Un marchand dormant dans la forêt...

[Takemitsu Naoki]

Vous aussi vous vous demandez ce que peut faire un type pareil aux alentours d'un village aussi insignifiant ? Curieux non ? Etrange, c'est certain. Approchons nous du phénomène... avançons doucement... oui petit écureuil... doucement. Un visage fermé, la peau usée par les ans mais pas encore ridé, les yeux clos un étrange sentiment de sérénité et de lassitude se dégage de cet homme.
L'écureuil se déplace et se pose à quelques centimètres de lui, l'observe d'un oeil interrogateur. Dans ses pattes il tient fermement une noisette qu'il grignote de temps en temps.
Un léger kimono bleu usé par des kilomètres de marches, de routes, ici et là quelques feuilles collés à lui, des taches d'humidité. La première question venant à l'esprit de notre animal frondeur est...

[HRP]Pour des commodités d'écritures, les pensées de l'écureuil ont directement été traduites en français... La parler écureuil rendant assez mal à l'écrit [/HRP].

*Kesé ki donk ki fou la s'gran ta ?*

Naoki se retourna émettant un léger grognement, l'écureuil bondit et grimpe vivement sur l'arbre le plus proche. Du haut de la branche principale, il peut découvrir un vaste bric à brac porté par une charette. Toutes sortes de rouleaux, de casseroles, de conserves émergeaient des cartons présents dans le véhicule.

Il était l'heure de se lever, de prendre un bon petit Ricoré et c'était parti pour la journée. Naoki s'étira, la langue pateuse, l'oeil glauque, la mine renfrogné... comme d'hab quoi. Il ajusta ses lunettes sur son nez avec un soin appliqué, c'était une évidence... lui aussi ménageait sa monture.

Il avait quitté Kiri, il y a moins d'une semaine avec tout son bric à brac et voilà que désormais il aterrissait ici. Il savait qu'il devait se rendre à Suna comme nombre de ses compatriotes... mais là... il avait une grosse flemme et puis il était assez grand pour se défendre tout seul. Après tout même à plus de quarante ans, il avait de belles années devant lui et ce n'est pas quelques jeunôts qui allaient l'impressionner. Certes, il y avait cette poitrine douloureuse, ces membres qui ne réagissaient plus avec la même vivacité qu'auparavant mais tout de même après une semaine à tirer cette maudite charette, il se sentait quelque peu renaître. Il sentait ses muscles se solidifier à nouveau, son corps répondait à nouveau à ses sollicitations. Depuis le temps que la retraite était venue, il avait stoppé tout contact avec le monde ninja pour s'installer sur une des îles avoisinantes au village de Kiri.

Les seuls contacts qu'il avait, étaient ces étudiants qui de temps en temps échouaient chez lui durant les épreuves de sélections pour devenir Genin, sa soeur assez régulièrement ces derniers temps, et parfois son neveu lorsque celui-ci avait un peu de temps.

D'ailleurs pourquoi sa soeur lui avait parlé de cette jeune femme avant qu'il s'en aille ? Comment s'appelait cette personne déjà ? Il en avait oublié le nom... Désormais elle était morte, emportée par la maladie voilà 8 ans déjà, laissant son fils livré à lui-même, s'enfuyant vers un destin incertain. Comment s'appelait il déjà cet enfant ?

Bah qu'importe, il avait dû mourir depuis le temps, on ne survit pas aussi facilement que cela lorsque l'on a 10 ans.

Et lui ?
Pourquoi avait il dû suivre les conseils de son neveu ?
Pourquoi sa soeur avait elle tenu à rester à Kiri, quitte à y laisser la vie ?

Tant de questions auquelles il ne souhaitait pas répondre pour l'instant. Il se posa contre un arbre et s'exerça à quelques techniques, histoire de voir s'il avait toujours la main...

Pas mal pour un vieux.

[Urasawa Kenji]

Il sent la chaleur de sa main contre son bras. Une chaleur régénératrice, comme un baume sur son cœur. Il lui sourit, passe sa main dans ses cheveux et d’une voix douce :

« Tes pansements autour de tes côtés te serrent bien ? »

D’un geste vif, il vérifie, cela a l’air de tenir, inutile de le changer avant un petit moment.

« Tu devrais retourner te coucher, une longue route nous attend demain. Il faut que tu sois prêt. On passera faire quelque course à Suna avant. Je t’achèterai ce qui te fera plaisir et sera utile pour la route ; si tu le souhaites. »

Il s’interrompt quelques instants, frappé par une idée soudaine puis lâche rieur.

« Mais tu dois avoir bien faim ! Attends, il doit rester du riz dans le frigo… Je vais te réchauffer ça.»

Les larmes ont disparu de son visage, il se dirige d’un pas alerte vers la cuisine, la porte à côté de la salle de bain. Au bout de cinq longues minutes, il ressort avec un bol de riz dans lequel sont plantées deux baguettes.

« Voilà… bon appétit… c’est pas grand-chose. Mais c’est déjà ça. »

En attendant que Waku finisse son bol et se recouche pour s’endormir, Kenji s’assoit dans le fauteuil et se replonge dans sa lecture. Seul le bruit des baguettes contre la faïence du bol vient perturber le silence. Au bout de quelques instants, lui-même s’endort, emporté par la fatigue cumulé ces derniers jours à rester éveillé afin de soigner Waku.

---

Il fallu se lever tôt le lendemain. Quelques courses dans les magasins, repas et accessoires et hop c’était parti pour Konoha. Kenji savait où il devait rencontrer son oncle. Il ne restait plus qu’à espérer que celui-ci soit fidèle au rendez-vous. Ceci étant, il ne se faisait guère de soucis, son oncle était un homme ponctuel. Le chemin fut long et dura la journée. Les deux protagonistes s’arrêtèrent pour grignoter l’après-midi près d’une oasis, Kenji ayant bien pris soin de se munir d’une carte et d’une boussole avant de commencer son trajet.

Le soleil dardait ses rayons sur les peaux fragiles des deux Kiriens. Régulièrement, le Jônin fournissait de l’eau à son élève. Alors que la lune apparue à l’horizon, bien que le soleil se couchant n’avait pas totalement disparu, les premiers arbres et forêt de Konoha firent leur apparition.

« Okay… c’est pas trop tôt… nous somme bientôt arrivés. Normalement il ne devrait pas être très loin de la frontière… maintenant il faut se méfier des anbus qui surveillent les environs… Ca va tes côtes au fait ?

Il lui tendit à nouveau la gourde emplit d’eau, le laissa se désaltérer quelques instants puis ils reprirent leur route. Il ne connaissait pas la forêt de Konoha, c’était la première fois qu’il y mettait les pieds. Son oncle lui avait fourni un plan sommaire. Il tentait de se repérer grâce à celui-ci mais c’était loin d’être évident, surtout que la nuit n’allait plus tarder à tomber et que les hiboux commençaient leurs mélopées nocturnes.

« On ne devrait plus être bien loin… Il faut trouver une clairière… Normalement c’est par là… »

Mais comment se repérer avec tous ces arbres identiques ? Cela n’apparaissait pas comme une mince affaire pour l’étranger séjournant pour la première fois ici. Seulement voilà, au détour d’un arbre, une clairière surgit sous leurs yeux, un chariot traînait là, sous quelques branches, le tout recouvert par une bâche.

« Nous y sommes, ce sont ses affaires, il n’y a pas de doute. Il n’est pas là pour l’instant mais ne devrait pas tarder… attendons le ici. »

Le voyage s’achevait temporairement ici. Il ne leur restait plus qu’à patienter.

[Kohaku Mizunomaboroshi]

Waku hoche la tête, ses pansements serrent toujours comme il faut. Mais ça lui fait mal. Il ne bronche cependant pas lorsque Kenji vérifie; il serre les dents et il sourit. Faim, oui, il a faim. Il mange le riz avec appétit, après avoir remercié Kenji avec force politesse. Il est adroit avec les baguettes, et affamé, il finit plutôt vite. Il aperçoit le jônin dormir alors, il se dirige vers la cuisine, lave son bol et puis le range. Puis il s'approche de cet homme qui l'a pris sous son aile, etle regarde somnoler en souriant. Il prend une couverture pour l'en couvrir, bien qu'on soit à Suna, il passera sans doute la nuit ici alors autant parer au froid qui s'abattra en même temps que la Lune s'élèvera. Il ramasse le livre qu'il a lâché et le pose soigneusement à côté, sur un petit meuble, le plus proche qui y soit. Il le regarde dormir, et se sent triste pour lui, cet homme qui a tout perdu. L'enfant...mort... Cela fait beaucoup de peine à Waku, pour qui la Mort représente l'ultime absou, tant qu'il n'arrive à la concevoir, au risque de s'embrouiller l'esprit et de ne plus savoir exactement ce sur quoi il réfléchit. oui, il le regarde, et compatit à sa manière, se promettant de faire tout ce qui est en son possible pour aider Kenji à se sentir mieux. A défaut de pouvoir aider le monde entier, il allait au moins aider Kenji.

Il va se coucher lui aussi. Demain, il ne sait pas comment il fera pour tenir, mais il faudra qu'il tienne. Pour aider Kenji à retrouver son oncle, ça lui fera du bien, de retrouver un membre de sa famille. Waku est content pour lui.

Le lendemain lorsqu'ils font les courses, Waku ne demande qu'une chose, d'un air un peu gêné; il ne désire rien mais aurait besoin d'une ombrelle, car il supporte affreusement mal le Soleil. Il a la peau sensible et son bronzage est plus rouge que brun. Sa peau pêle encore par endroit. Il garde la même tenue, parce qu'il n'en a pas d'autre, ainsi que son sac, son carnet, son crayon, et son épée. Le cadeau de Keyran. Oui, une ombrelle serait appréciée.

Waku suivit Kenji en silence, sans mot dire, mais toujours là pour écouter, ou répondre à ses questions, ou même, marquer son approbation par des hochements de tête. Il avait mal, mais tenait bon. Il profitait des pauses pour se remettre, et ne les appréciait que davantage de par ce fait. Oui, ça allait ses côtes. Ca lui fait plaisir que Kenji s'inquiète pour lui. Une inquiétude mutuelle. Waku regarde souvent le jônin, le long du chemin, pour s'assurer que tout va bien, malgré qu'il soit triste. Et puis, marcher, le fait repenser malgré lui à tout ce qu'il a perdu. Ses parents, Keyran(surtout), ses étranges équipiers, et sa vie n'est plus qu'un souvenir, destiné à s'effacer avec le temps, indéniablement, en dépit de tous les efforts faits pour les garder intacts: le temps altère toutes les perceptions, et déjà le visage de ceux qui ne sont plus lui apparaissent modifiés. Keyran semble être le seul toujours intact. Le seul dont il se souvienne avec précision du timbre de voix.

Enfin, ils sont arrivés. Waku hoche la tête, il est d'accord pour attendre. La végétation là est plus agréable que la sécheresse là-bas. Il s'assied par terre, pour se reposer un peu, et reposer ses côtes, si bien qu'il finit allongé sur le dos, à fixer le ciel, concentré sur sa respiration. Il se sent vivre, il se sent bien. Il esquisse toutefois en langage des signes:

"Merci de m'avoir emmené. Il fait moins chaud ici...c'est mieux. Une fois que votre oncle sera arrivé, quels sont vos plans?"

[Urasawa Kenji]

"Normalement, il va me donner des nouvelles de Kiri et de ma mère et ensuite on avisera. Normalement il va s'installer aux alentours de Suna pour continuer son commerce... quant à nous deux. Je pense qu'il va falloir que nous retournions aux alentours de Kiri pour mieux jauger de ce qui s'y passe... mais tout cela est encore très flou.

Il se tut. Il venait d'entendre un bruit étouffé au loin.

"Plus un bruit maintenant... J'entends des personnes qui approchent...

---

A l'orée de la clairière surgit trois ninja. Kenji reconnut immédiatement son oncle mais fut surpris de le voir accompagner. Il se tourna vers Waku pour lui sourire afin de lui montrer que tout allait bien. Heureux de revoir un membre de sa famille. Kenji prit la parole.

"Salut tonton ! Toujours aussi souriant à ce que je vois !
"Et toi toujours aussi impertinent..."murmura-t-il dans son absence de barbe mais de manière suffisament audible pour que son neveu l'entende. Ce qui eut le don de provoquer chez ce dernier un léger éclat de rire...
"Dis moi qui sont ces jeunes gens t'accompagnant ? Des Kiriens ? Comment va maman ?"

A cet instant, Naoki s'entretint à voix basse avec Kenji. Ce dernier hocha légèrement la tête, son regard se noircit, il recouvra tout son sérieux. De temps en temps, on le vit sur ses lèvres murmurer un "je vois"... emplit de gravité.

Kenji se dirigea vers Waku et l'amèna vers les deux étrangers. Notre Jônin s'alluma une cigarette et tira une taffe... jusqu'à ce que Naoki la trancha de son sabre...

"Imprudent... tu es en territoire ennemi ne l'oublie pas...
Kenji avec le bout de son filtre sur le coin de la lèvre, ne put s'empêcher de soupirer.
"Toujours aussi maniaque à ce que je vois..."
"Pas maniaque... prudent. Crois moi si j'ai pu survivre aussi longtemps ce n'est pas sans raison...
"Oui... sans doute... bref revenons à nos moutons...
Il marqua un temps d'arrêt puis fixa de haut en bas les deux recrues de son oncle...
"Bon... d'après ce que j'ai compris tu es le fils d'une vieille amie de ma mère... et cette personne il désigne Xuan du regard, "t'est chère à ton coeur. Bon bon bon... Je vous présente Waku Namata, un étudiant prometteur de Kiri...

Cette nouvelle donne le laissait plus que perplexe. Il ne savait pas quoi faire de ces deux encombrants fardeaux qui venaient de lui tomber sur les bras.

"Pour intégrer Suna ou Kiri, il faudra que vous prouviez votre fidélité à ces villages par quelques coups d'éclats. Votre passé de déserteurs ne nous incline pas à vous faire immédiatement confiance... vous êtes intelligents vous le comprendrez... puisqu'en plus vous venez à nouveau de déserter après tout...

Il passa sa main dans ses cheveux tandis que Naoki demeurait légèrement en retrait.

"Je n'ai pas le pouvoir de dire si vous êtes aptes ou pas à être accpeter à Suna. Je crois que le plus simple est d'aller en référer à un des membres du Conseil qui est en mission à la frontière...

Naoki commençait à ranger ses affaires, même celles brisées par Mizaki. Après tout peut-être pourrait-il en réparer quelques unes.

"Avant d'y aller... j'aimerai savoir quelle prix vous accordez à une vie humaine...

[Mizaki Taro]

Le retour jusqu’à la clairière où Mizaki avait brisé un objet appartenant à Naoki ne fut pas long, une marche silencieuse durant laquelle le jeune homme ne relâcha pas son attention le moindre instant. Il ne voulait pas se faire attraper , pas après avoir eu une telle chance de retourner à une vie plus "conforme".

Deux personnes se tenaient là , elles donnaient l’impression d’attendre. Aucun des deux ne semblait hostile , l’un d’eux interpella Naoki en l’appelant "tonton", ce qui eu évidemment pour effet de faire réagir Mizaki.

*Il est le fils de Saeki ?? Non , pas forcément , après tout Naoki peut bien avoir d’autres frères et sœurs que Saeki … En même temps cet homme ne doit pas avoir beaucoup plus vieux que moi , peut être 3 ans , ça pourrait correspondre justement avec Saeki qui était très légèrement plus vielle que ma mère …*

Mizaki resta là à fixer cet homme dont il ignorait le nom , à chercher le moindre détail pouvant lui rappeler Saeki , mais ses souvenirs étaient trop lointains pour pouvoir se rappeler parfaitement de celle qui visitait sa mère régulièrement.

Naoki glissa quelques mots à l’oreille qui eurent pour effet de changer radicalement le faciès de son interlocuteur, il ne fallait pas être devin pour deviner ce qu’ils se racontaient, une telle réaction ne pouvait être que justifiée après avoir pris connaissance de la véritable identité des deux "déserteurs".

Les deux personnes se rapprochèrent ensuite de Xuan et Mizaki , ce dernier n’esquissant pas le moindre mouvement jusqu’à ce qu’une cigarette subisse une nouvelle décapitation : Naoki avait encore frappé … *finalement il ne sait éteindre les cigarettes que d’une seule façon …*. Il était vrai qu’ils étaient toujours en territoire ennemi , même si cette réaction pouvait paraître excessive elle n’en restait pas moins justifiée.

"Bon... d'après ce que j'ai compris tu es le fils d'une vieille amie de ma mère... "

*C’est donc bien le fils de Saeki, je ne m’étais pas trompé.*

" et cette personne t'est chère à ton coeur"

*Il a dit quoi là ...*

" Bon bon bon... Je vous présente Waku Namata, un étudiant prometteur de Kiri... "

Mizaki oublia vite ce qu’il avait pris pour une provocation (pas toujours très futé le Mizaki …) pour regarder l’étudiant que l’homme venait de désigner et resta littéralement scotché tout en le fixant dans le yeux.

*Il ... Il veut devenir ninja ?? Il a pourtant l’air si doux , pour un peu il se cacherait presque derrière le fils de Saeki …*

Le regard de Mizaki ne montrait aucune agressivité , il était intrigué par le jeune garçon. Mizaki n’avait pour ainsi dire jamais vu d’autres étudiants ninja qu’au Kuran étant donné qu’il avait directement commencé son apprentissage là bas et non dans un village régulier , en comparaison il avait l’impression de voir en Waku un oisillon tombé du nid ne cherchant qu’à se réfugier. Mizaki payait peut être là son ignorance du monde ninja au sein des villages réguliers…

L’homme reprit , il allaient devoir faire leurs preuves , rien d’étonnant à tout cela après tout , même s’ils avaient dis qu’il avaient quitté le Kuran ils restaient toujours aux yeux des autorités des déserteurs, il était clair dans l’esprit de Mizaki que les choses ne se seraient pas passées simplement de toute manière.

En plus de cela ils allaient être présentés à un membre du haut conseil de Suna , le dernier village qu’il avait quitté avant de rejoindre les déserteurs , en quelque sorte celui qu’il avait déserté auparavant et qui avait transmis son dossier aux autres villages, tout cela n’avait rien de bon mais ils se devaient d’en passer par là de toute façon …

" Avant d'y aller... j'aimerai savoir quelle prix vous accordez à une vie humaine... "

Cette question parut surprenante au premier abord mais était pourtant d’une logique implacable , les déserteurs ne sont pas reconnus pour leur reconnaissance de la vie d’une autre personne. Mizaki regarda le fils de Saeki dans les yeux pour lui répondre , il ne mentirait pas , trop mauvais pour ça , et lui dirait réellement ce qu’il en pensait, il était d’un naturel franc et cela ne valait pas la peine de tenter d’adoucir la chose en tentant de deviner quelle était exactement la réponse attendue.

"Les vies humaines n’ont pas toutes le même prix, certaines valent nettement plus que d’autres, pour lequelles le prix peut parfois paraître insignifiant.
J’ai tué un certains nombre de personnes , mais jamais par plaisir , je n’ai même jamais achevé. Tuer à toujours été dans un but précis, pour une finalité que je trouvais importante à défendre. Même si je ne prend aucun plaisir à tuer , je ne ressens pas non plus de réticence à ôter une vie si celle-ci m’empêche d’atteindre un objectif important. Pour moi donc la valeur d’une vie humaine dépend de la finalité.
Après ça il y a des vies qu’on ne peut pas ôter , celles-ci ont des valeurs inestimables , celles qu’on n’a pas envie de voir tomber …"

Mizaki s’arrêta là , il baissa simplement les yeux vers le coté , regardant dans le vide , se perdant dans ses pensées. Il n’était pas la peine d’en rajouter , même s’il n’avait pas fini sa phrase le sous entendu était clair , il s’agissait là même de sa réponse principale à la question.

[Xuan Kaorin]

Elle avait suivit bêtement le groupe. Pourtant ses sens s'étaient aiguisés, simple conséquence du silence précieux en ces moments de fuite...Elle tentait, entre deux regards furtifs aux alentours, de ressentir l'aura de Naoki, pour ainsi s'habituer à sa présence et rester attentive à une possible variation brusque, signe d'attaque ennemi ou de piège peut-être, après tout n'était-il pas le spécialiste du groupe?...Pas en sorts de soin ceci dit...De toutes ces années, n'a-t-il donc pas appris une technique pour guérir une simple brûlure? Il a quel âge déjà? Il vient de quel village déjà?...Mouahahaa, silence gamine...

Il y avait peut-être une autre raison pour ce refus, le comportement même de la genin, a-t-il percu son jeu, ses doutes et ce moment mal choisit pour embêter son coéquipier, en de telles circonstances surtout...Situation qui pouvait empirer d'un moment à l'autre...Ses doutes concernant le vieil homme venaient de baisser considérablement pour cette simple réponse, mais jamais entièrement... Il se méfiait, semblait si concentré alors que cela lui était si simple de les/ la donner en patûre pour fausser sa propre piste...Voyager à plusieurs, avec un feu provoqué et bien d'autre, était risqué, il avait pris des risques et ce pour les deux, alors qu'il n'avait aucune raison de s'accaparer un poid supplémentaire, Xuan...Sachant que la cause de leur problème était en réalité la même personne...

Ressentir sa présence à ses côtés, le Mizaki hein, la rassurait...Après avoir ne serait-ce qu'un peu douter de lui, elle n'avait plus de soupcons, à la base jamais elle n'aurait du en avoir...Paranoia incensée, qui pouvait fragiliser le groupe...Il fallait à présent la contrôler...Il avait fait le même choix de partir, tant mieux...Ils s'arrêtèrent...Une autre pause?...Au delà de cette frontière, un nouvel horizon, pourquoi ralentir?...Il y avait deux personnes dans le coin...

« Salut tonton ! Toujours aussi souriant à ce que je vois ! »

« Tonton »... Etait-il toujours à sa poursuite?...Pas le temps d'y réflechir, il fallait absolument convaincre ces personnes de quitter au plus vite ses lieux, partir...Mais comment en placer une...Etait-ce judicieux d'essayer d'intervenir dans le début de scène de ménage facon shinobi entre un tonton et son neveu, tous deux de Kiri...Ils semblaient attachés l'un à l'autre...Elle vous enviait en quelque sorte, en se disant que cela aurait pu se passer autrement au sein de sa famille, m'enfin...

Petit entretien entre les deux qui ne passa inapercu, faut dire que le plus jeune n'était pas spécialement discret...Naoki a du lui expliquer la situation, reste à savoir pourquoi pas d'une facon audible à tous, il excellait dans la parano l'vieux, on dirait...C'est alors qu'elle put mieux dévisager le neveu, regard noir, ton grave, un "je vois" révélateur...Il n'était pas âgé mais son sérieux coupa court à ses moments d'égarement pour lui rappeler le plus important...Comment faire pour avoir cette amnestie...Konoha ou plutôt Arashi l'avait mise également sur cette voie...

Un nouveau coup de sabre la tira de ses pensées, en d'autres circonstances un fou rire se serait emparée d'elle, une impression de déjà vu, ici elle esquissa un léger sourire simplement...Le commercant lui semblait un poil timbré sans pour autant avoir tord...Décidément ce Naoki, elle l'appréciait de plus en plus, sans raison et sans avoir une confiance totale en lui...Ni dans ses compatriotes d'ailleurs...

"Bon... d'après ce que j'ai compris tu es le fils d'une vieille amie de ma mère... "

*..............sa mère, son amie........*

" et cette personne t'est chère à ton coeur"

*Mmmm? Qu'est ce qu'il a dit? ...*

" Bon bon bon... Je vous présente Waku Namata, un étudiant prometteur de Kiri... "

Waku, un étudiant prometteur de Kiri?...C'est vrai, l'autre personne qui accompagnait l'neveu, lorsque le trio de fuyards atteint ce lieu...Ce jeune homme qui jusque là était passé inapercu, normal face au commercant qui gigottait dans tous les sens...

Waku, un simple regard pour dévisager la personne en question, que sa tête entière se mit à la faire soufrir, il semblait fragile, innocent, fragile qu'il lui rappelait la jeune Kaorin en feu, une enfant qui n'avait rien dans l'histoire, une grande soeur jalouse, un moment de colère et l'inévitable, l'instinct...Le jeune Kirien lui reflettait cette image, sa douceur , son visage, ces premières impressions...La v"là mal à l'aise, les larmes qui se frayent un chemin, elle tremblottait légèrement, mais tout celà fallait le retenir gamine, rien ne devrait émaner...Elle détourna le regard pour finalement fixer celui qui s'est mis à expliquer les modalités d'un éventuel retour à une vie de village...

Cette vie elle l'avait expérimenté, jusqu"au stade genin ici, dans ce bled pourri...Elle a passé plus de temps à Konoha, qu'elle eut l'occasion de vivre en tant que désertrice...Mais pour se faire accepter, il fallait faire leurs preuves, celà lui semblait tout à fait logique...Il fallait réinstaurer la confiance, celle altérée par deux fois après tout...Déserter, redéserter, à présent convaincre était la solution pour revenir à cette vie normale au sein de Suna? Il parait que tous ses étrangers sur cette terre du vent, se dirrigeaient vers Suna...Tant mieux...

Naoki se mit à ranger un stock d'affaires au pied d'un arbre de cette clairière, Xuan se précipita lentement pour l'aider, une facon d'eviter le regard de Waku jusqu'à arrêter de faire la correspondance entre lui et l'autre Kaorin, celle qui n'est plus...D'un autre point de vue, il l'avait aidé à se libérer de ses poursuivants et elle ne l'avait même pas remercier, les bonnes manières semblent se perdre gamine...

"Avant d'y aller... j'aimerai savoir quelle prix vous accordez à une vie humaine..." Un silence de sa part, elle continuait à tenter d'aider l'vieillard, si des fois il la laisse faire...Et peut-être qu'il resongera à la soigner :p...

* Ils veulent savoir si l'on a déjà tué, après tout les déserteurs sont connus pour ce genre d'actions, il veut des précisions sur l'état danslequel on le faisait...Ca ne sert à rien de leur mentir sur ce qu'ils savent déjà gamine...Puisqu'ils proposent une amnéstie possible mais dure à obtenir, nous tester, nous faire faire des coups d'éclats...Je n'ai pas de raison de mentir sur celà * Uniquement celà...

Elle avait une sorte de réponse, son coéquippier entama sa réponse, en partie elle correspondait...Mizaki avait cette capacité à analyser ses pensées, ses actions, une vision logique des choses qui échappait par moment à la jeune fille...Son raisonnement elle le comprenait, elle pouvait y retrouver des bouts de ses propres idées, hélas éparpillées...Les vies humaines n'ont pas toutes le même prix...Pourquoi avait-elle tuer? Par simple instinct, un sentiment de peur, une envie de se défouler, c'est là que tout différait...Le déserteur avait la tête sur les épaules comparé à sa coéquippière et celà n'allait pas tarder à se sentir...Elle n'avait aucune raison de mentir...Ce qu'il disait elle l'approuvait...Mais n'a-t-elle pas succomber à un égarement, une colère passagère, un sentiment d'abandon enfui, des foutaises et surtout une faiblesse....

Un simple regard vers Waku, elle ne connaissait pas les raisons pour lesquelles elle avait regardé le garcon, celà était suffisant pour qu'elle glisse sur un terrain miné, des paroles ambigues...Incontrôlables ces derniers mots à la suite de Mizaki, dits sur un ton qui relaye sa pensée, comme si elle se parlait à elle-même tout simplement...

"...Je ne sais pas...J'avoue que ce n'est pas si simple de se demander la raison, l'instinct peut-être, se retrouver à tuer ou à perdre la vie...Je ne sais pas..." Si clair et pourtant elle doutait de la Kaorin elle-même tout simplement....Mais elle était encore influencable, juste perdue pour le moment...

[Kohaku Mizunomaboroshi]

Waku regarda étrangement les deux nouveaux arrivés. Ils l'intriguaient: des déserteurs, comment Kenji pouvait-il faire ainsi confiance à des déserteurs? Et puis il se rappela de Keyran, et de l'injustice à laquelle il avait été confrontée. Ces deux-là étaient peut-être pareils, des simples incompris? D'ailleurs, s'ils étaient là aujourd'hui, n'était-ce pas pour mettre fin à tout cela? S'ils s'alliaient à eux, il y avait deux possibilités: soit ils avaient changé d'avis, soient c'était eux, Kenji et Waku, qui venaient de rallier le Kuran. Mais le jeune Kirien rejeta aussitôt cette hypotèse, parce que KEnji lui avait promis qu'il reverrait peut-être ses parents, et que ce n'était pas en dé"sertant qu'il allait y arriver. La jeune fille semblait perturbée, et le jeune homme ne comprenait pas très bien pourquoi, puis il mit ceci sur le compte de la folie propre aux déserteurs.

Il se tourna vers Kenji, et lui sourit, pour lui montrer qu'il trouvait toutefois les deux jeunes gens sympathiques.

Il leur sourit également, d'ailleurs, un sourire franc et plein de bonnes intention, c'était sa manière à lui de dire Bonjour. De dire Ravi de vous rencontrer. De dire plein de choses gentilles, en fait. La fille était jolie, il ne connaissait pas son prénom, mais quelque chose en elle lui donnait envie de la connaître. Le garçon le laissait un peu plus perplexe, mais Waku était loin d'être du genre à s'arrêter aux apparences. Il était content, flatté; Kenji avait dit qu'il était prometteur.
Et puis il posa une question, une question à laquelle Waku ne savait pas s'il devait répondre ou bien si elle s'adressait uniquement aux deux nouvelles recrues. Il préféra les laisser répondre d'abord. Il n'était pas d'accord avec Mizaki, et cela se vit car il fronça les sourcils. Non, chaque vie avait la même valeur, tuer était la pire des abominations. Encore maintenant, le souvenir de la lame de son kunai s'enfonçant dans les chairs de Genzo venait le hanter. Il se rappelait à merveille cette horrible sensation, revoyait sans cesse l'expression d'horreur qui figeait le visage du genin. Et Kenji qui lui avait dit qu'il avait bien agi. Peut-être que oui, ou peut-être que non, ce n'était pas au jeune homme de juger, mais une chose était sûre; il ne recommencerait pas, c'était hors de question. Il avait pris des responsabilités en s'inscrivant à l'académie, certes, mais pour lui il y avait un monde entre faire des sacrifices pour son village et retirer la vie à quelqu'un.

Kaorin répondit ensuite.Elle semblait plus perdue, moins sûre d'elle, et parlait sans vraiment les regarder. Waku semblait réfléchir, il se demandait quelles étaient les intentions de ces deux jeunes gens. Il garda sa propre réponse pour lui, après avoir conclu que la question ne s'adressait qu'aux deux déserteurs, une manière pour Kenji de les sonder. Ils n'étaient pas aussi agressifs, fourbes, vils, et fous que ce que voulait la légende, de prime abord. Il verrait bien par la suite, mais pour lui, la réponse à la question était claire: la vie humaine était sans doute ce qu'il y avait de plus précieux au monde, et lui, étudiant de Kiri, était prêt à tout pour la rendre meilleure, et répandre le bonheur autour de lui.

Il avait mal partout, mais trouva tout de même la volonté d'aider; il s'approcha de l'inconnu et de Kaorin pour se joindre à leurs efforts, grimaçant lorsqu'il se baissa, mais serrant les dents, parce que, cela n'était pas grand chose, selon lui, il y avait pire. Il sourit, gentiment, il était heureux de pouvoir se rendre utile.

[Urasawa Kenji]

Il écouta avec attention les réponses des deux déserteurs, encore qu’il soit difficile de considérer la phrase de Xuan comme une réponse à son propos.
Très bien... Je suppose que je saurai à quoi m’attendre désormais.

Un léger sourire se dessinait sur son visage, aucune animosité ne paraissait décelable pourtant lorsque Kenji sortit de sa poche son paquet de cigarettes, Mizaki et son amie furent pris de l’irrépressible envie de faire de même. Etrange non ? Comme ne s’apercevant pas de la cocasserie de la situation, plongé dans ses pensées, il la porta à ses lèvres avant de se raviser, de la tapoter légèrement contre son étui et de la ranger définitivement dans la poche.

« Excusez moi de cette manœuvre mais je dois prendre une ultime précaution avant de vous présenter à Mimura-san. Comprenez que j’aurais l’air fin en débarquant à Suna… je leur présente deux personnes… et hop ! Elles trahissent. Excuse-moi Mizaki de douter de toi. Je me souviens de ces journées où ma mère toute en joie de pouvoir une fois de temps en temps sortir de son morne quotidien allait tenir compagnie à ta maman… Mais récemment notre Kage nous a appris que les déserteurs usaient de nouvelles techniques pour infiltrer de quelconques organisations… Ils implantent à leurs serviteurs un sceau au cœur même de leur cerveau. Un truc qui peut se faire complètement oublié pendant un certain temps… le possesseur peut même venir jusqu’à oublier qu’il a appartenu aux déserteurs. Et hop lorsqu’ils en ont besoin, ils brisent le sceau de celui-ci qui devient ainsi leur marionnette… C’est fou non ? Bref, je ne veux pas prendre de risque et surtout je tiens à préserver votre santé mentale. Ce sceau pouvant détruire une partie de vos neurones et endommager de multiples connexions. C’est une vraie saloperie… Mais sans doute que leurs vie n’ont pas le même prix que ceux qui les ont posés. Que certains hommes peuvent mourir, cela importe peu… Les ninjas sont des armes après tout… n’est ce pas ? Des corps dénués de sentiments capables de frapper lorsqu’on leur demande…

La voix de Kenji apparaissait incroyablement calme et douce. Il voulait leur montrer que malgré la situation, ce n’était pas un acte de défiance mais plutôt quelque chose qui tendait à les préserver, mais aussi qui lui permettrait de les connaître. De ce qu’ils avaient vécu, jusqu’à leurs désirs les plus intimes. Un Genjutsu fondamentale pour Kenji qu’ils avaient mis des années avant de maîtriser parfaitement. Un Genjutsu où il avait failli se perdre en lui-même de multiples fois avant de s’en sortir. Un Genjutsu qui avait aussi réveillé le monstre sommeillant en lui, Shinzo. Monstre silencieux depuis l’apparition de Nagao et qu’il avait réussi à contrôler depuis son départ. Légèrement soucieux, il jeta un coup d’œil vers son oncle, celui-ci pris le relais en ce qui concernait le Kagemane. Naoki silencieux depuis le début de la scène, ne put masquer son anxiété, il savait les dangers que revêtait une telle technique.

Kenji ferma les yeux, son oncle lança un Anmin (sommeil de plume) sur les deux comparses afin de faciliter le voyage de son neveu. Ce dernier répugnait à user d’une telle pratique mais il savait qu’il devait le faire. Ne pas accomplir cet acte eut été une faute professionnelle. Avant de lancer sa technique vers Mizaki, il se tourna vers Waku, un sourire triste, comme s’il craignait de ne jamais le revoir. Son esprit pouvait parfaitement rester bloqué dans l’une de ces deux personnes et ne jamais retrouver son corps. Il demeurerait un légume.

« Inyuu Tamashii.

Dernier soupir, dernière phrase aux accents ô combien dramatique. Le sort en était jeté, son corps s’affala lourdement sous les regards de Naoki et Waku, les yeux révulsés, ainsi allait commencer son long voyage.

*Un homme… du sang… une fuite… Un accueil… un apprentissage. Un rendez-vous avec Hana, sur un toit… Aucune lésion dans son esprit. Sa maison… Le sourire de sa mère… la mienne… qui le regarde. Il est bébé. Elle lui offre un bonbon.*

Malgré son corps inactif, des larmes commençaient à glisser le long de ses paupières.

*Sa rencontre avec Xuan… ses missions avec Nakanô… Hana à nouveau… « Garde tes songes, les sages n’ent ont pas d’aussi beau que les fous… » … mais c’est de moi ça ! La garce ! Inutile de rester plus longtemps… il n’y a pas de sceau dans son esprit et il est bien Mizaki Tarô de Kiri.*

Dans un tressaillement commun, Mizaki rouvrit les yeux (ce qui ne veut pas dire que ton esprit était inactif ), le Kagemane demeurait. Il fallait finir. Kenji se releva péniblement, tituba puis alla vomir derrière quelques arbres.

Naoki réajusta ses lunettes et à l’intention de Waku et Mizaki…

« C’est une technique terrible… Seules ceux qui sont doués d’une compréhension dans l’âme humaine peuvent en tirer quelque chose… Il est bien plus doué que moi… pour cela… mais nettement moins pour se protéger des dangers qu’elle amène.

Kenji réapparut…

« Finissons-en… »
Pauvre Xuan, une dernière intrusion.

*Sachiko-sama… Une naissance aux alentours de Konoha… une vie paisible… leu feu d’une forêt… la première rencontre avec Mizaki… Konoha à nouveau… elle vieillit… un cachot… insalubre… un gardien… une douleur…*

Le corps de Kenji au regard nébuleux, vide et désemparé poussa un cri déchirant…

*Quelle étrange fille… une âme pure… tourmentée… viciée… déchirée… anéantie… Pas de sceau ici… Il est temps de leur faire confiance.

Kenji sortit de son corps, Xuan se réveillait.

HRP : Je corrige les fautes dès que je rentre de l’entraînement. Ceci est un premier jet, cela dit en ce qui vous concerne lors de la plongée vous pouvez décrire ce que vous ressentez, seule votre corps ne réagit pas. Votre esprit peut se défendre. Je n’ai mis que des bribes de visions comme ça, cela vous permet de montrer votre résistance pour masquer certains détails de votre vie.
Bon post.

[Mizaki Taro]

Mizaki n’avait pas vu le kagemane arriver , d’autant plus que celui-ci avait été exécuté immédiatement après leurs réponses à la question précédente. Il n’avait jamais vu cette technique à l’œuvre , il en avait juste entendu parler et se rendait maintenant compte de sa puissance et surtout de l’intérêt qu’elle présentait …

Cependant il n’avait pas le temps de s’extasier devant cette technique il venait d’être pris et Xuan aussi visiblement. Le premier réflexe fut naturellement de tenter de résister mais en vain, l’idée de s’être fait trahir lui avait même traversé l’esprit , et pourtant il cessa de lutter. La voix de cet homme n’avait plus rien d’agressif , il appelait Mizaki par son prénom tout en s’excusant de sa manière d’agir auprès de lui , il parlait de sa mère et rien que cela confortait Mizaki dans l’idée que cet homme ne pouvait pas lui vouloir de mal même en agissant ainsi. L’explication fut claire et précise , il allait s’introduire dans son esprit pour déceler la moindre chose qui pourrait l’aider à voir quelles pourraient être les réelles intentions des deux déserteurs en fouillant dans leur passé.

Il transmit ensuite le Kagemane à Naoki afin de pouvoir effectuer son jutsu. Ce dernier prononça alors quelque mots qui suffirent à plonger progressivement, mais assez rapidement malgré tout, Mizaki et Xuan dans un sommeil profond contre lequel ils n’étaient pas en mesure de lutter, de toute façon Mizaki ne cherchait pas à lutter et n’eut aucun mal a comprendre que leur immobilisation totale était nécessaire, le jutsu semblait plus risqué que ce qu’avait pu imaginer le jeune homme en premier lieu.

Il n’entendit pas effectuer son jutsu et ne vit pas non plus le sourire qu’il adressa à Waku , il était déjà dans son sommeil , un sommeil avec des rêves particuliers ne rappelant que son passé. Malgré cet endormissement il était quasiment totalement conscient , il voyait clairement ce qui se passait , pour un peu il aurait vu cet homme dont il ignorait toujours le prénom, et à qui il était pourtant lié , en train de fouiller dans les méandres de ses souvenirs.

Cependant Mizaki ne lutta pas et ne chercha en aucun cas à entraver cette fouille , même s’il sentait qu’il pouvait un minimum se défendre en masquant certaines parties il ne le faisait pas , pour gagner la confiance de cet homme alors il savait qu’il devait lui montrer qu’il n’avait rien à cacher. Cependant , un peu malgré lui , il tenta de masquer ce qui avait fait de lui un ninja à part entière du Kuran , le meurtre qui lui avait permis de faire cela et qui l’avait fait reconnaître par Tenshi , Kyo , puis Hana. Il ne savait pas lui-même pourquoi il tentait de le dissimuler , il avait pourtant dit qu’il avait déjà tué lorsqu’on lui avait posé la question , en plus de cela il n’avait tenté de masquer aucun de ses autres meurtres, alors pourquoi celui la en particulier … Il avait dissimuler cette partie presque par instinct , un réflexe … Même s’il ne savait pas précisément pourquoi son instinct lui avait dit de tenter de masquer cela , il avait malgré tout une idée , cet assassinat avait été sanglant , certainement celui où Mizaki avait le plus agit par sang froid , celui où il n’avait pas ressentit la moindre gêne à ôter cette vie, pas le moindre remord … Qui plus est il s’agissait là de l’acte qui l’avait lié aux déserteurs , et certainement que de montrer cela à quelqu’un qui tentait de le réinsérer dans un village régulier le gênait.
Même s’il savait que cet acte avait été produit pendant une période particulière de sa vie cela l’inquiétait vis-à-vis de ces personnes qui tentaient de lui donner une nouvelle chance , lui feraient-ils encore vraiment confiance ensuite …

Mizaki ouvrit ensuite les yeux , il n’avait pourtant pas l’impression de s’être réellement endormi , cette sensation était bizarre , même s’il savait qu’on venait de lui fouiller l’esprit il ne s’inquiétait pas de la suite , il s’était laissé faire et avait montré que son esprit n’était pas celui d’une personne assoiffée de sang ou bien contrôlé par on ne sait quel système.

« C’est une technique terrible… Seules ceux qui sont doués d’une compréhension dans l’âme humaine peuvent en tirer quelque chose… Il est bien plus doué que moi… pour cela… mais nettement moins pour se protéger des dangers qu’elle amène. »

Les dangers liés a la techniques étaient donc bien réels , la démarche et les vomissements qu’eurent le neveu de Naoki ne pouvaient en aucun cas tromper et allaient parfaitement dans le sens des propos qui venaient d’être tenus. Pourtant il la réutilisa une nouvelle fois sur Xuan, Noaki maintenant Mizaki toujours par un kagemane contre lequel il ne cherchait toujours pas à lutter.

Lorsqu’il sortit de l’esprit de celle-ci les deux corps inanimés ouvrirent les yeux. L’homme fit un signe à Naoki comme quoi il pouvait relâcher à la fois Mizaki et Xuan , il connaissait maintenant un peu mieux ceux qu’il avait en face de lui

Un très léger souffle sortit de la bouche de Mizaki , non pas parce que l’étreinte du kagemane était maintenant relâchée , mais parce que tout ceci signifiait qu’il leur faisait confiance , même si cela ne pouvait pas encore l’être totalement évidemment.

Il était clair qu’il allait maintenant les mener à cette personne , celle qu’il avait appelé Mimura-san , quelqu’un de Suna dont le nom n’était clairement pas inconnu à Mizaki. La véritable épreuve pour Mizaki allait maintenant commencer , il allait être confronté à un représentant du village qu’il avait déserté afin de devenir ninja auprès de cet ennemi appelé le Kuran …

[Xuan Kaorin]

Sourire d'enfant, de la gentillesse elle devait se méfier au vu de ses erreurs commises mais pas de celui ci...Il s'était rapproché pour aider Naoki à rassembler ses affaires, il faut bien effacer toutes les traces n'est-ce pas? Ni vu ni connu, ni Kiriens ni déserteurs ont finalement daigné poser un pied sur cette terre déjà souillée...Il la perturbait tout simplement...Encore ce rapprochement, jusqu'à quel point cet être remuera le couteau dans tes plaies...Regardes le gamine et sourit...Car depuis sa présence à ses côtés, elle le regardait du coin de l'oeil...Une fois suffit pour remarquer que ce jeune homme faisait un effort, il souffrait mais prenait sur lui...Lui pourtant si fragile d'apparence, prenait sur lui...Incontrôlable sourire d'enfant aussi...Discret mais présent...

Il savait à quoi s'attendre? C'est vrai, il avait posé une question pour jauger leurs intentions et de ses impressions comprendre leurs motivations...Qu'as-tu déjà répondu gamine, elle ne s'en souvenait plus à croire que sa réponse était à côté de la plaque, ou qu'il n'y en avait pas tout simplement...Ou voulait-il en venir, qu'insinuait-il? Seul le neveu connaissait la réponse...Plongée dans ses pensées, elle avait arrêté de ramasser le moindre morceau et ce inconsciemment, comme pour se préparer à poser une question, celle ci inaudible...Laquelle?...Il y en avait tellement...

Une envie soudaine de fumer...Il ne faut pas, Naoki allait encore trancher, le tabac semblait particulièrement nocif dans le coin, vous préférez le mais transgénique?...Mais sa main saisit l'étui, en sortit une pour la ranger peu de temps après... Contre son gré ce geste?...L'envie de quelqu'un d'autre s'est matérialisé en elle, jusqu'à ne plus savoir lequel des deux contrôle encore ce corps...Mais celà, elle n'a pu se rendre compte, de dos à Kenji elle ne pouvait le voir reproduire les mêmes mouvements ou plutôt l'inverse pour tout dire...Elle était devenue sa marionnette, tout comme son coéquippier...

Sa voix retentit, mais elle ne pouvait se retourner par une force invisible, elle devait se contenter de l'écouter sans le regarder, sans broncher, tant mieux...Il s'excusait mais de quoi donc monsieur le Kirien, jusque là seule ta question la titillait, car il était de son devoir de clarifier leurs intentions avant de leur accorder cette soi-disant amnestie, mot au passage très grand pour la genin...La suite par deux fois n'allait pas te plaire gamine...

Les déserteurs usent, implantent, un sceau, des sceaux, cerveau, possessions, marionnette, nouvelles pratiques, santé mentale, neurones, endommager, saloperie...Saloperie...Il venait de lui ouvrir les yeux...Elle a servit à l'un comme porteuse de message et à l'autre comme recipient d'une trouvaille...Une proie pour l'un comme l'autre...La chasse était-elle plus intéressante? Le rat n'était autre qu'une marrionnette...La science au service des hommes, a fait de toi cette raclure gamine...L'une dépose sa signature, l'autre récupère cette chose si spéciale...Ce qui leur servait de container n'était autre que tes propres entrailles gamine... Elle n'était pas abandonnée par Hana, on n'a pas pelée l'orange au Gakuen...On l'avait simplement utilisée...Genin naive à un point, elle ne savait même pas encore l'histoire du test, celui de Mizaki...

Quel prix accorder à une vie humaine...Aucun, d'après certains...Il lui fallait entendre ces mots pour apercevoir ce carnage...Il lui fallait ces mots pour comprendre cette phrase...Tu n'es pas ainsi gamine, la différence elle s'appercut qu'elle l'avait saisi, elle le savait en quelque sorte, perdue dans ce brouillard, cette voix pourtant allait lui faire subir le même sort...Pourquoi les mots ne sont-ils pas suffisant, pourquoi faut-il en venir toujours à abuser de son esprit et de son corps, pourquoi fallait-il qu'elle subit toujours...Parce que un outil sert et c'est tout...

Elle n'était pas de cet avis, un pion elle ne voulait pas le devenir, encore moins une poupée...Une arme, elle percevait cette chose différemment... Une arme a conscience de ce qu'elle applique, une arme se plie par sa volonté...Une arme sait à quoi s'attendre et ne demande que peu en échange, la liberté de choisir ses agissements...Pourquoi choisir cette voie Xuan? Parce qu'il était trop tard pour reculer, c'est ainsi...

"Mais sans doute que leurs vies n’ont pas le même prix que ceux qui les ont posés. Que certains hommes peuvent mourir, cela importe peu...Les ninjas sont des armes après tout… n’est ce pas ? Des corps dénués de sentiments capables de frapper lorsqu’on leur demande… " A celà elle pouvait répondre oui, les sentiments sont des sensations modifiables, qui se tordent, qui se mâchent selon la volonté ou l'envie...Cette idée lui traversa l'esprit, par colère, par dépit...Tu le ressens n'est ce pas que les vies n'ont pas le même prix...Quelle était ta valeur princesse?...Tu vaux quel prix...Au vu de la soudaine prise de conscience, je te défendrais de dire aucune, ou ne serait-ce que de le penser, il ne faut pas sombrer, regardes le et prends en de la graine...C'est vrai que tu ne peux pas tourner la tête pour le regarder ne serait ce que du coin de l'oeil...Regardes celui qui t'es cher et suit l'exemple...C'est vrai Mizaki non plus n'était pas à portée de regard...

Sceau...Ce mot revint comme un rappel, de quelle manière ce Kirien allait-il tenter de vérifier l'existence ou l'absence de cette chose...Avait-il une technique qui lui permettait de sonder ou de déceler rapidement ces sceaux au fond d'eux?...Peut-être bien, elle se résigna à se laisser faire, de toute facon elle n'avait pas le choix si elle voulait hériter d'une nouvelle vie...L'intrusion dans sa mémoire ne lui vint pas à l'esprit, elle pensait que ce serait peu douloureux, qu'il respecterait leur intimité, qu'il n'agirait pas comme ces chiens de Konoha...Après tout il s'excusait d'avoir à manipuler leur corps, il ne semblait pas vouloir leur faire de mal, juste accomplir son devoir, se protéger dans un sens...

Le noir total, elle sombrait dans l'obscurité, était-ce donc un rêve que d'avoir retrouver Mizaki, d'avoir rencontré ces gens...Allait-elle se réveiller encore une fois dans cette prison lugubre...C'était si beau pour être vrai...La notion du temps, elle l'avait perdue...Les images fusaient, sans raison...Hallucination? Elle ressentait que quelqu'un fouillait dans son passé, regardait sans gêne ces souvenirs qu'elle conservait précieusement...Quelqu'un partageait son esprit, son être, sa possesion, une fois de plus, sans qu'elle puisse s'y opposer...Le Kirien l'avait aussi trompé...Il n'allait pas tarder à voir en elle, ce qu'elle a mit du temps à surmonter, ce qu'elle ne voulait pas revoir, ce qu'elle a oublié, ce qu'on lui a effacé...

Impossible, il regardait son enfance, Sachiko-sama, le premier feu et sa rencontre avec Mizaki...Il n'allait pas tarder à éplucher son séjour au Gakuen...Cette réalité qui n'est que rêve pour elle, il allait lui montrait ce qu'elle avait subit et a toujours ignoré...Non, ces images elle ne voulait les voir, son être résistait, il fallait qu'elle se déplace dans sa mémoire plus vite que lui, encore jusqu'à lui fermer certaines portes...Elle y était, la femme qui l'avait capturée, l'endormit...Nemuke, sort du sommeil, elle attérit au Gakuen...Une salle d'opération, une lumière bleue aveuglante, des personnes, en masse autour d'un corps dénudée, si fragile, des instruments, une peur, une terreur, un cri...Un mur venait de s'immiscer brutalement devant le parasite Kirien et la gamine...Pour les empêcher d'aller plus loin, elle ne voulait pas qu'il aille si loin ou qu'elle aille si loin...Tu ne l'entends pas pleurer, te supplier de renoncer, n'entends tu pas son esprit te défendre de forcer l'entrée, je t'en prie, je ne veux pas savoir, je ne veux pas revoir qu'elle te disait...N'entends-tu pas celà Kenji?...

De toutes ses forces t'avait repoussé, le flux d'images revint normallement, elle ne pouvait plus rien y faire, son esprit ne résistait plus...Un cachot, ces nuits seules entrain de perdre l'énérgie, son corps veillit...Sa sortie, cette femme tatouée qu'on torturait...Tu la vois, tu entends son cri, tu cries...Bien fait, tu l'as mérité, tu n'avais pas à t'imiscer de cette facon, encore moins lorsqu'elle pouvait t'assurer qu'elle n'avait pas de sceaux, elle le savait car ces chiens de Konoha avait fait tout le nécéssaire pour vérifier...Ils n'avaient loupé aucune miettes de son corps, ils avaient fouillé le sac de courses, Xuan Kaorin de fond en comble...Tu n'avais pas le droit, il suffisait de lui demander, elle savait que ce que tu recherchait n'y était pas, il suffisait de lui faire confiance et pourquoi pas vérifier d'une autre facon ses dires...

Avant que tu ne puisses accéder à tout ce qu'elle a pu faire dans cette cabane, cadeau avec plaisir, une image de petite fille en feu, puis celle de waku, alternées, ca se reproduit, encore une fois, sa facon de te remercier d'avoir utilisé ce qu'elle craignait le plus, les intrusions...En vain peut-être...Il s'était excusé, mais pas pour se faire pardonner, pour avoir juste sa conscience tranquille...

Tu n'y étais plus, ses yeux auparavant mouillés ne l'étaient plus...Le Kagemane persistait? Tant mieux, celà eviterait qu'elle ne s'effondre, à terre...Juste le temps de se rattraper, le plus dur était surmonté...Tu l'avais encore une fois brisée, mais elle pourra supporter celà, il le fallait...En revanche tu n'avais pas le droit, celà elle le pensait, elle le ressentait...Si tu l'avais simplement écouté, tu aurait pu savoir que Hana avait peut-être apposé sa signature mais qu'en ce moment elle n'y était plus, d'autres on fait le nécessaire, le sale boulot, l'inventaire...

Elle était prête à suivre car dans ce groupe il y avait au moins une personne qui ne voulait ou pouvait la faire souffrir...Les épreuves allaient commencer, ce n'était pas le moment de baisser les bras mais plutôt de se relever...On tombe, on se relève, on souffre, on oublie, on meurt, on revit, on pleure puis on sourit...Elle n'avait jamais considéré celà de la sorte, après tout elle était esclave et malgré tout celà, elle était libre...A présent il suffit, pour ne plus se faire avoir, il fallait se créer une barrière, devenir plus forte pour respirer...Assez pour qu'il n'y ait plus d'intrusion, contre son gré...

[Urasawa Kenji]

Naoki avait relâché l’emprise de sa technique, Kenji paraissait essoufflé. Il s’adossa à un arbre quelques secondes et ferma les yeux. Une foule d’images émergeaient dans son esprit, il essayait de faire le tri dans leur passé, d’en tirer un enseignement, une manière de les intégrer complètement. Comprendre que Mizaki se montrerait bien plus coopérant que sa coéquipière n’apparaissait pas difficile à percevoir, pourtant il le savait dépendant d’elle. Si elle partait, il partirait aussi. Quant à lui ? Nagao l’avait quitté, parti au loin se sacrifier inutilement, pendant que lui avait demeuré au sein du village du sable pour être soigné.

Un souffle léger brisa le silence imposant, la nuit était tombé, dorénavant ils devaient marcher pour rejoindre Léolio, cela apparaissait comme l’unique objectif pour le moment. Il se leva…

« Bon reprenons notre route. Il faudrait que nous arrivions à la mission de Mimura-san dans la nuit ou tôt dans la matinée. Naoki guide les pour l’instant, il faut que je m’entretienne avec Xuan…

Fronçant les sourcils, il semblait réfléchir à un sujet quelconque lorsque dans un large sourire…

« Au fait… Je me nomme Urasawa Kenji, Jônin de Kiri et ex-membre de son Haut Conseil.

Un hibou débutait son hululement lorsque le Jônin reprit…

« Je vous souhaite la bienvenue, en espérant que vous pourrez intégrer nos villages. Vous m’avez l’air de deux ninja avec une certaine expérience et non dénué de qualité.

Naoki, demeuré silencieux, fit un signe à Mizaki et à Waku de lui suivre. D’un regard complice, il montra à Mizaki qu’il n’avait pas à s’inquiéter, qu’il devait le suivre, qu’ils les rattraperaient plus tard.

Au bout de quelques secondes alors que la troupe disparut au détour d’un arbre, Kenji exécuta un petit Katon sur un bout de chiffon qu’il avait sorti de sa poche et imbibé de l’alcool de son briquet. Rapidement, il saisit une branche y enroula le chiffon et le bloqua dans un des trous d’un arbre.

Une lumière mouvante éclairait chaudement les lieux, les flammes dansaient dans l’obscurité. Une étrange atmosphère régnait. Kenji déboutonna en silence sa chemise. Il la laissa glisser le long de son corps et s’approcha de la torche, là Xuan put apercevoir, un torse entièrement mutilé et brûlé. Les sutures et les tâches de son corps semblaient se mouvoir avec le crépitement des flammes.

« J’avais 17 ans… Chûnin à l’époque. Je crois. Oui c’est ça. Durant une mission tous mes coéquipiers ont péri, tous mes Genin. En tant que gradé et supérieur, je fus emprisonné afin qu’il connaisse les raisons de notre mission. En réalité nous avions été trahi par un des membres de Kiri… je ne le sus que bien plus tard. Nous devions assassiner une autorité politique de notre région. Une mission habituellement assez simple qui ne nécessite qu’un peu de discrétion et de rapidité… bref… Je suis resté deux ans dans leurs prisons, des pieux plantés dans les mains pour éviter que je ne fasse des sceaux. Journellement on m’amenait sur une table… et là un ninja… me torturait… psychologiquement et physiquement. Parfois, il me découpait un bout de peau et me plantait quelques drogues dans le foie, dans les reins… Je suppose que si je n’avais pas été entraîné, j’aurais dû mourir sur le coup… je suppose qu’il le savait. Le plus étrange… étant qu’il n’y prenait aucun plaisir visible… C’était son taf, il l’exécutait. Au bout d’un certain temps, je compris qu’il ne me torturait plus pour avoir des informations… mais pour leurs expérimentations. J’incarnais le rat de laboratoire parfait… Bref… un jour grâce à l’influence de ma mère au sein du Conseil, on envoya une mission qui parvint à me libérer…

Il marqua un temps d’arrêt, ces douloureux souvenirs semblaient ressurgir de derrière une porte soigneusement tenue fermé jusqu’à aujourd’hui. Pensif, il sortit une cigarette et en proposa une à Xuan. Il l’alluma et tira une bouffée…

« Avec la lumière de la torche… la lumière de notre cigarette passe presque inaperçu… et puis cela me soulage de fumer. Lorsque je sens la fumée emplir mes poumons… je me sens vivre… Bref… j’ai mis du temps à me reconstruire après cet épisode. Durant longtemps je pratiquais sur moi-même toutes sortes d’expériences, comme si ce que j’avais vécu durant cette année ne pouvait pas disparaître totalement de moi. J’avais besoin de sentir le froid des instruments sur mon corps. Ma première lueur qui me permit de me reconstruire, fût une femme… Je lui ai caché ça… comme une honte. Chaque jour elle voyait mon corps… me demandait ce que je faisais… je lui répondais qu’il s’agissait de blessures de missions… Je n’avais jamais raconté cet épisode à quiconque… Pas même à Nagao… A personne… je le préservais au fond de moi, comme une bête sauvage ne devant pas sortir, qu’il fallait à tout prix maîtriser, enchaîné au tréfonds de mon cerveau.

La cendre chutait lentement vers le sol, une frêle incandescence éclairait son visage déchiré. Ses yeux, perdus dans le vide, semblaient désespérément se raccrocher à une quelconque branche.

« Le silence tue… la parole libère. Tu as en Mizaki quelqu’un sur qui tu pourras sans cesse compter. Naoki m’a fait un rapide constat de vos relations, j’ai pu les percevoir un peu lorsque j’ai pénétré en vos esprits… Vous pouvez compter l’un sur l’autre… vous êtes les seuls fils qui vous raccroche à la vie.

Kenji venait de finir sa cigarette, il attendit que Xuan lui réponde.

---

« Bien, rattrapons les autres.

Le Jônin éteignit la torche et repris sa route accompagné de Xuan. Au bout d’une vingtaine de minutes, ils les rattrapèrent. Silencieusement, il prit la tête de la troupe.

Deux heures s’écoulèrent, lorsque Kenji pénétra dans un espace au sein duquel il n’aurait jamais dû mettre les pieds… une corde venait de frissonner sans qu’il ne s’en rende compte…

[Xuan Kaorin]

Mmmm? Je vois, c'est donc le sort qu'il me reserve...La sentence eut raison du condamné, tu as échoué gamine, là ou ton coequippier, lui a réussit...Séparation douloureuse d'autant plus qu'elle l'avait vu suivre Naoki, sans lui adresser un regard...

Les signes ne trompaient pas, un froncement de sourcils, l'hibou qui fait des siennes, un Mizaki qui se retournait furtivement au fur et à mesure qu'il s 'éloignait car oui elle profitait de ses dernières minutes ainsi, juste le regarder...Le pire était le sourire du jounin à l'annonce de son nom, prenom, grade, village et ex-emploi...Au moins elle savait qui était le bourreau, et à quoi exactement s'en tenir...Tout ce qu'un ninja devait connaître avant de passer l'arme à gauche ou plutôt se faire exécuter...Ce sourire pour rassurer le déserteur et suite à une réflexion enterrer l'autre désertrice, n'était donc qu'un prétexte, un faux geste...Et il disait qu'ils allaient les suivre, foutaises...Il allait les suivre et quelle excuse allait-il prévoir pour justifier son absence...Peu importe, il y en a tellement et au final n'importe laquelle ferait l'affaire...

Séparation douloureuse car elle ne le verra plus...De plus il avait déjà disparu emportant avec lui, une partie de son âme et lui laissant ce pincement au coeur, rien que cette sensation...Cet entretien n'était qu'une facon tordue de larguer le boulet, laisser derrière quelqu'un qui pourrait endosser la responsabilité d'une telle pagaille, un pigeon même si c'était elle qui avait réellement provoqué le feu, partir et au passage jeter le fruit pourri pour préserver le panier printanier...Maintenant que j'y pense, quelle saison était-ce déjà? J'aurais bien aimé revoir l'été...

Pour quelles raisons n'avait-elle pas le droit à l'amnestie? Pas par la présence de sceaux ou de marques...Celà au moins elle en était persuadée...Elle le savait...Les autres possibilités lui échappaient...Serait-ce parce qu'elle l'avait bloqué, serait pour avoir voulu lui renvoyer l'ascenceur, Waku en feu, il était donc si attaché à son disciple...Hana, elle semblait s'en foutre...Impossible, il savait qu'il n'aurait pas du piétiner leur intimité, il devait se douter qu'il feront de la résistance...Après tout ce n'était pas leur première fois, la toute première étape illégale était leur désertion...

Alors pour quelles raisons? Sa faiblesse? Il a évoqué pourtant le contraire...Foutaises? Elle espérait qu'au moins cela il le pensait...Mourir en sachant que l'on est estimé, c'est partir l'esprit plus léger mais le coeur, enfin c'était peut-être qu'une rumeur que ces vieilles personnes racontent à leur manière, le téléphone arabe facon shinobi...Un rassemblement de mensonges plus grand l'un que l'autre, une connerie tout simplement, car il n'y a aucune mort jolie, toutes avaient le même gôut...Amer...La bienvenue, il souhaitait la bienvenue mais lequel des royaumes avez-vous choisit de l'envoyer Mr. Le Kirien? Celui ou il n'y aura pas Taro...Innocente vraiment? Alors que le jugement est tombé, sévère...

Même un petit Katon, fit estomper sa couleur, déjà pâle alors vous voyez le tableau?...Bah alors gamine, souviens-toi le jour ou tu as dis ne pas craindre la mort, t'en foutre royalement...Aurais-tu en si peu de temps compris la lecon? N'avoir peur de rien, c'est avoir peur de tout mais la proportion est tellement énorme que ce mirage arrive à nous rendre invulnérables, éternels, intouchables...Rien qu'une impression, à moins de se convaincre d'être déjà mort, celui qu'il l'est déjà, ne peut perdre la vie une deuxième fois...Non, Kaorin, à cet instant des sueurs froides te prouvent que ta peur est réelle, malgré ton status fixe, la même position, le même regard...

Tu n'étais pas prête mais qu'importe, il prenait ses précautions...A première vue, il déboutonna son haut pour le faire glisser dans un silence troublant, une ambiance des plus étrange et cette lumière menacante...Le trouble saisit la gamine, bienque persuadée qu'il avait ôté ce dernier car il ne fallait porter sur lui aucune trace de ce qu'il va devoir faire...Le sang, les traces de son exécution auraient en plus de cela enfreint Mizaki à percevoir à tout bout de champs la dernière goutte de celle avec qui, il faisait équipe, la goutte qui a achevé le vase...Peut-être que c'est pour cela qu'il ne l'a pas tué en sa présence...Mais qu'est ce qu'ils croyaient trafiquer ces kiriens? Cette mascarade était déjà grillée...Pas besoin de prendre des gants avec eux à ce niveau là...Du moins c'est ce qu'elle semblait croire, mais à cet âge, on croit des choses et puis on passe le reste du temps à rattraper, corriger les dérapages, se faire aider...Tout cela pour une chemise, qu'est ce qui pouvait bien lui passait par la tête par moment, suffit gamine tais toi et regardes là-bas...Il s'approchait, le visage dans l'ombre...

Le corps cependant traversa la lumière...Si ce n'était qu'un instant, elle aurait pu croire à une hallucination encore, puis aussitôt qu'il se serait éloigné, le rideau tombera sur le chef d'oeuvre, et au final lui épargnera cette vue...Mais devant elle, Kenji plongea dans le flux lumineux, cet éclairage tamisé si doux si chaleureux , pour ne jamais en ressortir...Mutilé, torturé, brisé...Lui, il portait les traces, les traces physiques...Les tâches de brulures semblaient danser sur ce corps qui a l'air pourtant d'avoir une peau d'une douceur incroyable, terrifiant...Cette clarté faite par l'homme dans cette clairière serait-ce un miroir qui renvoie l'invisible...Les traces invisibles...Que c'est meurtrier de se voir sur quelqu'un d'autre, entrevoir rien qu'une ressemblance quand celle ci est douloureuse mais surtout, pourquoi s'acharnait-il à lui montrer la réalité, à vouloir lui montrait ce qu'elle ne regrette pas d'avoir oublier...Il testait sa résistance? Qu'est ce qu'il veut au juste qu'elle se tue d'elle-même, qu'il n'ait pas besoin de se salir les mains?...Arrête de vouloir la faire plonger, lui faire du mal...Elle avait les yeux tellement terrifiés, que le blanc de ces derniers investit la place et empiètre sur le tout, pour laisser son regard perceptible même dans le noir...Elle t'écoutait, tétanisée elle ne pouvait bouger et donc fuir et pourtant tu essayais de l'aider n'est ce pas?...Elle avait oubliée que pendant un instant, elle te pensa son assasin...

17 ans, la même tranche d'âge...Chunin, un grade de plus...Malgré l'abîme qui séparait leurs parcours, la ressemblance ressurgissait toujours...Une mission, une table, des ninjas, des informations, des expérimentations, aucun plaisir, t'es sur Arashi?...Un rat de laboratoire, idéal...Une mère qui laisse son enfant pourir ainsi pour le libérer lorsque besoin est? Celà, il n'y avait que le neveu pour le savoir...Comment pouvait-il lui conter tout celà comme si de rien n'était...Lui, il avait les traces visibles, à portée, une signature pour l'éternité...Sa tête, lui faisait mal, les images de trous et de bien d'autres surgirent de derrière cette porte, fabriquée de toute pièce, ce mur que Kenji voulait à tout prix briser...Mais celà signifiait lui infliger ce même sort...Tu te trompes gamine, regardes le, ce n'est pas sans mal qu'il t'offre ses souvenirs d'adolescent...Non, ceux d'un rat de laboratoire...Il a ses raisons...

Il sortit une cigarette, n'as-tu pas assez de traces sur le corps pour vouloir impregniez de celà aussi, tes poumons XD...Il en offrit une à la genin, celle ci n'avait pas l'envie de l'allumer... "Avec la lumière de la torche, la lumière de notre cigarette passe presque inaperçu"... Naoki n'était plus là mais était-ce prudent de substituer une colonne de fumée fine contre une plus imposante?...Peu importe, quelquechose d'autre traversa son esprit...Peut-être qu'il ne voyait pas le feu, ni la fumée indiquant qu'elles étaient allumés jusqu'à les ressentir s'éteindre sur sa peau à cause des projecteurs des salles d'opérations? Silence, tu divagues gamine...La suite l'horrifia tout simplement, les conséquences de la bavure d'un village...Seul, pour endurer ce passage de sa vie...Qui de plus dans ce même village qui l'avait fait subir...

Il lui montrait le chemin, pour lui faciliter l'escalade, la remontée vers la lumière, la salvation...Le bien-être d'avoir à ses côtés une certaine Nagao...L'erreur de dissimuler à sa chère son passé, ne pas avoir partagé ses souvenirs, qu'est ce qui l'en empêchait de le faire dès possible?...Il n'a pas su saisir cette lueur et ne voulait qu'elle fasse de même...Il lui indiquait sans rien demander en retour, la facon de surmonter cette épreuve...Elle regardait toujours son torse, se touchant les bras, et l'estomac pour vérifier l'absence de sutures...Lui il avait ces traces visibles, psychologiques et surtout physiques...

" Le silence tue… la parole libère. Tu as en Mizaki quelqu’un sur qui tu pourras sans cesse compter. Naoki m’a fait un rapide constat de vos relations, j’ai pu les percevoir un peu lorsque j’ai pénétré en vos esprits… Vous pouvez compter l’un sur l’autre… vous êtes les seuls fils qui vous raccroche à la vie. " Paroles d'un sage, si seulement elle n'avait pas peur...De quelle relation? Elle éprouvait de la honte rien qu'à l'idée de croiser son regard...Et puis celà ne serait arriver si ce jounin se serait abstenu de s'immiscer dans cette intimité, qu'est la mémoire, le passé...Elle n'aurait pas à souffrir de le voir ainsi déchiré, il n'aurait pas eu à soufrir de lui montrer cette réalité, car celà lui est pénible surement, d'autant plus, que lui quotidiennement voyait ce qu'elle avait d'invisible...Trop d'émotions pour un corps qui venait à peine de sortir d'un cachot, d'une cage...Elle s'est perdue, elle a perdu le contrôle de ses mots...

"Pourquoi tu me montres tout ca, qu'est ce que tu as vu d'autre?...tu n'aurais pas du essayer de forcer, je t'ai pourtant supplié, ce n'était pas suffisant? Tu n'aurais pas du le savoir, je n'aurais pas du le savoir...Il n'y avait pas de sceau, il suffisait de demander...il suffisait de me le demander...Tu étais chunin et pourtant ils t'ont torturé, n'y a -il aucun moyen de progresser pour que ses intrusions ne se reproduisent plus..." Elle criait légèrement d'une voix cassée...Car ton regard lui a fait perdre ses moyens...Perdu, si fragile...

"Tu prends ca comme si tout était normal? Ce qu'ils t'ont fait...Pourquoi ta propre mère ne t'as pas sauvé aussitôt, pourquoi t'avoir laissé entre leurs griffes, pourquoi tu es resté fidèle à ce même village, pourquoi ne pas t'être vengé, pourquoi me racontes-tu tout celà, pourquoi ils ne t'ont pas soigné au fur et à mesure, pourquoi vouloir à tout prix me montrer la vérité...Je n'aurais pas supporté deux ans, quelques mois, j'en sais rien, étaient suffisants, plus je me serais donnée la mort...Je n'aurais pas pu supporté ce qu'ils t'ont fait, le peu de torture je preferais l'oublier, pourquoi tu semblais si fort? Ils n'avaient pas le droit de faire ca, te faire ca..." La cadence de ses propos suivent le rythme de sa respiration saccadée, son coeur qui risque d'y passer... Un simple souffle n'était pas suffisant mais qu'importe...

"Tu me parles de Mizaki, lui dire la vérité, je ne pourrais pas le supporter, rien qu'à l'idée qu'il me lance un regard de pitié, je ne peux pas, je ne sais, je n'avais pas le droit, je ne voulais pas te lancer ce regard, celà m'est insupportable d'avoir fait celà, je ne veux pas qu'il s'en apercoive...Sa réaction est imprévisible, une barrière ne suffit pas?...Pour quelles raisons as-tu gardé celà, sans lui dire la vérité...A Nagao..." Silence gamine, rien ne pouvait l'empechait de continuer...

"Tes sévices ne sont pas invisibles, les miens si, les tiens sont injustes, j'ai cette chance de ne devoir à me justifier, tu ne l'as pas. Je pourrais le cacher, tu ne pouvais pas, j'ai cette chance, pourquoi?" Elle avait perdu tout contrôle sur ses nerfs...

Elle s'avancait vers lui, si près et pourtant si loin, lentement, comme si elle voulait freiner ses pas, fuir, elle ne le pouvait pas...Silencieuse, elle tendit la cigarette à la torche, pour la lui donner...Non, pour l'allumer...Elle tira un peu pour s'assurer que cette dernière l'était réellement...Elle s'approcha de lui, et souleva le bout incandescent vers lui, elle était si près....Elle voulait comprendre...

"Qu'est ce qui les poussent à utiliser ces méthodes....Qu'est ce qu'ils ont pu ressentir en te faisant ca, pourquoi ils t'ont fait ca, ils n'avaient pas le droit, quel interet, quel plaisir, pourquoi ils t'ont fait ca...Pourquoi?" Elle était incapable d'éteindre cette cigarette sur lui, ce rôle ne lui revenait pas, encore faut-il qu'il se laisse faire, elle l'éteigna plutôt en l'écrasant dans sa main, celle déjà brûlée, touchée...Mais ce fut pas long avant que ce feu ne disparaisse car à ce moment là elle pleurait...Des larmes qui ont eu raison de la flamme...Elle tendit ses mains vers lui, la tête baissée car elle a voulu lui faire du mal l'espace d'une seconde, le tabac s'envola pour s'écraser au sol...Elle tendait ses mains pour atteindre son torse, caresser ses sutures et ressentir l'effet des brûlures, après tout ce qu'elle disait les concerner, ce qu'elle voyait ou voulait sentir sous sa peau douce, il n'y avait que lui qui le possédait, toujours en balbutiant ce pourquoi, elle avait besoin de connaitre la sensation de ce qui a été effacé...Elle n'avait pas le courage à elle seule, il était là, celui qui a appris peut-être à surmonter son passé...L'espace de ses instants, elle semblait oublier qu'ils étaient avant tout ninjas...

HRP/ j'ai été un peu plus longue /HRP

[Urasawa Kenji]

Au contact des doigts de Xuan sur sa peau, il tressaillit, un léger frémissement le parcourut, son cœur s’affolait. Il n’aimait pas que l’on touche ses blessures, encore moins qu’une femme le fasse. Pourtant comme envoûté par l’instant, il ne put réprimer l’envie de la serrer affectueusement contre lui. Pourquoi une telle envie ? Il venait à peine de faire sa connaissance, peut-être crut-il qu’un peu de chaleur humaine après le froid d’autres personnes lui réchaufferait une âme en plein tourment. Cela dura à peine quelques secondes, puis il se glissa pour ramasser sa chemise et la boutonna silencieusement.

« Je ne crois pas que cela fut la période la plus difficile de ma vie… Il y a eu… Mes 15 ans… Pourquoi est-ce que je te raconte tout ça ? »

Il tenta de rire mais le cœur n’y était pas, celui-ci s’étrangla dans sa gorge formant une boule la nouant. Que pouvait-il lui répondre ? Comment lui expliquer que les ninjas emprisonnés en territoire ennemi n’existent pas aux yeux de leur village ?

« Pourquoi ai-je pénétrer dans ton esprit… Par mesure de précaution, comme je le disais tout à l’heure, aujourd’hui certaines organisations apposent des sceaux indétectables pour le porteur. Tu aurais pu en avoir un sans le savoir et une fois celui-ci activé tu aurais perdu raison… Pourquoi avoir forcé ce que ton esprit voulait me cacher ? Parce que je ne savais pas ce que j’y trouverai, parce que j’avais besoin de vous connaître pour vous faire confiance. Parce qu’il était indispensable que je puisse vous faire confiance lorsque je me présenterai face à Leolio… Ce n’est pas à Nagao que j’ai caché ça mais à Shoko, je l’ai rencontré avant mon départ pour cette mission, je l’ai retrouvé après. Elle n’était pas dupe, mais qu’aurais-je pu lui dire ? J’ai tellement de secrets qui pèsent sur mon âme comme ces âmes des Enfers englués dans une bourbe infâme. »

Il se tu puis fouilla dans sa poche pour y extraire une nouvelle cigarette. A peine allumé, il tira une taffe, son visage, quelques instants, parut apaisé.

« La fidélité à un village ? Parce qu’il faut se raccrocher à un idéal si l’on ne veut pas sombrer. On s’y raccroche comme le naufragé à une planche perdue au milieu de la mer. A partir de cette planche, on tente de construire un radeau, et à partir de ce radeau on tente de regagner le rivage de nos rêves. Si je reste fidèle à Kiri ce n’est pas pour ses membres du Haut-Conseil, il y en a même qui par leur simple vue provoque en moi des vomissements. Non ! C’est à l’idée que petit à petit je me suis faite des hommes, l’idée de la manière dont devrait vivre Kiri… finalement cette corruption au sein du Conseil m’est plus que profitable car elle me permettra de trancher toutes ces branches pourries. Cela permettra à Kiri de revivre un nouveau printemps, de redevenir le village qu’il fut. Si j’avais fui Kiri, je n’aurai jamais pu assouvir cette ambition, ce rêve. Aujourd’hui même si je réside à Suna, je ne suis pas un déserteur, mais un résistant… et aux yeux des autorités un traître. Tout est une question de perception finalement.

Cette fois-ci le rire ne fut pas étouffé, le sourire chaleureusement éclairé par la lumière de la torche apparut illuminait son visage.

« Parfois il y a des règles que tout les ninjas apprennent alors qu’inconsciemment, ils les savent parfaitement stupides. Ne t’a-t-on pas appris à masquer tes sentiments ? A n’être qu’une lame ? A privilégier le bien de ta mission plutôt que celui de tes coéquipiers… peut-être à Konoha est ce différent… je ne sais. En tout cas à Kiri, dès notre plus jeune âge, notre enseignement consiste à nous lâcher dans la nature après nous avoir appris deux techniques et de vivre durant une année entière de rapines, de corruption, par la force. Lorsque nous tombions sur un camarade, la consigne était soit de l’assigner par la force à faire ce que l’on souhaitait, soit à traiter avec lui mais avoir toujours comme perspective qu’il fallait privilégier notre propre intérêt… N’avoir confiance en personne. Refouler tous sentiments humains. Une fois genin notre première mission… non ce n’était pas une mission mais plutôt un exercice. Nous nous retrouvions en deux équipes de 6 dans une salle. Au milieu différentes victuailles et armes sur une table, au milieu se tenaient des Jônins armés de fouet et pendant que les deux groupes tentaient de prendre le contrôle de la table… les Jônins nous fouettaient. Naoki a subi ça. Il l’a fait subir. La force de l’habitude en vient presque à te faire oublier à quel point cela est ignoble pour les être humains que nous sommes… mais au combien formateur pour les ninja que nous devons être.

Il marque un temps d’arrêt. Le flot de ses paroles s’entrecoupait parfois de la nécessité de tirer sur sa cigarette.

« Pourquoi te dire tout ça ? Ces années d’emprisonnement bien qu’horrible j’ai été éduqué pour les supporter. Cela m’a permis de prendre conscience avec le recul que l’on ne pouvait pas tuer l’Homme se trouvant en nous. Bien sûr cela fut une épreuve terrible mais pas forcement plus terrible que celle que j’avais vécu durant mon adolescence. D’un évènement douloureux, deux possibilités s’offrent à vous… soit vous vous en servez pour repartir de l’avant et le tourner en quelque chose de positif, soit vous sombrez et vous vous aliénez, devenez parfaitement fou et paranoïaque. J’ai mis du tems à la comprendre, de ces épreuves, je n’arrivais pas à m’en sortir et puis j’ai compris. En te parlant ainsi je veux simplement t’éviter le chemin douloureux de la déchéance mentale. Dans ta chute, tu pourras te raccrocher à la branche Mizaki avec certitude, tu aperçois la mienne et celle de Waku… Elles te paraissent fragiles, tu ne leur fais pas confiance mais intérieurement je pense que tu sais que si tu veux remonter à la cime de l'arbre de la Raison, tu dois passer par nous. Désormais tu as le choix. Le reste t’appartient. Si tu souhaites t’en sortir, tu t’en sortiras. Si tu ne le souhaites pas alors tu sombreras… et tu emporteras vraisemblablement Mizaki avec toi. Et à mes yeux Mizaki est un enfant de Kiri, un enfant devant donc atteindre la lumière, celle que je veux rallumer à Kiri.

[Xuan Kaorin]

Elle savait à présent ce que l'empreinte d'une torture produisait comme impression, car elle l'avait senti sous sa propre peau, des plaies à gâcher le toucher pourtant si doux...Il frémit, elle ressentit sous ses doigts un coeur qui battait à tout allure, car ce fut le premier endroit visité sur sa chair, il se laissa envahir par ces mains baladeuses, elle ne s'arrêta pas...Peu importe, omnubilée par elle ne savait quoi, ses yeux purifiaient le mal interne...

Il l'enlaca tendrement ou elle se blottit faiblement contre lui, ou est la différence, ce n'était qu'un échange thermique... Plus bénéfique pour la gamine que pour ce jounin, étant donné la froideur du cachot de la veille...Ces quelques secondes suffirent pour qu'elle sèche ses larmes, comme si de rien n'était...D'ailleurs que c'était-il passé pour que ses nerfs lâchent ainsi?...Il suffisait de peu, et encore une fois qui s'ajoutera à ses multiples sauts d'humeur...Celà lui arrivait constamment depuis un moment...

Mais Kenji était là, il avait alimenté ce réacteur Konohaein, par la même occasion jusqu'à saturation, l'explosion devint inévitable, et la voilà l'onde de choc enfin trépassée...La rechute de toute cette pression produisit un effet des plus agréables...Ses membres semblaient plus légers, son estomac noué n'était plus et cette impression d'être chétif avait disparut, balayée en quelques secondes de contact, la chaleur humaine fait bien des miracles...

Elle s'éloigna de lui, tout comme il s'est laissé partir...Elle se posa au pied d'un arbre, un peu de repos lui fera du bien, le calme après la tempête, la tranquilité après la crise, le vide dans l'esprit après tant d'hésitation, elle se demandait si elle allait bien réussir à se recontrôler, sa maitrise de soi il lui avait rendu, elle lui fit enfin cadeau de son silence , sa facon de le remercier pour le bien fou qu'il lui a fait, sans rien en retour...

Il se rhabillait pour que le visible redevienne invisible, il reincarnait le Kenji qu'elle avait à peine rencontré...Après tout n'avait-il pas eu ce qu'il voulait, il l'avait repoussé dans ses retranchements pour que l'entretien s'avère utile, enfin c'est ce que à présent ressentait la gamine, ce voile floue qui alimentait son indécision tomba, il n'y avait plus l'ombre d'un "mais"...La lumière de la torche éclairait discrètement leurs visages et la suite de ses réponses furent claires, nettes et précises...La voix de la raison lui offrait une chance de se rattraper...

Mais biensur Mr. le Kirien, elle était à présent, on ne peut plus lucide à croire que cette personne en face de lui n'était pas la même...Si, bien évidemment que c'était la même, la seule différence residait dans le regard, cette jeune fille avait plus de sureté et d'absence de doute que celle qui lui brisa les tympans il y a peu de temps...La raison est si simple, elle s'était ressourcée en évacuant le bouchon de stress provoqué par ses derniers évenements au sein de son esprit pour ainsi regénérer toute une partie disfonctionnelle, le jounin y était pour beaucoup...

Elle s'alluma une clope pendant que son pseudo sauveur finissait son monologue, qu'elle écouta attentivement car dans ses dires se trouvaient toutes les solutions, tout ce qu'il fallait savoir pour surmonter tout et n'importe quoi, pour sortir du gouffre au lieu de les y entrainer, au plutôt l'entrainer, Mizaki...Il comptait sur elle, elle faisait de même...Ils ne constituaient pas une équipe pour rien, ils devaient se serrer les coudes , perséverer pour dépasser tout obstacle, pour avancer au final...Le moindre doute se propageait sur ce fils qui retenait leurs deux vies liées, à une vitesse fulgurente, si elle sombrait, elle l'entrainerait de même, c'est une solution de facilité princesse, lâche, nullement digne d'un shinobi...Le plus dure sera la remontée...

Kenji alla jusqu'à inclure sa personne et Waku sur cette barque de fortune, jusqu'alors occupée par deux déserteurs, si ce n'est au final l'inverse, et qu'elle soit tout comme lui les invités...Cet homme qui se tenait à quelques mètres à peine voulait et pouvait changer son monde...Car il y croyait, il en voulait, il ne savait s'arrêter...Jusqu'au jour ou ce phare lointain du nom de Kiri rayonnera d'un nouveau brin, une nouvelle flamme...Deux lumières s'étaient rangées à ses côtés, son coéquippier et l'enfant fragile, enfin c'est ce qu'elle a cru et voulut comprendre...Mais Mr. le Kirien, s'il y va, elle te suivra aussi...Reste à savoir si Kenji pouvait partager cet idéal avec cette personne terne peut-être à ses yeux, cette étrangère à son rêve, cette gamine, cette raclure de Konohaeinne, repentie car déterminée...

Il l'avait convaincue, ses intentions n'étaient que protectrices, éradiquer toute potentielle menace, il n'avait pas le droit à l'erreur, celà elle le comprenait tout simplement...La follie ainsi que la paranoia à petites doses sont utiles, elle avait choisit de l'écouter, une arme, une lame, peu importe, elle fera le nécessaire, après tout rester avec la personne la plus chère était son but, ne ressens-tu pas cette variation, cette émanation bienfaisante autour d'elle?...Vous faire confiance, celà se fera avec le temps, est ce qu'il lui faisait totalement confiance en ce moment même?...Peut-être pas assez pour qu'elle en fasse de même...Elle fera le premier pas, lui montrer sa faiblesse...

" Je perds le contrôle par moment, mes nerfs lâchent, j'emmagasines de l'énérgie, peut-être de la colère par moment, une sorte de pression que je n'arrive à évacuer calmement, je m'adonnes à la faiblesse, celà fait si bon de relâcher tout ceci d'un coup, mais c'est une perte..." Sa voix résonnait, sereine...

" Je peux tout canaliser, rendre celà exploitable, ce n'est qu'un entrainement de plus à faire, pour qu'il ne s'écrase pas, pour qu'on ne sombre pas, je l'utiliserais cette haine envers ces chiens pour servir un autre village, me racheter dans un sens ailleurs car ici n'est pas ma place..." Il lui fallait juste le temps de digérer sa capture, son évasion, les rencontres et puis votre proposition...Le temps n'est pas à ta disposition princesse...

"Vous l'emmenez avec vous, je suis son équipière...Vous m'avez laissé une chance, au risque de me répeter, je ne suis pas folle, je veux la saisir, je n'ai aucune raison de vous mentir nombreuses sont mes erreurs mais je suis shinobi, tout comme lui, il me reste à vous prouvez celà, sous votre tutelle, avec vos méthodes, peu importe lesquelles ...j'apprends de mes faux pas, j'apprends à limiter les dérapages...Peu importe la facon que vous userez pour vérifier la véracité de mes intentions, je m'y plierais, sans broncher...Faites donc le nécéssaire, tout ce dont vous avez besoin, pour clôturer en bonne et due forme cet entretien..."
Ses sentiments sont modifiables, un terrain de jeu pour y tester ce dont ils voulaient...Sa volonté pliable lorsque celà signifierait accomplir une mission, comme elle l'avait déjà fait à ses côtés...Son esprit maitrisable, c'était une question d'effort...Le tout gamine était de vouloir avancer...Utiliser ce foutu caractère pour toujours avancer...

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Un silence...

Il lui sourit...

" Bien, rattrapons les autres. " Il supprima la dernière trace de leurs passages puis s'avanca, elle le suivait sans rien dire...C'était trop beau pour être vrai...