait le son du piano bien sûr mais le son du violon avait un côté plus dramatique, plus grave. Plus sérieux. ‘’Pourquoi cet air si sérieux ? ‘’

Avec légèreté, ses doigts attrapèrent la flûte qu’il portait accrochée à sa ceinture. Il humecta un peu ses lèvres puis mit la flûte devant sa bouche. Et entama une deuxième voix. Il compléta la mélodie par la sienne. Il se doutait qu’on l’entendrait peut-être mais à vrai dire, il s’en fichait. Ce soir, il se sentait d’humeur musicienne, alors,pour une fois que cela arrivait, il ne laisserait personne tout lui gâcher.
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Primura Tchinonamida
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Re: Moonlight sonata (Primura)

Message par Primura Tchinonamida »

Les notes s'égrènèrent, chaudes et douces comme une respiration passionnée. Accompagnée par les volutes de vapeurs exhalées par le souffle de l'adolescente, produites par ses doigts agiles qui caressaient les cordes au même titre qu'ils les domptaient, qui maniaient l'archer aussi bien qu'ils s'y soumettaient. Tirant de l'instrument la mélodie qui était enfouie au plus profond du bois laqué, à l'ombre des cordes et de la caisse.
Les yeux clos, elle accompagna la musique d'un bas fredonnement enfantin, suivant le chemin de la mélodie improvisée qu'elle parcourait à l'aveuglette.

La rivière tumultueuse de la musique dévala le toit du manoir des Tchinonamida où elle s'était installée, élégante, raffinée, attachante, presque magique. C'était un partage intime, une forme d'expression de l'âme que l'on pouvait retrouver dans tous les arts connus et inconnus.
Le temps fila, joueur et taquin, mais il sembla s'accorder une pause pour écouter l'adolescente jouer, suspendant sa course infinie et immuable pour un petit moment d'éternité.
Des notes, inconnues, étrangères et différentes s'invitèrent au bal. Se mêlant au violon comme un danseur audacieux attraperait une belle par la taille pour l'emporter sur la piste de danse. Enlacées, entremêlées, les notes virevoltèrent dans l'ombre du soir comme un couple jeune et vigoureux. Elles s'affrontèrent, elles se marièrent, elles s'aimèrent et elles moururent. Ne laissant derrière elles qu'un souvenir et leurs enfants qui prirent la succession et menèrent leur propre ballet. Inceste malsain et pourtant si beau que peu de gens pouvaient rester indifférent devant tant de superbe. Le torrent limpide formé par les deux flots délicats gagna les maisons avoisinantes, accompagnant le dormeur dans ses rêves plus qu'il ne l'importuna. La flûte et le violon s'unirent dans un nouveau souffle, un nouvel élan, un nouveau torrent. Aiguë maniée par le criminel, Grave dompté par la pécheresse. Couple unis le temps d'une chanson, d'un partage, d'une promenade, association paradoxale de deux esprits si différents, de deux âges si éloignés, formant pourtant à ce moment une merveilleuse complémentarité.

Dans un final clair et serein les dernières notes sortirent des instruments pour se jeter dans l'océan du silence nocturne, symphonie perpétuelle, naturelle et pourtant chaque soir différente.
Primura calma sa respiration qui s'était emballée, essoufflée comme après l'acte, les joues rougies par l'émotion.
Ses yeux s'ouvrirent et papillotèrent comme pour retrouver leurs repères, cherchant le complice, le cavalier, le camarade d'un moment. Celui-ci avait enlacé le silence en dessous d'elle, joueur infidèle enchaînant les conquêtes. La genin le détailla en contrebas, curieux personnage d'une beauté à faire se pâmer toutes les jeunes filles du monde connu.
La colombe descendit de son perchoir pour rejoindre le corbeau, s'approchant de lui à pas comptés. Elle se dissimula dans l'ombre du parvis pour ne pas le déranger, attendant qu'il termine. La mélodie s'arrêta, délaissant sa cavalière omnipotente en ces lieux pour se ressourcer. L'adolescente avança d'un pas avant de s'incliner devant le musicien aux cheveux d'encre, sa crinière couleur de toile vierge dessinant dans l'air une arabesque généreuse avant qu'elle ne se relève.
Il lui fallut lever un peu les yeux pour le regarder en face. Comme la neige regarde la voûte nocturne.
Dans un sourire elle ne lui demanda ni son nom, ni les raisons pour lesquelles il se trouvait dans son jardin à cette heure tardive.

« Pourquoi ou pour qui jouez vous ? »
Question bizarre et incongrue pour le commun, naturelle et innocente pour l'artiste.

L'encre et le papier
La flûte et le violon
La musique et la rencontre.
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Keyran
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Re: Moonlight sonata (Primura)

Message par Keyran »

Il s'était laissé emporter par sa musique. Lorsqu'elle avait cessé de jouer, il avait continué. Il se fichait qu'on l'entendît, ou qu'on le surprît : il n'avait peur de rien. Il sentit une présence se rapprocher mais il ne se laissa pas perturber. Ce n'était pas une présence agressive, il se sentait encore assez en sécurité. Assez pour terminer son morceau. Il retira la flûte de ses lèvres et se retourna vers la jeune fille qui venait de lui apparaître, tel un ange pour éclairer l'obscurité. C'était ce qu'elle lui inspirait. Un ange.

Il posa son regard sur elle, pour croiser le sien. Un sourire doux venait ajouter sur son visage une pointe de malice. Sa question l'avait amusé. Pourquoi ou qui jouait-il. C'était une bonne question.

« A t-on besoin de raisons ? Je ne joue pour personne. Je joue avec toi. »

Son sourire avait disparu en même temps qu'il prononça sa phrase. « Mais dis-moi, jeune fille... on ne t'a jamais dit de ne pas parler aux inconnus ? Je rôde dans ton jardin, je pourrais être quelqu'un de mauvais... quelqu'un de dangereux... Une méchante personne. »

Il se tut, et leva la tête vers un oiseau qui tournoyait au-dessus d'eux, avec un étrange sourire.
« Tu n'es encore qu'une enfant, j'espérais une belle jeune femme. Tu peux remonter d'où tu viens... » murmura t-il d'un air pensif.

Il s'était trompé d'adresse, visiblement...ou pas ?
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Primura Tchinonamida
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Re: Moonlight sonata (Primura)

Message par Primura Tchinonamida »

Leurs regards se croisèrent, émeraude rose enlacée par le jayet sombre. Le sourire du musicien la séduit sur l'instant, cette légère touche d'espièglerie ajoutait à son charme adulte et à son apparition presque surnaturelle. Bizarrement elle ne se sentait pas menacée... au contraire même.
Sa réponse la fit sourire à son tour, elle appréciait le petit trait d'esprit à sa manière. Sur l'instant ils furent un peu comme les reflets d'un miroir. Blanc, noir, homme, femme et pourtant un instrument à la main, le même sourire aux lèvres. Mais aussi vite qu'il était apparu cette illusion fugace s'évapora, évanescent paradoxe soufflé par ce curieux personnage qui ne souriait plus.

L'adolescente haussa un sourcil à la fois surprise et confiante. Elle leva la tête pour voir ce qu'il regardait et se demanda un instant pourquoi cet oiseau tournait au dessus d'eux. Sûrement surveillait il son maître... ou pas... il ressemblait un peu à un vautour tournant autour d'un animal agonisant... ou en sursis.
La genin retourna son attention sur cet homme surprenant et répondit avec un ton empreint de douceur et de fermeté que n'aurait pas renié une jeune femme de haut rang.
« La musique réunit sous sa bannière des gens de bien des horizons mais je suis sure d'une chose, votre mélodie ne traduit pas une quelconque « mauvaise intention ». J'en suis sure et je ne pense pas me tromper. Vous jouez magnifiquement bien mais ce n'est pas que ça... c'est la douceur de vos notes... quoique vous disiez je pense que vous êtes gentil. Par ailleurs je pense que quand deux personnes ont partagé un air sans se connaître c'est un peu comme s'ils s'étaient présentés. En outre si vous vouliez roder dans mon jardin je pense que vous vous seriez habillés un peu plus discrètement et que vous n'auriez pas jouer de la musique. » continua t-elle en souriant gentiment.
« Si seul l'âge extérieur et physique me permettrai de vous garder un peu plus longtemps à mes côtés ma foi, soyez exaucés. » termina t-elle d'un air espiègle avant d'utiliser le henge.

Apparut alors une jeune fille très semblable à Primura mais celle-ci faisait plus... femme. Sa taille, ses formes, son visage avaient gagnés en maturité et sa robe était plus adulte.
« Un homme a dit un jour que la valeur n'attendait pas le nombre des années. En tant que femme je pense que la maturité n'attend pas le nombre des années non plus. C'est en tant qu'individu que nous pouvons nous considérer comme adulte. J'ai vu et vécu plus de choses que bien des femmes deux fois plus âgées que moi. Alors la seule question qui reste est... » dit elle en laissant sa phrase en suspens quelques secondes le temps de repousser une mèche derrière son oreille.
« Me trouvez vous belle ? »
Elle sortit de l'ombre de la maison, la lune baigna sa silhouette d'une lueur presque irréelle, jouant avec ses cheveux immaculés dans une multitude de nuance claires.

Au clair de Lune
Rose et Chrysanthème
Tête-à-tête
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Keyran
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Re: Moonlight sonata (Primura)

Message par Keyran »

[HRP : il est minuit, l'heure du crime...  :twisted: ]

Pendant qu'elle avait parlé, il n'avait cessé de la fixer. Elle n'était pas laide, non. Jeune, certes, mais l'âge n'avait jamais représenté une barrière quelconque pour l'homme. Elle parlait beaucoup – mais ses dires n'étaient pas stupides. Naïfs, sans doute, mais quel enfant ne rêvait pas ? Lui, une gentille personne ? *Si les autorités pouvaient penser pareil...* songea t-il avec un demi sourire amusé. Cette jeune fille ne connaissait visiblement que la méthode ultra-classique des assassins. *C'est précisément parce que je ne suscite pas ta méfiance que je n'en suis que plus redoutable. Nous sommes seuls. Je pourrais faire ce que je veux de toi. Mais je n'ai pas de temps à perdre. Je ne suis pas venu pour toi.*

Il se raidit lorsqu'elle usa du henge.
« Shinobi.. » murmura t-il.
Un regard soupçonneux parcourut les alentours. Un autre interrogea l'oiseau qui tournoyait au-dessus d'eux. Mais celui-ci ne bronchait pas et alla se poser au bord d'un toit avoisinant.
Il ferma les yeux...pour réfléchir. La trouvait-il belle ? Il tendit la main pour la poser sur le sein droit de la jeune fille. Il était gaucher. Et se pencha pour lui murmurer à l'oreille : « Voilà une illusion qui perturbe la vue...Mais qui ne vaut rien dans le monde des plaisirs de la chair... »
Il déposa un baiser sur sa joue, laissant brièvement poindre sa langue entre ses lèvres. Primura ne bougeait pas. Qu'elle le voulût ou non : elle ne le pouvait pas. Mais il ne fit pas durer son petit plaisir bien longtemps. Il se redressa et soupira : « Enfin, ne t'inquiètes pas... je préfère les petits garçons. »
Un sourire malicieux anima à nouveau son visage. Limite narquois... il la contempla de haut en bas. « Tu es une débutante rassure-moi...il te reste encore tant de choses à apprendre. Comme par exemple ne surtout pas te fier aux apparences. Tu dis que je ne serais pas ainsi habillé si j'étais doté d'intentions mauvaises...mais laisse-moi te faire prendre conscience d'une chose. Imagine-toi marcher dans la rue. Au loin tu aperçois deux hommes...l'un habillé sombrement, à la manière d'un assassin. L'autre vêtu joyeusement, ou en civil. Tu te méfieras de l'assassin pendant que le clown fera sauter une banque, emportant à la mort les enfants qui le suivaient en riant... C'est amusant cette propention qu'ont les gens... à toujours suivre ceux qui leur plaisent le plus. Je me demande pourquoi on apprend en premier le henge aux étudiants... telle illusion est si facile à briser. On ferait mieux de vous apprendre à savoir l'utiliser. A réfléchir et à vous en méfier. A voir autre chose que les techniques en elles-mêmes : pourquoi user d'un henge ou d'une autre illusion lorsqu'il suffit de s'habiller innocemment ? Pourquoi utiliser le henge pour paraître plus adulte lorsque l'enfance s'envole si vite, simplement pour plaire à un inconnu qui ne vous veut pas forcément du bien ? Pourquoi vouloir être belle lorsqu'on est innocente ? Pourquoi les enfants rêvent-ils toujours d'être plus grands ? Ne savent-ils donc pas reconnaître cet innocence que l'on perd en grandissant, ce don pour rêver, que les adultent leur envie tant ? C'est la liberté que notre monde offre qui vous attire tellement ? Mais quelle liberté, mon ange, y a t-il dans la servitude que tu t'es choisie, pour le village ? Il n'y a aucune liberté à etre un adulte, reste une enfant, à défaut d'être utile tu resteras mignonne. Enfin, sache que la musique ne rassemble rien ni personne. Les chants de guerre sont là pour encourager les armées à se jeter l'une sur l'autre. Les requiems sont là pour dire adieu aux défunts. Les comptines sont là pour se moquer des gens que l'on n'apprécie pas. Si certaines musiques sont magnifiques, il est vrai, ne fais pas de généralités. Cesse de parler avant de réfléchir – de méditer. Passe toute ta vie à penser s'il le faut – au moins pendant ce temps là tu ne diras pas de bêtises. Chaque chose a un sens – alors cesse de t'égarer dans les contresens. Et... ben c'est tout. »

Si les piafs pouvaient soupirer d'un air blasé avec une goutte plus grosse que leur tête leur coulant sur le côté de la tête, comme dans les anime, c'était précisément ce que, à ce moment là, l'oiseau de Keyran aurait fait. Mais malheureusement la cruelle réalité voulant que les oiseaux ne fussent dotés de telles abilités, l'oiseau se contenta d'observer un silence consterné. A quoi jouait donc son maître ?
« Et enfin, sache qu'au jeu du plus bavard je suis le roi. »

C'était donc ça, songea l'oiseau. Simple question de compétition. Décidément, Keyran ne s'en lasserait jamais. Il toisa la jeune fille de haut en bas, d'un air dubitatif tirant sur la nonchalance, et, après s'être dit que ça suffisait pour le moment, il lâcha : « Que ton être soit libéré des chaînes maudites qui l'entravent. »

Il claqua des doigts et la jeune fille retrouva enfin l'usage de ses mouvements.
« Tu souhaites toujours autant me voir rester ? » demanda t-il d'un ton joueur.
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Primura Tchinonamida
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Re: Moonlight sonata (Primura)

Message par Primura Tchinonamida »

Primura sourcilla jusque sur son henge en voyant ce curieux personnage se comporter soudain comme un chien à l'affût du moindre danger. Il était dans son jardin, elle lui avait permis d'y rester... qu'était ce alors ? Sa transformation ? Pourtant si les démonstrations des techniques shinobi étaient à éviter il n'était pas rare à Yuki de voir parfois une silhouette bondir de toit en toit. Elle même se livrait à cet exercice lorsqu'elle était en retard.
Elle le vit fermer les yeux et sourit imperceptiblement. Était elle si éblouissante qu'il lui fallait fermer les yeux pour ne pas être aveuglé ?
La main s'approcha de sa poitrine et l'adolescente eut un mouvement de recul devant ce geste qu'elle jugeait déplacé. Tout du moins c'est ce qu'elle ordonna à son corps de faire. Mais celui-ci semblait définitivement accepter la caresse impudique et en éprouva même...

* Par la Glace que... ? *
Primura voulut bouger, souffleter l'impudent, le châtier pour son geste avec les intérêts histoire de faire bonne mesure.
Et en plus il se moquait d'elle ? Que ne puissait elle bouger un bras pour caresser sa gorge du fil de son poignard...
A la colère succéda vite la peur, l'appréhension et l'angoisse. Il l'embrassa sur la joue. Elle ne sut que faire. Déjà son coeur battait la chamade. Pourquoi ? Pour qui ? Qu'allait il faire ?
Piégée, apeurée, ses yeux roses qui étaient encore la seule partie qu'elle pouvait bouger lui envoyèrent le regard d'un faon pris au piège par les chiens, regardant le chasseur armer son arbalète pour le coup fatal.
Toutefois, le chasseur ne tira pas. Le faon était femelle. Il ne tirait que les mâles.
Par ses ancêtres qu'elle n'aimait pas ce regard ! Calculateur, il jaugeait, évaluait la pièce, apposant déjà un prix. Son prix.
L'impuissance la rendait folle, les angoisses de ses cauchemars remontèrent sournoisement le long de sa colonne paralysée pour redescendre avec la sueur glacée qui s'y manifestait. Le fait que ce douteux personnage soit un amateur de jeune garçon ne la choquait pas trop. Qui était elle pour le juger alors qu'elle avait aimé un professeur presque deux fois plus âgé qu'elle ?

Débutante ? Oui elle l'était. Aucune mission à son actif, pas d'expérience du combat. Seulement l'expérience des émotions et des entraînements. Qu'y pouvait elle ? Elle attendait son heure, patiemment. Bien sur qu'elle était faible... elle n'avait que quatorze ans et n'était pas une génie des arts ninja. Cela ne changeait rien au fait qu'elle en était suffisamment consciente pour ne pas apprécier de se l'entendre dire une énième fois. Surtout par un adulte qui la tenait en son pouvoir. Ses iris semblèrent passer au pourpre alors qu'elle lui lançait un regard meurtrier. Les adultes aimaient opprimer les faibles, mais quelle gloire y avait il à maîtriser une enfant ? S'il avait à user d'un jutsu d'une telle puissance c'est qu'il devait tout de même prendre sa force en considération.

Elle continua pourtant de l'écouter, captivée par cet homme si étrange. Il éveillait en elle des émotions oubliées ou cachées et cela forçait son attention et sa curiosité. A son corps défendant, contrairement à son esprit, elle l'écouta.
Il parla longtemps. Primura se sentit passer par toutes les couleurs de l'arc en ciel. Un florilège d'émotions contradictoires se disputait sa conscience et son corps en une guerre sanglante dont aucune ne sortit vainqueur. Seul resta l'adrénaline et l'envie de répliquer. La joute serait orale, soit, sa langue serait sa lame.
Sitôt délivrée voilà qu'elle la dégaine, et c'est avec justesse et prestance qu'elle lance le premier assaut.

« Restez donc mon cher puisse que la chance m'est enfin donnée de vous expliquer en détail le fond de ma pensée. » commença t-elle avec un sourire ravie en arrêtant son henge.
« Je dois être une bien mauvaise élève car vous n'êtes pas le premier et certainement pas le dernier à me dire de me méfier. Mes parents déjà lorsque j'étais enfant, m'adjuraient de ne pas aller vers les gens. Protection bien pensée et pourtant brisée, par la curiosité d'une jeune fille, avide de savoir et d'inconnu. Je suis une calamité il faut bien l'avouer, pourtant je sais penser. Je reviendrai ainsi à votre exemple sur ces deux personnes, l'une vêtue de noir et l'autre de couleur comme un clown. En suivant votre pensée, dois je pour autant saluer celui vêtu de noir pour qu'il me coupe la gorge plus aisément ? Dois je pour autant me méfier du clown qui peut être n'est là que pour faire son office. Sachez toutefois que des deux je me méfierai plutôt du clown. Ces personnages là sont bien plus dangereux qu'un vulgaire assassin ! Pourquoi me demanderez vous ? Je vous l'explique vous répondrai je. Ces personnes sont magiques, libres et affranchis. Ils peuvent émouvoir une foule, charmer un roi, conquérir une reine, vaincre un royaume et cela par le rire, les larmes ou tout autre arme qu'il a par centaine dissimulées dans son large habit coloré. Car il a autant d'armes que d'émotions humaines, qu'il suscite sans afficher sur son visage maquillé. Connaissez vous l'histoire de ce fameux clown nommé Poppy ? Un visage rond, une perruque orange, une bedaine de bon vivant. Aucune aptitude à la guerre et aucune éducation politique ou stratégique connue à ce jour. Pourtant il évita à lui seul, qu'un village soit rasé par l'armée du Tzar, roi d'un royaume lointain. Cela juste par sa performance sur scène et le tout sans dire en un mot. Prenons cette aventure sous un autre angle... s'il a pu éviter des centaines de morts... peut il en être la cause ? Plutôt que de susciter de la joie, serait il en mesure de susciter de la colère ? De la haine ? De la jalousie ?
Il n'y a que les esprits légers pour ne pas juger sur les apparences. Le vrai mystère du monde est le visible, et non l'invisible.*

Je suis ceux qui me plaisent mais n'est ce pas suivre mon coeur et mes aspirations ? Mon âme saigne encore d'une mésaventure avec un homme ô combien beau, charismatique et gentil. Et pourtant c'est un tueur de femme, d'enfant, un drogué qui m'a rejeté, puis charmé à nouveau pour me rejeter. En suis je déçu ? En éprouve je de la peine ? Oui bien sur mais par dessus tout cela, par dessus la plaie et le chagrin, rayonnent les souvenirs des jours heureux et du temps passé ensemble. Si je m'étais méfiée, si j'avais été raisonnable, petite fille sage vivant dans un cocon douillet, jamais je n'aurai connu ces bons souvenirs non plus. Suivre mon coeur même si c'est pour qu'il souffre, pleure et saigne, me convient parfaitement. Peut-on être innocent, lorsqu'on aime un coupable ?*

Je n'aime pas les illusions et je n'ai jamais pensé approfondir ce domaine. Le henge est la seule technique de genjutsu que je connaisse et je ne l'apprécie guère. Je n'aime pas les tromperies et les faux semblants, les masques et les artifices, les duperies et la perfidie, le mensonge et la trahison... pourtant je les côtoie au quotidien et j'en ai usé plus qu'à mon tour. C'est un mal nécessaire, sombre mais utile dans ce monde faussement blanc.
A vous entendre je ferai mieux de tourner paranoïaque pour m'éviter tout ennui. Mais quel goût à la vie quand on la poursuit ainsi ? Celui de la peur, de l'appréhension, de la crainte constante d'un danger qui n'arrivera peut être jamais ? Ce n'est pas pour moi. Non, je n'ai plus envie de vous plaire ou de vous complaire. Je suis Primura Tchinonamida, genin de Yuki et je me sens bien comme je suis.
Pourquoi ai je voulu apparaître belle à vos yeux ? Parce que les adultes ne jugent que par l'apparence. Un noble d'une famille royale pourrait apparaître sous leurs yeux vêtu de haillon avec une bouteille à la main qu'ils le jetteraient dehors à coup de pied en le croyant mendiant.
Pourquoi souhaites t-on apparaître adulte plus vite ? Parce que les enfants ne sont pas écoutés. Ils sont choyés dans une cage dorée, dorlotés, nourris et logés afin qu'on les préserve d'une vision du monde dont les adultes se contentent. Mais nous enfants, rêvons à notre monde, à celui qui nous attend derrière ces barreaux. Naïvement nous voulons le modeler, le former, comme on en ferait pour un palais de neige dans le jardin d'enfant. Nous enfants sommes trop bas pour que les adultes nous voient, ils ne regardent que devant eux. Nous enfants n'avons qu'une toute petite voix que les adultes attribuent à un vent joueur et rêveur.
Je suis devenue Shinobi pour devenir forte et me faire entendre de ces adultes sourds ou malentendants ! Pour montrer que ce monde a beau avoir besoin de lumière il n'en est pas non plus exempt !
La liberté ? Ma liberté ? Je me la créé. Car je suis enfant, artiste, kunoichie, lady... La liberté on se l'octroie, les chaines on se les passe nous même au poignet. J'ai choisie les miennes et je les trouve légères. Certaines me rendent même plus forte. Mes amis, les gens que j'aime...

Rester une enfant pour être inutile ? Mais on ne se bat pas dans l'espoir du succès ! Non, non c'est bien plus beau lorsque c'est inutile !* Ha ! Je serai enfant et utile ! Je n'ai pas besoin d'être utile pour des gens que je ne connais pas ou que je ne connais pas. Savoir que ceux qui comptent pour moi me jugent ainsi me suffit. Leurs voix sont mon hymne, ma vertu et mon credo.
Vos pensées comme votre philosophie me semblent baigner dans la même couleur que vos cheveux. Amusant quand l'on pense qu'à l'extérieur vous êtes vêtu de blanc, couleur de l'innocence. En la perdant vous avez souhaité l'arborer... peut être en souvenir des jours heureux ? C'est cet appétit pour cette vertu qui vous fait dévorer celle des jeunes garçons ? Vous êtes un ogre ou un homme ?
Ceux qui réfléchissent trop finissent par s'enliser dans leurs pensées comme les roues d'un chariot le ferait dans la fange d'un bourbier. Ils finissent par regarder leur attelage remplie de leurs pensées et de leur réflexion, disparaître lentement sous la noire boue qui engloutit tout : l'inactivité. Il faut parfois agir plutôt que de philosopher.
Chaque chose a un sens mais il n'a pas toujours été trouvé et certains ne le seront sans doute jamais. Qui donc en ce monde peut se vanter d'avoir trouver un sens à sa vie ?
Moi en tout cas je continuerai de sourire et d'agir comme bon me semble. »

Son rire argentin tinta comme mille perles de cristal sous un discret rayon de lune.
« Au jeu du plus bavard soyez donc roi, je vous en concède le titre. J'y suis Impératrice ! »
Son visage ne reflétait plus trace de peur ou d'animosité. Telle est un aspect de la magie des enfants, prompte à s'emporter mais prompte à pardonner.

« Et vous cher monsieur, n'éprouvez vous pas l'envie après ma plaidoirie de me demander de ne plus rester ? »
Les enfants sont sans passé et c'est tout le mystère de l'innocence magique de leur sourire.*



* Du Cyrano, du Dorian Gray, du Prevert aussi peut être...
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Keyran
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Re: Moonlight sonata (Primura)

Message par Keyran »

Dieu qu'elle était bavarde. Pendant sa tirade, Keyran s'était assis, et sa main avait parcouru ses poches quelques instants comme s'il y cherchait quelque chose qu'il ne trouvait pas. Le pire ? Il l'avait écoutée, du début à la fin. Il n'avait pas manqué le moindre mot - ça l'amusait. A aucun moment, il ne l'interrompit pour lui opposer son avis. Et lorsque le silence s'installa à nouveau, il se contenta de lever les yeux vers elle, qui se tenait encore debout. Il cherchait son regard. Ses yeux sombres n'en demeuraient pas moins brillants et l'obscurité avoisinante rendait son regard plus profond encore. Lorsqu'il l'atrappa, son visage se fendit à nouveau en un doux sourire. Il se redressa et, avec une pointe de nonchalance, l'interrogea alors, sans cesser de la fixer.

"C'est bon, tu as fini? Tu sais, la prochaine fois, essaie de faire primer la qualité sur la quantité...ça ne te réussit pas vraiment. Tu te dévoiles au premier venu alors que toutes ces choses là il vaudrait mieux les garder pour toi. Ha, je n'aime pas les clowns. Je les trouve tristes. Grotesques. Effrayants parfois, même, tu ne trouves pas ? Voilà pourquoi il faut s'en méfier plus que des hommes en noir - mais sans pour autant abaisser sa garde face à ceux-ci il est vrai. Une règle essentielle chez l'assassin est de constamment rester sur ses gardes, de ne faire confiance qu'à soi-même et encore, et de ne jamais sous-estimer personne. Même en face de toi, frêle jeune fille, je reste sur mes gardes - d'autant plus que je sais à présent que tu es une shinobi. Mais je ne te ferai rien car il est vrai que j'ai encore une âme aussi damnée soit-elle et puis, il y a plus amusant que verser le sang pas vrai ? Tu te demandes peut-être pourquoi je te raconte ça? Tu pourras très bien aller prévenir qui tu veux, dès demain je me mettrai en route pour Suna, aussitôt que j'aurai trouvé ce que je suis venu chercher. Si je survis bien sûr." ajouta t-il malicieusement.

"Ton histoire de clown, c'est des conneries. Des histoires qu'on raconte aux enfants pour les endormir. La vérité c'est que ce clown dont tu parles dupait le monde entier par des genjutsus. Il avait des amis parmi les ninjas, si on peut les nommer ainsi car à l'époque il n'y avait pas vraiment d'académie comme aujourd'hui. Il n'a pas fait rire les gens, il les a hypnotisés. Lui, et quelques autres. Le monde n'a pas de mystère, toutes les réponses sont quelque part il faut juste savoir les dénicher. Tu suis ceux qui te plaisent mais sans leur plaire à eux. Tu fais fausse route, en suivant ton coeur et non tes instincts. Tu t'en mordras les doigts un jour - mais tu le sais, et je sais que tu t'en fiches, je vois bien là que tu es têtue et qu'aucun avertissement ne saurait te faire changer d'avis. Si tu étais moins obtue peut-être serais-tu plus heureuse, ma foi, mais ce n'est pas ce que tu cherches n'est-ce pas ? Tu fais partie de ceux qui veulent avant tout se sentir vivants et peu importe le prix que ça coute. Et pour ta gouverne sache que prendre le parti d'un coupable c'est être complice, et par conséquent coupable également. Il n'y a pas de demi-mesure ou de circonstances atténuantes - dans la loi peut-être, mais pas dans les faits. On l'est ou on ne l'est pas - sempiternelle question existencielle pas vrai ? Enfin... pour te répondre je dirai que, ma foi, je ne comprends pas cette tendance qu'ont les gens à vouloir se spécialiser dans telle out elle discipline. Une technique est une technique, peu importe son genre, sa catégorie ou son mode d'exécution. Si demain je veux apprendre une technique spécialisée ninjutsu et bien, je volerai le parchemin et je passerai dessus le temps qu'il faudra y passer. Avec de l'entraînement on finit toujours par arriver à ses fins. J'ai plusieurs techniques de plusieurs spécialités...alors que je ne connaîs même pas toutes les bases. Le monde est vaste et il est idiot de se contenter d'une catégorie tu ne penses pas ?"

Il n'attendait pas vraiment de réponse, et de toutes façons, il ne lui laissa pas le temps d'en formuler, car il poursuivit ensuite :

"J'ai connu quelqu'un qui comme toi abhorrait l'illusion, la fausseté et la tromperie - en moins bavard, certes. C'est quelque chose que je conçois mais viendra un jour où vous aurez grandi et où vous comprendrez qu'on ne peut pas s'en passer - comme tu l'as dit si justement, c'est un mal nécessaire. Les illusions sont partout et il faut s'en méfier pour ne pas se laisser prendre - je ne parle pas d'être paranoÏaque tu comprends mal. Mais d'être détaché et de s'attendre à tout. Tu parles comme ce garçon que je connais, à toujours voir du bon en chaque chose, même dans les pires. Tu parles du monde des adultes comme quelque chose que tu es pressée d'atteindre pour pouvoir le changer. Mais en devenant adulte tu perdras ces rêves même qui font de toi une enfant. Dis toi que ces adultes qui ne t'écoutent pas étaient enfants eux aussi. Comme toi. comme moi. C'est par là que tout commence. Et après on comprend combien ces rêves rendraient le monde ennuyeux. On se prend au jeu de la corruption, de la loi du plus fort, on aime se déguiser et mentir, derrière un masque d'hypocrisie. Tu me demandes pourquoi je suis vêtu de blanc ? Rien à voir avec une quelconque envie. Tu assimiles toi-même le blanc à l'innocence - et bien voilà précisément pourquoi je porte cette couleur. Ce n'est pas de moi que se méfieront les gardes que je croiserai. Ils ne se sentiront pas agressés. Ils ne me remarqueront même pas lorsque je passerai à côté d'eux comme une ombre. Ils me remarqueront plus tard car s'il est aisé de tromper un homme on ne trompe pas les machine et dieu sait combien ils peuvent bien en avoir...le monde ici n'est pas le même qu'ailleurs. Je trouve ce village excitant, plein de dangers qu'on ne trouve qu'ici. Mais il est de loin le plus corrompu. Il n'est pas en guerre contrairement aux autres - mais il est infesté de vers. Enfin, sache que je ne broie pas du noir contrairement à ce que tu sembles penser. Et que je peux me vanter d'avoir trouvé un sens à ma vie. "

Il se leva, rajusta son long manteau blanc. "Et en plein jour, mes cheveux sont violets. Tu connais la signification du violet ? On l'assimile à l'équilibre entre le ciel bleu et la terre rouge, délicieux mélange de la lucidité et de l'action réfléchie, mais aussi le passage de la vie à la mort - amusant non ? Mais c'est aussi derrière le violet que se produit la transformation et l'invisible réincarnation. Il symbolise le secret...et puis, il paraît que ça stimule la libido des femmes."

Il leva la tête vers son oiseau et, s'apercevant que celui-ci demeurait tranquille, il rabaissa son regard pour le plonger une fois de plus dans celui de la jeune fille : "Aux dernières nouvelles, je suis un homme - ai-je la tête d'un ogre ? Ceux qui réfléchissent trop s'enlisent mais ceux qui ne réfléchissent pas ne sont que marionnettes inutiles. Il faut trouver un juste milieu - réfléchir utilement. Il faut agir certes -mais jamais sans réfléchir. C'est la réflexion qui empêche l'erreur. Si vous aviez réfléchi vous n'auriez pas souffert d'aimer ce sinistre individu dont vous parlez - d'ailleurs lorsqu'on est enfant il est idiot d'aimer quiconque et de se risquer au jeu de la passion, il est mieux pour toi que ce n'eût pas été réciproque. Tu parles de choses censées mais je peux t'assurer que c'est faux. Il existe des choses incensées. Quand tu auras vécu un peu plus - si tu ne te fais pas avoir avant, peut-être comprendras tu.

Je te laisse ton titre, je ne cherche pas la joute verbale cela me lasse, parler pour parler ne sert à rien, et s'étendre dans de longues conversations ne mène nulle part : tu as ton point de vue arrêté sur la chose et ce n'est pas à moi de faire ton éducation mais peut-être un jour ouvriras-tu les yeux et verras-tu que j'ai raison. Je fais le vieux con qui a tout vu tout vécu - et poutant je dois à peine avoir le double de ton âge. Qui sait, peut-être qu'un jour c'est moi qui ouvrirai les yeux et qui me rendrai compte qu'il faut écouter les enfants, et alors ce jour là, peut-être qu'enfin tu obtiendras une utilité. Mais en attendant que l'un ou l'autre de ces jours n'arrivent, cesse donc de te presser ; joue avec tes amis, apprends tes leçons, profite de ta jeunesse et sois en fière. Car viendra un jour où tu devras te préocupper toi-même de ta survie, où tes parents mourront et où tu n'auras plus que toi-même sur qui compter - et les quelques amis qu'il te restera de ta jeunesse, si tu as su t'en occuper, car si tu les as ignoré en voulant grandir trop vite, à leur tour ils t'ignoreront. Personne n'est en train de se demander où tu es, e t avec qui tu discutes ? S'ils ne s'inquiètent pas, viens donc avec moi faire un tour. Tiens, je vais te donner une occasion de te rendre utile, indique moi donc où se trouve ce grand bâtiment qui fait la fierté du village, qu'on dit si haut qu'il chatouillerait les pieds des dieux."


Enifn, il se tut. Il n'en avait que faire, au fond, de parler plus ou moins que la jeune fille, il s'était contenté de lui répondre parce qu'il arrivait certains moments où parler à des gens dotés d'intélligence lui manquait. Non pas qu'il n'eût que des débiles dans son entourage, bien au contraire, mais parler affaires et projets machiavéliques continuellement l'ennuyait au plus haut point. Alors pour une fois, il appréciait d'avoir une conversation simple avec une personne simple. Simple, mais, à son goût du moins, très intéressante - il ne s'agissait pas que de bavardage. Il aimait connaître la manière qu'avaient les gens de fonctionner et cela l'aidait à compléter son étude du comportement humain. Sa base de données. Etudier les profils, les modes de réactions. Identifier les individus rapidement, et les cerner pour ensuite mieux les duper. Les tuer. Ou pire encore.

I WON :)
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Primura Tchinonamida
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Re: Moonlight sonata (Primura)

Message par Primura Tchinonamida »

L'adolescente avait ponctué sa diatribe avec force gestes et mimiques, comme un avocat possédé par le Feu Divin elle s'était prise au jeu. Convaincre l'auditoire, le captiver, l'intéresser, le fasciner, le dompter...
Primura pensait avoir réussi, à présent calmée elle se tut simplement et regarda l'étranger. Leurs regards se croisèrent et elle sut qu'elle avait perdu. Raté, échoué, manqué... les termes ne manquaient pas mais il n'y en avait aucun pour décrire la déception dans laquelle plongea l'âme de l'adolescente. Le sourire, le ton... les premiers mots, chaque nouvelle seconde, chaque nouvelle syllabe s'enfonçait dans son coeur et ses convictions comme autant d'aiguilles empoisonnées lancées avec minutie.
Sa nuque la démangea lorsqu'il évoqua son statut de kunoichi et elle se crispa instantanément. Qu'avait elle fait ? Déjà avant il l'avait paralysé sans même qu'elle ait put l'empêcher ou le voir arriver. Elle était en danger. Il n'y avait ni clown ni homme en noir mais Il était là et c'était plus que suffisant.
* Le temps que je prévienne les autorités il sera déjà loin... connaissant la politique de Yuki, s'il ne représente pas un intérêt majeur ou une menace prioritaire pour nous alors ils ne feront rien... comment se fait il qu'il connaisse aussi bien le système ? Qu'est il venu chercher ? Compte il voler quelque chose ? Si oui il y a encore une chance... surtout si cela appartient à quelqu'un d'important.*

Elle pinça les lèvres lorsqu'il fit sa propre analyse de sa personnalité. S'il n'avait pas tout à fait tort sur certains points... elle n'aimait pas sa manière réductrice de la classifier. Pour elle chaque être humain était unique et si certains traits étaient détectables, cataloguables... un être ne pouvait l'être dans son entier. La genin n'en conserva pas moins le silence. Apparemment ils étaient d'accord sur plusieurs points mais pas toujours pour les même raisons ou de la même façon. Notamment sur la méfiance vis à vis des clowns, son côté têtu, le fait qu'elle était coupable d'aimer ou d'avoir aimé Wei-Chi... Pourquoi se sentait elle attirée par ce personnage ? Il dégageait une sorte de magnétisme mystérieux mais puissant. Un mélange d'aura de savoir, d'ouverture d'esprit et de liberté. Il semblait détenir des clés qui faisaient défauts à l'adolescente et elle ne savait pas si elle devait s'en offusquer, le jalouser ou l'admirer.
Sa proposition la prit au dépourvu et elle cligna des yeux une paire de fois avant de se reprendre. S'il avait voulu la tuer ou pire... il aurait eu cent fois l'occasion de le faire. Rien ne l'empêchait de lui montrer... cela ne changerait pas grand chose à son sens. A moins que...
* Si les autorités l'apprennent... comme nous l'avons évoqué avant, complice d'un coupable nous désigne comme coupable... je n'ai pas très envie qu'on ouvre un dossier judiciaire à mon nom... mais d'un autre côté... *
Elle jeta un regard en biais à l'inconnu en se mordillant nerveusement la lèvre inférieur. Le quitter maintenant ? Passer à côté de choses certainement intéressantes ? En plus elle s'ennuyait ces derniers temps et cet homme était la meilleure distraction qu'elle ait eu depuis trois jours.
« D'accord... suivez moi. » dit elle en se dirigeant vers le portail. Sa famille dormait et du moment qu'elle était de retour dans son lit demain matin tout irait pour le mieux... dans le cas contraire... non elle ne voulait pas imaginer.

La mine pensive, elle ouvrit discrètement l'entrée et la referma derrière l'homme aux cheveux violets. Les sorties nocturnes avec un Inconnu, dangereux qui plus est n'étaient pas recommandées par son éducation mais bizarrement il lui donnait justement des envies de liberté. Elle réfléchit silencieusement à ses paroles, y trouvant un courant de compréhension qu'elle suivit pour mieux saisir l'essence de ses propos. Ses pas cadencés crissaient doucement dans la neige et son souffle se condensait en une épaisse vapeur blanchâtre qui s'élevait en volutes évanescentes à l'image de ses pensées.
Finalement elle reprit la parole. Du ton de l'élève qui accepte la théorie du maître en mettant la sienne de côté mais qui tient à rajouter son avis pour que les choses soient claires entre eux.
« Se contenter d'une catégorie c'est effectivement nul car il ne faut pas être particulièrement intelligent que l'on est du coup sérieusement désavantagé dans d'autres. Toutefois je pense que dans une équipe si chacun se spécialise dans un domaine particulier, ce peut être une stratégie viable. Même si un chaînon qui se brise, entraîne les autres maillons avec lui... je ne suis pas encore assez expérimenté et je n'ai pas encore assez confiance en moi pour me permettre de me lancer dans plusieurs branches en même temps.
Le monde est vaste, je veux bien vous croire : il me fait rêver depuis que je suis toute petite. Malheureusement je ne le connais qu'à travers les livres, les cartes et les images. Je suis devenue kunoichi au nom de mes rêves... »

A ces mots elle sourit en repensant à la devise gravée sur son épée.

« Et l'un d'eux est justement le voyage, la découverte du monde, de l'Inconnu, de l'Extérieur. Malheureusement le village semble vouloir nous cantonner aux basses besognes internes... je suis certes prête à attendre mon heure... prête à faire de petites missions comme tout le monde pour débuter... mais cela fait plusieurs mois que je suis genin et rien... une nouvelle illusion qui se brise comme un cristal au sol.
J'aimerai beaucoup rencontrer ce jeune homme. L'avez vous Aimé ? Je serai ravie de deviser avec lui le temps d'un thé ou de toute autre boisson qu'il lui plaira de prendre. »

A des kilomètres de là, un adolescent sentit son nez le chatouiller.
« Je comprend cette presque nécessité d'être détaché, de s'attendre à tout... je pense même que cela pourrait me sauver la vie en plus d'une occasion. Mais ne finit on pas par devenir blasé à force ? Plus de saveur, plus de surprise ? Seulement des paramètres précis, pré établis, pré détectés, préparés... où est le piment ? Survivre oui mais je préfère vivre... c'est peut être un caprice mais je pense que je peux adapter ces conseils à ma vision des choses.
Vous dégoutteriez n'importe qui de l'âge adulte, déjà ce soir je n'en ai plus envie. Toutefois je pense que cela peut avoir ses avantages, ses plus, ses atouts, ses privilèges et ses intérêts... même si je préfère ma condition d'enfant. »
continua t-elle en souriant pour montrer qu'elle acceptait sa défaite sur ce point en particulier.

« Ne serait ce qu'au niveau des jeux. Je préfère mes boules de neige, mon cache-cache et mes palais de glace à vos... tromperies, vos corruptions... je préfère ma loi de l'amitié à la votre du plus fort... bien que dans la formation que j'ai choisie cette loi prévaut aussi sur les autres... même si je continue de croire que je peux adapter, façonner, changer... naïveté enfantine ou bêtise chronique peut être ? » demanda t-elle avec un brin d'auto-dérision.
« Votre idée sur le costume est intéressante, l'infiltration ne doit plus avoir beaucoup de secrets pour vous et je pense réutiliser l'idée si l'occasion se présente... nous avons déjà plus ou moins utilisé ce principe par le passé... » dit elle en repensant à la séance déguisement avec Tenki, suivi de la séance maquillage. Elle sauta ensuite volontairement une étape. Le choc des sous entendus de l'inconnu n'était pas encore passé et elle voulait garder ses explications pour la fin.
« Mais vous arriveriez à contrôler des pulsions, des sentiments, des émotions aussi puissantes et chaotiques que l'amour ou la haine ? Le pouvez vous ? Cette attirance ou cette répulsion ? La passion comme le dégoût ? A ce propos pourquoi considérez vous la passion comme un jeu ? N'est ce donc pas la marque suprême de l'amour entre deux êtres ? » demanda t-elle en piquant un léger fard. On ne pouvait faire plus candide qu'elle en la matière et elle en était consciente, pourtant elle ne pouvait s'empêcher de s'indigner contre cette qualification.
L'Enfer des Questions était lancé, Primura s'y jeta à corps perdu sans réfléchir, déballant toutes ses angoisses, les peurs, les noires interrogations que les paroles de l'homme avaient suscitées en elle.
« De quels dangers rodant dans Yuki parlez vous ? En quoi est il corrompu ? Tous les gouvernements le sont plus ou moins alors pourquoi celui-ci en particulier ? Quels sont ces vers et quel est l'insecticide ? Que savez vous ? Comment ? Qui êtes vous pour savoir tout cela ? »
Ils débouchèrent sur une place jouxtant le Futura Glacière qui les dominait de toute sa hauteur. Primura ne put s'empêcher de se taire devant l'écrasante force du bâtiment. Elle repensa à son cours sur le kinobori... à cette époque... à Wei-Chi... à Akikaze...

Ils pénétrèrent dans le parc entouré par les murs, suivant l'allée menant à l'entrée. L'adolescente se sentait tendue. Elle était un peu comme ce parc : entourée de murs mais une fois ceux ci franchis elle était complètement à découvert.
« J'ai vraiment besoin de savoir... »
La simple idée qu'elle ait fait tant de sacrifices et d'efforts pour une entité qui n'en valait pas la peine lui était insupportable.

Fragile comme la glace
Jeune ingénue
Doute.
Primura Tchinonamida, anciennement kunoichi de Yukigakure No Sato à présent désertrice.

Que tous vos rêves se réalisent sauf un !

There was a chunin and his wife, and he was beautiful, a proper artist with his knife...
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Keyran
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Re: Moonlight sonata (Primura)

Message par Keyran »

Le chemin ? Il le connaissait. Il n'était pas venu au hasard car même s'il lui confiait souvent sa vie, cette fois-ci il avait tout de même pris la peine de faire quelques plans. Il était là depuis assez longtemps pour avoir fait son petit repérage. La faveur qu'il avait demandé à la jeune lady ne lui confirma qu'une chose : il pouvait faire d'elle ce que bon lui semblerait, elle y serait dévouée. Il avait capté son attention et il savait qu'elle se souviendrait de lui. Ca l'amusait mais en même temps, le rassurait. Il vivait jour et nuit avec cette hantise que beaucoup partagent, celle d'être, une fois dans l'autre monde, oublié de tous dans celui-ci. S'il semblait assuré, il n'en demeurait pas moins un homme, avec ses points faibles, ses craintes, ses doutes. Oh bien sûr il n'en faisait pas une montagne et les gardait pour lui, comme n'importe qui, mais il gardait ces petites pensées comme celle qui survint à ce moment précis que, en voilà une qui ne l'oublierait pas – même si son souvenir s'estomperait peu à peu. Voilà pourquoi l'homme, aussi pleines de sang que pouvaient être ses mains, demeurait sociable et continuait de vivre parmi les gens comme si de rien n'était, discutant même avec des inconnues qui sont censées dormir à une heure pareille. *Demain tu te réveilleras et tu te demanderas si tout cela n'aura pas été qu'un rêve affreusement réaliste... tu t'en attristeras et je te manquerai.*

Certes, Keyran avait une haute estime de lui-même. C'était là le défaut de celui qui avait toujours plus ou moins eu et réussi ce qu'il voulait dans la vie. Plus ou moins. Il gardait le silence, suivant la jeune fille satisfait qu'elle ne cherchât pas à le duper, écoutant ce qu'elle avait à dire. Il la laissait parler. Il savait qu'à un moment ou à un autre elle finirait par se taire et qu'alors, ce serait son tour de lui répondre. Chaque chose en son temps. En attendant, il notait chacun de ses propos, et les ordonnait dans un coin de sa tête. Elle n'avait pas tout à fait tort mais cela ne voulait pas dire qu'elle avait raison. La nuit était fraîche et il se rendit compte que s'il n'avait pas sous-estimé la température et prévu des vêtements en conséquence, la brise glacialen elle, venait lui agresser le visage, arrachant quelques frissons à ses membres. Il constata qu'en dépit de l'heure avancée, la ville était encore assez animée – surtout dans les différents bars et le game center qu'ils dépassèrent – attraction typiquement yukienne qui ne réussissait à rien faire d'autre que lui donner mal au crane. Il avait « passé l'âge », comme on disait.

Il se rendit compte qu'il avait peut-être brisé les rêves de la jeune fille, et qu'elle semblait atteinte par ses paroles, mais cela lui importait peu ; au moins s'endormirait-elle prévenue ce soir. D'un côté, il lui arrangeait la vie. Tout le monde passait par là un jour ou l'autre. Certaines de ses paroles l'atteignirent lui-même, mais il ne cillait pas, songeant alors qu'il lui faudrait une technique contre le froid, cela pouvait toujours servir. Il se renseignerait demain. Pour l'heure, le vent aurait eu raison de son sourire rêveur. Il poursuivit sa marche aux côtés de la jeune fille, préparant ses réponses au fil des questions qu'elle lui posait.

Enfin, devant eux, se dressa ce pourquoi il était venu, avait fait tout ce chemin. L'endroit du Salut.  *Le trône du vice, l'abattoir de la vertu... combien ça leur a coûté cette folie ? Les Yukiens ont dû l'avoir mauvaise en payant leurs impôts cette année... Ils croient vraiment qu'il n'y a là qu'un hotel ? C'est plus haut que je croyais, enfin, c'est le dessous qui m'intéresse... je sens que je vais en passer des heures à trouver mon chemin là-dedans... quelques clones ne seront pas en trop... inutile de faire compliqué quand on peut faire simple, j'enverrai le piaf chasser pour le chemin du retour pendant ce temps là... mais merde, il s'est pas dit que ça allait me prendre une paie de trouver un dossier dans tout ce fatras ? ... J'espère au moins faire des trouvailles intéressantes.  Sinon ce serait vraiment un beau gâchis d'argent... et l'autre, elle aurait pas pu le faire ? C'est toujours à moi de faire le sale boulot... enfin c'est vrai que je suis aussi le plus capable des deux... et que Lui, ça lui trouerait le cul de se déplacer lui-même... enfin, je me plains mais je me demande ce que je ferais sans eux... *

 « Ton village ne te cantonne à rien du tout... il a simplement d'autres priorités que toi. Et puis si tu rêvais d'aventure ce n'est pas à yuki qu'il fallait naître. Ici il ne se passe rien. Le village est renfermé sur lui-même, protégé des conflits extérieurs...que voudrais-tu faire ? A part protéger la veuve et l'orphelin il n'y a rien ici. Quel ennemi viendrait braver le froid , les montagnes et les forêts ? Aucune armée ne peut prendre Yuki car vos hommes sont vigoureux, ils gagneraient contre les envahisseurs affaiblis, peu importe leur grade. Yuki ne doit son prestige qu'à sa richesse, en aucun cas à ses shinobis. L'examen chuunin, ça n'était en aucun cas pour mettre en avant ses ninjas – il n'y avait qu'une équipe de proposée... c'était pour mettre en avant sa technologie...et couvrir la fonction réelle de ce bâtiment. Yuki est corrompu jusqu'à la moelle par ceux-là même qui le dirigent. Je dirais même que les trois quarts des jônins qui le sont n'ont pas été promus au prestige mais à leur capacité à allonger le bras. Pour les jeunes c'est différent, certes... on vous couve, on vous dit que le village c'est le bien. Vous courez tous les yeux fermés, des rêves pleins la tête. Et quand vient le moment de se réveiller c'est trop tard, vous voilà formaté et trop loin pour revenir en arrière parce que même si après des années de bons et loyaux services vous décidez de tout arrêter, alors on te lache les chiens et on te pourchasse parce que tu passes de pion à menace. Enfin, en règle générale. Après il y a toujours quelques exceptions. »

Un sourire amusé naquit sur son visage – le vent s'était calmé – visiblement quelques images intéressantes parcouraient son esprit.  « Les vers... ils sont partout. Ils vont et viennent ils sont n'importe qui. Parfois ils ne se rendent même pas compte de combien ils sont faciles à acheter, faibles et misérables. Sinon comment pourraient-ils encore prétendre à une dignité ? Ils se croient chacun plus malins qu'un autre, mais il suffit d'une pièce ou d'une belle promesse pour les mettre à vos pieds. Ou... comme pour toi par exemple, d'un beau discours, pour mettre la poudre aux yeux. Crois-tu vraiment que votre kage est kage parce qu'il est plus puissant que tous ces valeureux shinobis aguerris ? Non. Il est kage parce qu'li descend d'une grande famille, qui à défaut d'être un clan est la plus riche de la ville... Enfin, je vais m'arrêter là parce que je ne voudrais pas t'ouvrir les yeux trop vite, et briser cette innocence dont tu feras bientôt le deuil. Ce moment là arrivera bien assez vite et je m'en voudrais d'attrister une si charmante enfant. Mais assez bavardé...Si l'on parlait de choses sérieuses à présent ? »

Se hissant en moins de temps qu'il en fallait pour le dire en haut du mur d'enceinte qui entourait Futura Glacière et s'y asseyant ensuite, il attendit que la jeune fille vînt le rejoindre- ou non- pour poursuivre :

 « Tu me demandes qui je suis, qu'aimerais-tu que je te réponde ? Je ne suis qu'un rêve que tu auras fait demain matin. Appelle-moi Keyran, si ça te chante de mettre un nom sur mon visage. Je suis un assassin que personne n'envoie sinon les dieux, alors ne me demande pas pourquoi je fais ça, leurs desseins sont impénétrables. Et non, je ne suis pas croyant comme on le définit. Qui serais-je pour donner un nom à un ou plusieurs dieux, et leur attribuer un rôle ou un élément ? Je veux bien penser que des forces nous guident mais jamais je ne les considérerai comme des êtres dotés d'une personnalité quelconque. Les dieux ne sont pas des hommes alors pourquoi devraient-ils se comporter comme tel, avoir des apparences terrestres ou même, porter un nom? C'est le propre de l'homme de nommer chaque chose. Enfin, je m'égare...et quant à ce que je sais... je pourrais te le dire mais je sais que tu préféres ne pas savoir. Ce n'est pas une histoire qu'on raconte aux enfants.»

Il parlait d'un ton tout à fait naturel, et par moments semblait plus réfléchir à voix haute que répondre à la jeune fille. Mais s'il lui avait demandé de s'asseoir pour discuter un instant, ce n'était pas pour ça. C'était parce qu'elle avait abordé un sujet qui lui était cher, auquel il prendrait le temps et la peine de répondre, à l'origine de toute la folie humaine ; celui des sentiments.

 « Je suis sûr que lui aussi prendrait plaisir à discuter avec toi – ou du moins à t'écouter car il est muet. Mais il vit quelque part où la neige ne tombe que rarement, où les arbres sont verts et le climat doux... Il doit avoir ton âge, ou peut-être est-il plus jeune encore. Je ne sais pas trop – ça fait longtemps que je ne l'ai pas vu. Je ne m'éterniserai pas sur mon cas, ni sur le sien, mon histoire ne te regarde pas - et puis tu risquerais l'erreur de l'attendrissement. Je voudrais simplement revenir sur le fait d'assimiler l'Amour à la Passion qui sont deux choses différentes. L'un va sans l'autre.Tu Aimes ta famille non? Tu n'en ressens pourtant pas de passion. Par contre cet homme que tu aimais...parce qu'il était beau – c'était de la passion.Il te fascinait et tu l'admirais mais tu ne l'aimais pas. Sinon, tu l'aimerais encore. On n'Aime pas quelqu'un lorsqu'on ne le connaît pas; on le désire. On a envie de mieux le connaître, d'en apprendre plus pour s'assurer que cette personne a bien tout pour nous plaire. On n'aime pas quelqu'un au premier regard. On le trouve beau, mais comment peut on Aimer rien qu'un sourire ou un « bonjour » croisé dans la rue ? Le coup de foudre...ce n'est que de la Passion. L'amour vient ensuite, ou non. Mais toutes ces choses tu auras bien le temps de les découvrir. Je t'aime bien. Peut-être que je reviendrai te voir un soir, si le hasard me ramène par ici; lorsque... j'aurai fait tout ce que j'ai à faire... »

C'était d'un ton blasé qu'il avait achevé sa phrase, non pas que ce qu'il avait à faire ne lui plaisait pas, au contraire, mais la préparation que cela nécessitait l'agaçait. Il préférait l'action à l'étude du terrain, mais ses jeunes années d'insouciance étaient derrière lui et maintenant qu'il jouait sur un terrain où il n'avait plus droit à l'erreur, il préférait prendre ses précautions. Honorer les seules règles qui pouvaient dicter sa conduite ; celles qui faisaient de lui l'assassin qu'il était.

Décidant qu'il avait assez parlé et qu'il était temps à présent de s'octroyer un petit plaisir, il tira nonchalemment de sa poche un paquet de clopes made in Kiri et s'en alluma une. Il tira un coup et expira la fumée dans un soupir de soulagement, le regard plongé dans les reflets sombres des nombreuses fenêtres du Futura Glacière.
En haut, la pleine lune perçait des nuages hésitants, le ciel se dégageait.
La nuit serait encore longue avant le matin, mais lui, Keyran, avait déjà entrepris ses calculs.
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Primura Tchinonamida
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Re: Moonlight sonata (Primura)

Message par Primura Tchinonamida »

La végétation gelée du jardin ajoutait au morne calme de l'instant. Un paysage bicolore triste et peu attrayant, ses pieds en arpentaient le chemin, ses pensées étaient ailleurs. Loin, très loin...
Les bras croisés sur sa poitrine, les épaules rentrées, elle tentait de chercher un semblant de chaleur et de contact réconfortant dans son corps à l'âme ébranlée jusque ses fondations.
Les réponses de l'Inconnu ne se firent pas attendre et elle se concentra sur ses paroles, attentive au moindre mot, à la moindre phrase.

Plus besoin de chaleur humaine, celle de la colère et de la vexation suffit amplement à la satisfaire. Pourtant elle broncha à peine sous les paroles assenée comme autant de coups d'épée à sa conscience qui commençait lentement mais sûrement à se faire lourde. L'homme était habile, appliquant du miel après avoir sortis le jus de citron.
* Charmante enfant... ? *
Son sourire revint à la première question posée depuis longtemps.
* Parler de choses sérieuses maintenant... parce que avant c'était trivial ?! *
La genin resta silencieuse et le suivit calmement jusqu'au mur au sommet duquel elle le rejoint après un kinobori.
Assise sur le mur les pieds dans le vide elle dégagea la neige à côté d'elle pour y poser ses mains, croisant les jambes comme une jeune fille bien élevée. Son regard s'envola le long des parois de verre et d'acier du Futura Glacière.
Plus cette personne parlait plus il ressemblait au concept de vie dont elle rêvait depuis toute petite. Libre, puissante, éveillée, mature... assujetti à sa seule personne, à ses seules règles. Aujourd'hui à Yuki demain sous le soleil de Suna... que ne pouvait elle en faire autant.
Le doux fleuve de sons se tarit, c'était à elle de reprendre la course du débat, du discours, de l'échange, du rapport de force... qui était en sa défaveur depuis le début. Mais dans la défaite elle trouvait ses victoires, son enrichissement. Assoiffée de notions et de savoir elle se présentait à la source et buvait ses paroles.

« Comme un château de cartes pourtant bien monté, mes convictions tombent sous le souffle de votre éloquence. Effondrées, elle gisent pitoyablement à mes pieds et je ne peux que les contempler d'un air attristé. Je me suis lancé dans la voie de Shinobi pour des raisons auxquelles jamais d'après vous je n'accéderait sous prétexte que mon village n'est pas le bon. Yuki est il donc un village figé comme la glace qui l'entoure ? Condamné à monter vers le ciel toujours plus haut sans s'étendre. Notre avancée technologique serait elle le carcan confortable d'une chrysalide dont jamais nous nous éveillerons ? Je prie d'être encore là le jour où nous jugerons bon de devenir papillon plutôt que larve.
Larve à laquelle vous m'affiliez, le propos est dur et insultant mais ma foi je passerai dessus, estimant que si vous frappez si dur ce n'est pas par méchanceté. Une erreur peut être, mais qui sait ?
Je croyais effectivement que la tradition du Kage, le plus fort du village, était toujours d'actualité avec notre jeune chef. D'un autre côté peut être dites vous ça seulement parce que vous êtes plus fort que lui. Un assassin aussi doué que vous selon vos paroles ne doit pas craindre grand monde. Il me semble que si les vers grouillent ils doivent suivre celui qui est en mesure de leur apporter le plus... à savoir le Kage. Si il est comme vous dites le membre de la plus riche famille de Yuki alors le nombre de ses suivant doit être assez important... et ce doit être une manière simplifiée d'accéder au pouvoir... interessant... »

Un soupir franchit ses lèvres. La nuit semblait moins sombre que ses idées.

« Je suppose que vous parliez des déserteurs, en connaissez vous qui se soient enfuis de Yuki et qui aient survécus ? Pourquoi l'ont ils fait ? Comment ont ils réussis ? Je me suis toujours demandée pourquoi un ninja, souvent doué, désertait... il aurait pu avoir tellement plus en restant à mon avis... ou pas... après tout je ne sais pas ce qu'il y a gagné...
En tout cas je suis contente de pouvoir mettre un nom sur votre personne, je suppose que mettre un nom sur les choses ou les gens nous rassure... cela créé un certains lien qui apporte une certaine notion de pouvoir de compréhension et de communication...
Sachez que j'apprécie vos égarements et que je prend plaisir à vous y suivre, peu de gens prennent la peine de me parler ainsi, généralement sous prétexte que je suis une enfant à leurs yeux et qu'ils m'estiment donc inférieure intellectuellement... ah ces adultes... »
continua t-elle en levant les yeux vers la toile obscure piquetée d'étoiles.
« Je suis un peu perdu actuellement et je ne saurai donc dire si oui ou non je sais si je ne veux pas savoir... l'afflux massif de notions et de prises de conscience a quelque peu brouillé mes sens et ma raison. Vous êtes un être perturbant Keyran... » dit elle en penchant la tête de côté avec un sourire en le regardant intensément.
« Vous agissez comme un proche parent qui détournerait un jeune membre de sa famille du mauvais chemin, lui expliquant ce qu'est la vie, ses pièges et ses déboires. Ce que d'autres appellent le sale boulot.
Maintenant que vous m'avez parlé de cette barrière entre Amour et Passion... je dois reconnaître que cela me semble réel. On a souvent entendu parlé de cas d'hommes ou de femme aimant leur conjoint mais partageant le lit d'un ou d'une autre... l'Amour qui les liait à leur compagnon n'avait pas disparu mais la Passion partagée avec un ou une autre leur convenait mieux... pourquoi dans ce cas, cela fait il scandale ? Parce que le conjoint trompé est toujours animé de Passion envers le conjoint trompeur ? Quel monde bizarre que celui dans lequel nous vivons... »
dit elle en réfléchissant tout haut.

« Ce mythe du coup de foudre est il considéré comme réel parce que certains ont voulu faire prendre corps à leurs rêves ? Ce rêve d'un Amour immédiat, pur et sincère ? »
* C'est vrai qu'avec Tenki ça n'a pas été immédiat... il a fallu que l'on se rencontre, que l'on se connaisse pour que cela se concrétise... dans ce cas je vis bien un amour réel... * conclue t-elle avec soulagement.
Le froid commençait tout doucement à la gagner. Elle ne s'était pas équipée pour passer autant de temps dehors...
Fatiguée et un peu désorienté elle fit quelque chose à laquelle elle n'aurait jamais pensé en temps normal. Elle coucha sa tête sur les cuisses de Keyran.
« Moi aussi je vous aime bien. Vous savez où j'habite donc passez quand vous voulez... ou plutôt quand vous pourrez... »
L'odeur de cigarette l'apaisait, elle lui rappelait Tenki et son père, même si ce dernier était plutôt amateur de cigares.
« Mais fumer c'est mauvais pour la santé. » dit elle d'un ton de reproche en souriant. Tout doucement elle se mit à somnoler mais une dernière interrogation subsistait.
« Que dois je faire pour devenir comme vous ? » demanda t-elle presque en chuchottant. Que devait elle faire pour pouvoir accéder à ce dont elle rêvait ? Quel chemin suivre ? Quelle voie arpenter ? L'angoisse d'être perdue qui l'étreignait ne lui semblait à l'instant ne pouvoir être secourue que par cet homme qui semblait si sur de lui.

Perte des repères
Lumière dans la nuit
Modèle
Primura Tchinonamida, anciennement kunoichi de Yukigakure No Sato à présent désertrice.

Que tous vos rêves se réalisent sauf un !

There was a chunin and his wife, and he was beautiful, a proper artist with his knife...
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